Encore un bien bel exemple des qualités éditoriales – forme et fond – des éditions Symétrie.
Les auteurs ont entrepris à partir des écrits de Messiaen et bien au-delà de dresser un inventaire des techniques d’emprunt d’Olivier Messiaen. Tout compositeur s’inspire consciemment ou inconsciemment des partitions anciennes ou contemporaines de ses collègues, je me rappelle ainsi dire à untel : « mais il y a du Roussel là ! » : réponse : « ma fois peut-être bien ». A tel autre, « mais ces deux mesures, c’est repris de la Turangalîla ! » : « ça jamais, je ne supporte pas cette œuvre ! ».
On disait bien de Stravinsky qu’il était incapable de créer une mélodie de son cru… Pour Messiaen : « […] (il) s’est forgé une technique d’emprunt, véritables méthode de composition irriguant toute sa production ». Cela me rappelle mes entretiens avec Christine Jolivet Erlih, la fille d’André Jolivet : « Symétrie doit éditer un ouvrage qui montrera tout ce que Messiaen doit à mon père », ou bien une master classe de Jay Gottlieb qui montrait tous les emprunts faits à la Valse oubliée de Liszt, jusqu’à la Turangalîla…
Les emprunts sont tellement nombreux et variés, traqués par les auteurs de l’ouvrage : chants hindous, chansons traditionnelles, jusqu’à pratiquement tous les compositeurs, Jolivet effectivement à leur tête…
Par exemple, L’Amen des anges des Visions de l’Amen avec des emprunts à Petit Poucet de Ravel, Cloches à travers les feuilles de Debussy ou une chanson russe… ou Turangalîla I : Jolivet par deux fois, Le tombeau de Couperin, et.
Qu’il s’agisse de tournures mélodiques ou rythmiques, le tout est « transfiguré » par Messiaen pour devenir sa propre musique et intégré à son langage.
Un livre musicologique qui nécessite au moins de le poser sur le pupitre du piano pour comparer orignaux et transcriptions.
L’emprunt en musique est une « technique » bien connue, que l’on retrouve d’ailleurs dans tous les genres musicaux.
mais là c’est un vrai système !