Quelques nouveautés qui m’ont paru intéressantes;
Charles-Richard Hamelin – Mozart
Je ne m’étais pas aperçu qu’il avait déjà enregistré en 2020 les concertos n° 22 & 24. Charles-Richard Hamelin est un pianiste que je suis volontiers, comme par exemple pour son très beau récital Chopin.
Il propose cette fois les concertos n° 20 & 23 avec les Violons du Roy de Jonathan Cohen. Certains vont dire que c’est le mariage de la carpe et du lapin : associer un ensemble jouant sur instruments « anciens » et un piano moderne. Cela fonctionne pourtant très bien ; certes les cordes sont plus fines et les timbales et cuivres plus présents qu’à l’accoutumée, mais c’est bien joué et dirigé avec une animation qui n’empêche pas des moments très bien « chantés ». Mais surtout le pianiste joue un Mozart très clair, sans afféterie et sans romantisme déplacé non plus, bref musicalement juste. Il signe deux très belles cadences pour le n° 20.
En complément, l’Adagio et fugue, très bien fait, même si je connais des iconoclastes qui préfèreront les cordes de la Philharmonie de Berlin…
On a écouté de bout en bout ces œuvres pourtant rabachées. Très belle prise de son. Un disque Analekta.
Anabelle Berthomé-Reynolds – Bibik
Valentin Bibik (1940-2003) était un compositeur ukrainien qui fut à la fin de sa vie actif en Israël et mourut à Tel Aviv – double triste actualité. Il était un compositeur et professeur renommé. Ce CD propose ses trois sonates pour violon et piano (1988, 1995 et 1998). Si vous souhaitez écouter des musiques apaisantes ou légères, passez votre chemin. C’est une musique tantôt introvertie, tantôt expressionniste, superbement construite, écrite dans un langage moderniste.
Dès la surprenante introduction pianistique de la 3e sonate (on dirait du Kurtág pendant quelques secondes), on est pris par ce programme de bout en bout. Très bien accompagnée par le pianiste Luka Okros, Anabelle Berthomé-Reynolds nous propose une lecture aussi concentrée qu’aboutie de ces œuvres difficiles.
Un enregistrement au moins aussi réussi que son précédent consacré à Grażyna Bacewicz.
Une découverte majeure parue chez Indésens.
Ambroise Aubrun et Mireille Podeur – Bach
Les deux musiciens proposent un double album consacré aux 6 sonates pour violon et clavecin de Bach. Cette musique n’est pas forcément ma tasse de thé (quand je pense que je viens de recevoir trois nouvelles intégrales des suites pour violoncelle…) . Mais l’exécution est exquise, dans une prise de son un petit peu trop réverbérée à mon goût.
J’ai déjà fait des comptes-rendus élogieux sur Ambroise Aubrun, notamment un récent CD Éric Tanguy. Entente parfaite entre les deux instrumentistes, intonation impeccable, moments de poésie – pas de soufflets ou de gnagnaries ™ (;-) au violon. Une réussite, écoutez par exemple l’allegro de la deuxième sonate : je le redis, c’est exquis.
Un album Hortus.
Sue-Ying Koang – Vincent Bernhardt – Diana Vinagre – Parsival Castro – Torelli
Le disque commence par une « claque » : des accords acérés, assénés surprennent l’auditeur qui ne s’attend pas à ça. Il s’agit d’œuvres pour violon et basse continue, dont certaines enregistrées pour la première fois. Ce sont des musiques très variées, pleines de fantaisie où l’on perçoit souvent l’influence qu’a pu avoir la musique de Torelli sur celle de Vivaldi. Très beau jeu instrumental des musiciens réunis ici sous la houlette de Vincent Bernhardt, dont on avait beaucoup aimé ses Brandebourgeois et que l’on retrouvera encore plus bas.
Une parution Indésens.
Théo Ould – Laterna magica
On a en France pléthore de violoncellistes, organistes et pianistes talentueux (notamment bien sûr), mais c’est aussi le cas pour les accordéonistes ! J’ai déjà eu l’occasion d’entendre cet artiste au jeu impressionnant. Le titre de cet album reprend celui d’une anthologie Régis Campo parue il y a quelques années. Laquelle anthologie portait son titre d’une pièce pour accordéon reprise ici dans de meilleures conditions sonores, la maîtrise technique de Théo Ould y est bluffante et rend pleinement justice à la musique de ce ludion sensible et érudit.
Deux autres pièces de R. Campo figurent au programme : Pagamania avec bande, musique bien déjantée, et Ad Astra avec électronique bien dans la veine intersidérale du compositeur. Trois pièces du compositeur argentin Tomás Gubitsch figurent également sur cet album – pour amateurs de tango. Des transcriptions de Bach, Chosta, Granados, Mozart, Rameau et Tchaikovsky complètent cet album où deux instrumentistes à cordes sont convié, ce qui donne notamment un mouvement de sonate pour violon emprunt d’une superbe intimité sensible.
Un disque Alpha Classics.
Alla Tolkacheva – Mandoline viennoise
Il s’agit d’un programme très original de musiques écrites pour mandoline napolitaine à six cordes par des compositeurs viennois du XVIIIe siècle, composées à la cour de Coethen. Ce sont des musiques faciles d’écoute, élégantes et enjouées et aux délicieuses sonorités.
Outre deux anonymes, les noms des compositeurs G. Blesber, J.-C. Schlick ou G .Hoffmann nous sont bien inconnus aujourd’hui. Ces pièces sont jouées avec goût par la « mandoloniste », accompagnée du violoncelliste Oleguer Ayami Busqué et donc du claviériste Vincent Bernhardt que l’on retrouve ici.
Un baume pour l’oreille…
Un disque Indésens.
https://indesenscalliope.com/boutique/the-mandolin-in-vienna/
pas vu ce matin…