Nouveautés novembre 2024


Récital de la soprano Aleksandra Kurzak

Non, ce n’est pas le visage de la soprano polonaise Aleksandra Kurzak qui figure sur la pochette, mais une figuration de Cornélie Falcon (1814-1897), une cantatrice presque aussi célèbre en son temps que Pauline Viardot ou la Malibran .

Elle a d’ailleurs donné son nom à l’appellation « soprano falcon », sorte de mezzo pouvant monter haut dans les aigus. Sa voix la lâchera à vingt-huit ans – elle ne mourra qu’à quatre-vingt trois ans.
Son répertoire, dont est issu ce programme comprenait Mozart et Beethoven, mais aussi ses contemporains : Meyerber, Spontini, Halevy, Weber, Berioz ou Rossini, ainsi qu’un compositeur bien oublié aujourd’hui (sauf son nom – l’École Niedermeyer) : le franco-suisse Louis Niedermeyer (1802–1861), avec un extrait d’un de ses opéras, Stradella – le récit et air « Ah : quel songe affreux » est de toute beauté – une découverte.

Alexandra Kurzak a une voix idéale pour interpréter ce répertoire « à la Falcon ». Ses grandes qualités confèrent d’ailleurs une vie prenante à ces enregistrements de studio. L’entente avec l’orchestre (le Morphing Chamber Orchestra de Vienne et le chef libano-polonais Basem Akiki) est tout à fait remarquable, avec de plus une très bonne prise de son.

Un grand disque, recommandé – Aparté


Rimsky-Korsakov & Sergei Bortkiewicz par Etsuko Hirose

Il existe déjà d’assez nombreuses transcriptions de Sheherazade pour le piano. Etsuko Hirose a réalisé la sienne et on se demande d’ailleurs si elle n’en a pas réalisé une autre pour quatre mains (cf. vidéo ci-dessous en duo avec le chef d’orchestre Frédéric Chaslin). 

Sa transcription est à l’image de son interprétation : retenue et poétique. 
Sergei Bortkiewicz (1877-1952) fait partie des compositeurs néo-romantiques – sa suite « Thousand and one nights » date de 1927 – Arnold, dont on fête cette année le 150e anniversaire de la naissance) était effectivement né en 1874… Une jolie musique, gentiment évocatrice.

Ce programme, interprété avec autant de maîtrise que de sensibilité, est paru  chez Danacord.


Jean-Louis Beaumadier joue les concertos pour flûte de Mozart au piccolo

On peut s’étonner qu’il n’existe pas de nom pour le joueur de piccolo, comme un flûtiste, un hautboïste, etc. On peut d’autre part avoir une certaine crainte devant ce programme : les concertos de Mozart ne vont-ils pas sonner un peu « flûtiaus » ? C’est mal connaître notre Paganini du Piccolo ! (en cherchant l’adresse de son site, je m’aperçois qu’un certain Rampal l’avait déjà faite celle-là !).
Il les a joués déjà à la flûte (il existe un vieil enregistrement du côté de Marseille) et voilà qu’il nous fait croire que son instrument est une vraie flûte !
On est baba devant la technique, la sonorité (tenir les notes dans un souffle comme si c’était facile).
En plus, on a l’impression de ne quasiment jamais écouter ces œuvres alors qu’on les connaît par cœur en fait et que l’on a l’impression de « rentrer à la maison » : un vrai bonheur.
L’orchestre n’est peut-être pas le plus beau des orchestres de chambre, mais il est dirigé par l’excellent Vahan Mardirossian (cf. l’article sur leur précédent CD).

Un disque solaire paru chez Skarbo.


Haydn, Benéteau par le Quatuor Girard

Le programme, la tenue des instrumentistes devant un édifice religieux, l’éditeur Bayard musique, pas de doute, on est dans la chrétienté. 

J’avais toujours été frappé par la qualité des Sept dernières paroles de Haydn par le quatuor Pražák. Voici une nouvelle et très belle version par le Quatuor Girard (cf. précédent papier les concernant).
Les mouvements sont intercalés par des lectures du philosophe Martin Steffens. Le deuxième CD est consacré aux Septs paroles de la Vierge d’Alexandre Benéteau. Sa biographie indique qu’il est « imperméable aux diktats de l’avant-garde »… C’est bien écrit, inspiré, on dirait presque du Haydn.

Un disque plutôt pour croyants de cet excellent quatuor. Bayard musique