Improvisations de Jean-Pierre Leguay

Les Éditions Hortus proposent un « tir groupé » d’improvisations de Jean-Pierre Leguay en trois CDs, à l’orgue et au piano – en solo et à deux pianos avec Samuel Liégeon.

Jean-Pierre Legay est organiste, compositeur et improvisateur.  La France est en quelque sorte la patrie des organistes improvisateurs, de Vierne, Cochereau à Escaich et donc Leguay (ici une liste d’improvisateurs à l’occasion de la Nuit de l’improvisation à Saint-Eustache en 2021). Jean-Pierre Leguay (1939*) a été élève notamment d’André Marchal de Gaston Litaize ou de Rolande Falcinelli pour l’orgue et d’Olivier Messiaen pour la composition. 

Les improvisations à l’orgue ont été enregistrées sur celui de Notre-Dame de Paris de 2005 à 2013, orgue dont il a été titulaire de 1985 à 2015.  Certaines de ces improvisations sont basées sur des thèmes grégoriens, d’autres sont libres.  Comme pour le CD d’improvisations au piano, les titres des morceaux ont été bien sûr donnés a priori. Si certains comme Thierry Escaich sont très réticents à voir leurs improvisations ainsi gravées, ce n’est donc pas le cas ici et je trouve cela heureux. On a accès ainsi à de la musique plus qu’intéressante, en tous cas pour les amoureux de l’instrument comme moi. On notera la présence de certaines pièces atonales (« Vocalise ») ou d’autres à la registration très originale (« Aube« ) d’une puissance sonore réjouissante (« Alternances« ).

Comme Thierry Escaich encore une fois (improvisation ébouriffante entendue il y a quelques jours, sur une chanson de Charles Trenet, son prédécesseur à son fauteuil de l’Académie des beaux-arts), Jean-Pierre Leguay est également un pianiste accompli.  Souvent atonales, les improvisations de ce deuxième disque sont bien sûr hors contexte liturgique. Comme l’indique l’auteur, elle font souvent référence à des tournures de compositeurs anciens (« Au souffle des cloches) ; le discours est un peu plus sévère que dans les improvisations pour orgue, mais que de musique et d’inventivité !

Le troisième CD est à deux pianos avec la participation de Samuel Liégeon, pianiste, organiste, compositeur et peintre, enregistré sur deux pianos  Stephen Paulello. On est ébloui par la technique et la virtuosité déployées (on n’entend pas non plus un seul accroc dans les deux précédents disques).  Ce sont en général des pièces relativement courtes, parfois inspirées par la littérature, comme « je crois que j’ai dormi parce que je me suis réveillé avec des étoiles sur le visage » de Camus, parfois par des compositeurs du passé (l’inventive évocation sur Debussy).

Trois disques passionnants, je recommanderais de commencer par les improvisations à l’orgue.

Éditions Hortus. CD1CD2CD3

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