Les Chantefleurs de Jean Wiener : Soprano ou Quat’ Jeudis ?

Quelle belle pochette et quel beau disque.  Au programme :
Jean Wiéner – Les Chantefleurs
Darius Milhaud – Catalogue de fleurs
Erik Satie – Les Fleurs
Arthur Honegger – Nature morte
Lili Boulanger – Deux Ancolies
René de Buxeuil – L’Âme des roses

Les Chantefleurs se composent de 50 petites pièces sur des poèmes de Robert Desnos. Lors de la parution de l’enregistrement de la chanteuse et comédienne Edith Stockhausen avec le compositeur au piano, Darius Milhaud écrivait : « Les Chantefables et les Chantefleurs de Robert Desnos sont d’une fantaisie et d’une poésie remarquables. Jean Wiener était le compositeur le plus indiqué pour le mettre en musique, car il est doué des mêmes qualités. Chacun de ces petits morceaux a sa propre physionomie et le sceau du musicien complète celui du poète… ».

En 1954, Jean Wiener réenregistrait ces Chantefleurs dans un arrangement réalisé par un groupe de quatre chanteurs, les « Quat’ Jeudis » (style Frères Jacques). Depuis, ce recueil n’a été enregistré qu’au travers de quelques anthologies (notamment une version pour baryton).
Si l’on eut apprécier la gouaille bien d’époque des Quat’ Jeudis, on ne peut être qu’absolument charmé par l’interprétation de Mélody Louledjian. Dans un tempo globalement plus lent, elle caractérise finement chacune de ces fleurs, tant dans la poésie que l’humour (parfois un peu lourd, comme Renoncule, noncule, noncule…). Cette soprano – qui pratique aussi bien l’opéra de répertoire, l’opérette que la musique contemporaine – déploye un timbre à la fois pur et coloré ; elle est de plus fort bien accompagnée par Antoine Palloc au piano.

Suivent sept petites pièces de Milhaud, d’un ton plus grave. Ancien jardinier et amateur de fleur je connaissais ces presque 60 fleurs, sauf une : le Brachy(s)come, de la famille des asters.
Pour compléter le « bouquet », après une petite mélodie de Satie, une d’Honegger : on a l’impression d’un disque sur le Groupe des Six ! Comme vis-à-vis de ce groupe, Honegger apparaît bien sérieux (cf. le récent livre de Pierre Brévignon).
Outre une courte mélodie de Lili Boulanger, le programme se termine par une mélodie de René de Buxeuil, de son nom de naissance Jean-Baptiste Chevrier, compositeur et chansonnier aveugle, pièce d’une jolie facture, un peu Caf’conc à la Satie.

Un disque enchanteur.

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