Journal personnel 2024

Mes occupations musicales en dehors de papiers dédiés.

25 avril – Ensemble 2e2m

Paul Méfano créa l’ensemble 2e2m en 1972 (je l’avais pris en photo lors d’un récital de Thierry Escaich à Sainte Geneviève, ici avec Régis Campo, Coline Serreau et Thierry Escaich).
Le concert passionnant donné au CRR de Paris était dirigé par son dynamique chef Léo Margue. Au programme, trois créations : Natura electrica de Giulia Lorusso, Possible places 3 de Dmitri Kourliandski, Dis de Farnaz Modarresifar, ainsi que le concerto pour violon Capprici & ragas d’Aurèle Stroë. La concert était précédé d’une présentation de ce compositeur roumain ‘1932-2008) par le compositeur Bernard Cavanna qui en ait un fervent admirateur (un peu comme Éric Tanguy avec Horatiu Radulescu). Il réalisa un documentaire à son sujet en 2002 :

Le concerto pour violon d’Aurèle Stroë était la pièce maîtresse du concert ; il était joué par la fantastique violoniste Noëmi Schindler (qui travailla avec le compositeur), avec une présence, une intonation remarquables. On peut écouter sur YT cette œuvre, dans une version moins aboutie que celle de ce concert (qui doit d’ailleurs être portée sur CD ultérieurement).
Natura electrica de l’italienne Giulia Lorusso (1990*) est pour ensemble et guitare électrique solo. Épatant Ruben Mattia Santorsa à la guitare, presque plus électrique qu’électrique avec des effets sonores stupéfiants.
Possible places 3 de Dmitri Kourliandski (1976*), compositeur russe exilé en France est une pièce pour ensemble avec harpe et accordéon solos – œuvre entêtant avec le toujours excellent Pascal Contet à l’accordéon.
Enfin, Dis de la compositrice franco-iranienne Farnaz Modarresifar (1989*), pièce magnifique (avec soprano – Marie Soubestre et elle-même au santûr), d’un extrême finesse d’alliages millimétrés.
À noter l’utilisation d’un litophone, instrument primitif en pierres qui peut prendre maintenant des formes diverses (cf.).
Une formidable soirée.

25 avril – Opéra comique

Je me faisais une joie d’aller voir un opéra pour enfant, c’était la première d’Archipel(s) d’Isabelle Aboulker,  qui a a son actif de nombreux opéras de chambre ou pour enfants. (Sur presque 10 000 opéras créés depuis 1945, près de 700 sont des opéras pour enfants – cf. : https://vagnethierry.fr/contemporary-operas.html).
Las : malgré la grande qualité de la Maîtrise populaire de l’Opéra-comique ce fut d’un ennui profond : un livret pas clair du tout, sans une once d’humour (!), une musique avec certes quelques jolies mélodies mais qui ferait passer celle de Michel Legrand pour révolutionnaire, passons. Ma mauvaise humeur s’est dissipée avec le concert du soir…

7 mars – Opéra comique

Générale hier soir avec le ballet chanté Pulcinella (1919) et l’opéra L’Heure espagnole (1907) (créé à l’Opéra comique en 1911 qui donnait le même soir que Thérèse de Massenet). 

Le décor ingénieux consistait dans un grand escalier à la Escher qui servait pour les deux œuvres.
Pulcinella proposait une chorégraphie un peu convenue, mais je ne suis pas spécialiste, l’Orchestre des Champs-Elysées était perfectible, le tout m’a semblé manqué un peu de vie et de fantaisie, mis à part les superbes effets de lumière. Impressionné par le grand volume et la qualité de la voix de la basse François Lis.
Mais après un long entracte, on s’aperçut que le plat de résistance était espagnol ; orchestre et chef – Louis Langrée – étaient à leur mieux, les cinq chanteurs épatants vocalement et bons acteurs, la mise en scène habile et très vivante, les pointes d’humour finement amenées : ce fut un grand moment.
J’ajouterai la qualité exceptionnelle du programme (Agnès Terrier). On y trouve les critiques de l’époque, comme Jean  Prudhomme : « La pièce est gaie ; la musique d’une tristesse indicible » ou les lettres de Ravel : « Comme son ancêtre direct, le Mariage, de Moussorgski, interprétation fidèle de la pièce de Gogol, l’Heure espagnole est une comédie musicale ».

4 mars – Élodie Vignon

Bonheur d’écouter un récital de la pianiste Élodie Vignon ce soir à la Bibliothèque « Mahler », sur un beau Steinway allemand de 1909, avec un superbe programme qui lui va comme un gant, notamment 2 pièces d’Albéniz, Estampes et la Fantaisie bétique. On retrouve sa vigueur rythmique dans Albéniz, son abattage dans Falla, son magnifique Debussy tout en couleurs, rythmes et imagination. La bonne nouvelle : elle m’a confié préparer au disque une intégrale Debussy !

27 février – Court-circuit

Bonheur de retrouver l’Ensemble Court-circuit de Philippe Hurel au CRR de la rue de Madrid. Au programme : 4 créations de Skylar Lim, Matias Fernandez Rosales, Marc Monnet et Bruno Mantovani.
Il volo degli angeli (Lim) est une pièce inspirée par les anges, leur vol notamment, dont on a pu apprécié la beauté des timbres proposée.
Vertiges suspendus (Rosales) est une pièce très prenante, l’orchestre de chambre sonne comme un organisme avec parfois comme des effets de houle.
Jeux étranges  (Monnet) est ludique, avec de longues cadences pianistiques, percussions variées et bois exotiques : on ne s’ennuie pas…
Le Concerto de chambre n°4 (Mantovani) eut un grand succès avec comme fil conducteur le hautbois d’Hélène Devilleneuve, toujours magistrale.
Une très belle soirée avec des merveilleux musiciens dirigés comme à l’accoutumée par l’impliqué et précis Jean Deroyer.
Ci-dessous les photos des saluts des compositeurs (j’étais assez mal placé).

 
8 février – Salonen

2e concert de l’OdP avec Salonen. Après une orchestration assez kitch d’une Fantaisie et fugue de Bach par Elgar, on proposait ses Sea pictures en première partie. Nina Stemme, empêchée, était remplacée par Dame Sarah Connolly. Je n’étais pas mal placé au premier rang du premier balcon, mais je ne pouvais même pas suivre avec le texte tellement on ne l’entendait guère… la faute à l’acoustique pour une fois perfectible de la Philharmonie. 
En 2e partie, après un Ragtime un peu potache d’Hindemith, sa Symphonie « Mathis le peintre ».  Il me semble avoir lu il y a longtemps que l’enregistrement des Métamorphoses symphoniques de Salonen reprenait à la seconde près les tempi du fameux enregistrement dans les années 50 de Kubelík à Chicago. [Ce dernier, interrogé par DG dans le cadre d’une opération marketing « les artistes DG élisent leur disque préféré d’un autre artiste DG », fur bien embêté pour répondre : il n’écoutait pas de disque et cita juste Zukerman qu’il venait de diriger]. Les musiciens ont maintenant accès à de très nombreuses interprétations du passé, mais ils doivent bien sûr toujours étudier et assimiler les partitions. C’était le cas hier soir, ce fut dirigé avec une totale maîtrise et l’orchestre était magnifique – un must qui me fait ma semaine…

6 février – Pianistes sans zik

C’est toujours un mystère : comment des pianistes disposant d’une technique hors norme n’arrivent pas à produire une minute de musique.  Ce fut le cas récemment – on est souvent subjugué par certaine pièce de Liszt et l’on se trouve tout d’un coup comme devant un film de Tex Avery.  J’en connais d’autres dans le même cas. Qu de récitals où je suis parti à l’entracte entouré d’applaudissements très nourris devant tant d’abattage… vain.

1er février – Salonen

Je vais rarement à la Philharmonie ; celle-ci n’invite pas les blogueurs, même pour les générales et même pour les concerts de l’EIC : il doit y avoir pléthore de journaleux traitant de la musique contemporaine… Heureusement ma chère moitié m’offre pour Noël quelques billets à des concerts de son choix. Hier l’OdP était dirigé par Esa-Pekka Salonen. En première partie, une curieuse idée : intercaler des Préludes de Debussy entre les mouvements des Images : on a du mal à voir le lien entre celles-ci et la Cathédrale engloutie ou la Sérénade interrompue, un peu plus avec la Puerta del vino. Jean-Yves Thobaudet y était impeccable – il faisait bien sûr partie des pianistes qui m’avaient intéressé dans ma comparaison de 160 cathédrales. Grosse déception pour les Images : c’était techniquement parfait mais on aurait aimé des couleurs, du caractère, des rythmes et des accents plus marqués et moins de tunnels (le problème c’est que l’on a toujours dans l’oreille Monteux, Stoko ou Tilson).
Suivait par contre une très belle Fantaisie de Debussy où cette fois on avait des couleurs, un flux musical continu – grand succès pour Thibaudet.
Enfin les Noces de Stravinsky – avant le concert, je m’étonnais qu’on n’annonce pas les noms des quatre pianistes :  c’est qu’il n’y en avait pas : encore une idée curieuse d’EPS de faire appel à un compositeur (Steven Stucky) pour réaliser une transcription pour orchestre seul. On y perd la sécheresse inhérente à la version originale (je viens de recevoir une bande d’un concert de Kubelík à Munich en 1962 avec notamment les Kontarsky : c’était bien sûr une toute autre image musicale et on manquait hier la magie de la toute fin). J’avais assisté il y a longtemps à une répétition par Boulez de ces Noces avec il me semble bien ce même chœur de l’Orchestre de Paris ; à un moment Boulez demande : « la 3ème au 2e rang : dehors ! ».
Prestation remarquable de ce chœur hier, notamment côté féminin (problème de tous les chœurs : « on cherche des basses » !). Solistes corrects mais le chœur donc, l’orchestre et la direction était magnifiques. Un dessin animé (Hillary Eben) était projeté sur grand écran : une noce de mille-pattes et d’insectes dans des tuyauteries de salle de bains, avec parfois les paroles figurant sur un rouleau de pq… C’était pourtant aussi fun que réussi et adapté.

 

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