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Musique classique

Schumann – Piano concerto op. 54 – Discographie – Discography

Schumann – Piano concerto op. 54 – Discographie – Discography

Nous reprenons après une longue interruption nos « discographies » comparées avec mon frère Bernard Vagne (B) et mon beau-frère Karim Ouchikh (K), toutes sur des œuvres où l’on retrouve Kubelík, site Web oblige… « Discographies » entre guillemets, l’apparition de Qobuz permettant d’élargir nos discothèques déjà bien pourvues.

Une trentaine de versions étaient proposées pour le 1er mouvement, après un « écrémage » (B) de versions qui ne semblaient pas pertinentes – malgré l’aura de certaines – par exemple : Katchen/Kertesz, Peraya/Davis et une des pires, Argerich/Harnoncourt, avec en plus certaines raretés amenées par K. Malheureusement, mon classement erratique de CD de concerts ne m’a pas permis d’apporter Firkusny / Kubelik et Arrau / Kubelik à Cologne…

Les enseignements que l’on tire de cette – longue – confrontation sont que l’œuvre est merveilleuse, que l’interpréter correctement est décidément bien difficile et que les femmes s’en sortent bien : on a préféré dans l’ordre : Argerich / Rabinovitch, Arrau / Kubelik, [Annie] Fischer / Keilberth, Schnabel / Monteux et Pires / Abbado.

On a regretté d’avoir dû abandonner Cortot après le 2e mouvement, été abasourdis par l’audace d’Argerich dans le 1er, époustouflés par le piano d’Arrau, immense, et cela nous permet de rendre hommage à la très grande pianiste Annie Fischer, trop méconnue.

Résumé de la confrontation : 

Le début de la version Arrau / Kubelík / New York – 1968 :

We take again after a long interruption our compared listenings with my brother Bernard Vagne (B) and my brother-in-law Karim Ouchikh (K), all on works where one finds Kubelík, Web site obliges…

About thirty versions were proposed for the 1st movement, after some filtering (B) of versions which did not seem relevant – in spite of their fame – for example: Katchen/Kertesz, Peraya/Davis and one of the worst, Argerich/Harnoncourt. Unfortunately, my erratic CD classification of concerts did not enable me to bring Firkusny/Kubelik and Arrau/Kubelik in Köln…

The lesson which one draws from this – long – confrontation is that this work is marvelous, that to interpret it correctly is definitely quite difficult and that the feminine pianists are at ease with this work: we preferred in order: Argerich/Rabinovitch, Arrau/Kubelik, [Annie] Fischer/Keilberth, Schnabel/Monteux and Pires/Abbado.

We regretted having had to give up Cortot after the 2nd movement, astonished by the audacity of Argerich in the 1st, puzzled by the piano of Arrau, immense, and that enables us to pay homage to the great pianist Annie Fischer, too much ignored.

Resume: 

Beginning of Arrau / Kubelik / New York – 1968:

Berlioz Requiem – Sir John Eliot Gardiner

Festival de Saint-Denis - Berlioz - Requiem - John Eliot Gardiner
Festival de Saint-Denis – Berlioz – Requiem – John Eliot Gardiner
Après Daniel Harding, la semaine dernière, c’était cette fois Sir John Eliot Gardiner CBE FKC qui officiait hier soir à Saint-Denis. N’étant pas un fan des baroqueux et particulièrement pas de ses interprétations à l’ancienne du répertoire romantique, on était a priori content que ce soient les forces de l’Orchestre National de France qui soient réunies ce soir-là, avec l’appui du Monteverdi Choir.

Ce gentleman farmer anglais (95 têtes de vaches !) me faisait irrésistiblement penser au grand Duduche de Cabu… mais sa gestique claire et élégante nous a donné un superbe concert dans cette œuvre de 1837 finalement assez rarement donnée compte-tenu des effectifs requis.

Passons rapidement au débit. 
On avait regretté la disposition du chœur dans Schubert par Harding, cette fois c’était pire : il était logé sur une estrade inclinée loin derrière l’orchestre, Monteverdi choir au premier plan, chœurs de Radio France derrière, si bien que dans de nombreux passages, l’orchestre, très bien sonnant d’ailleurs, le couvrait presque complètement (ce qui n’apparaîtra certainement pas dans l’enregistrement). 

On n’avait pas réécouté l’œuvre depuis des années, bercé dans notre jeunesse par la version Colin Davis – et regrettant alors de ne pas avoir les moyens d’acquérir la version Munch… Ceci pour dire que l’amateur peut voir son appréciation d’un concert brouillée voire annihilée par des plaisirs musicaux solitaires répétés… On a trouvé quand même que le Rex tremendae étant vraiment trop rapide et que le Lacrymosa n’était pas assez « posé ».

Mais au global  ce fut un vrai bonheur, ne serait-ce que d’entendre de vrais bons ‘décibels’ – Tuba mirum – non déformés ou compressés par un appareil de reproduction. Les interventions du Monteverdi choir sont proprement sidérantes : les Heifetz ou Rachmaninov du chœur !

Mention spéciale pour le Sanctus merveille d' »antiphonie » avec le – très bon – ténor Michael Spyres situé tout en haut devant l’orgue, la batterie à gauche, l’orchestre au centre et le chœur au fond.

(ajoutons en guise de clin d’œil que Sir John déclarait dans une interview du début de l’été à Diapason que les Jeux de Londres seraient une catastrophe totale…)

After Daniel Harding last week, Sir John Eliot Gardiner CBE FKC was conducting yesterday evening in Saint-Denis. Not being a fan of “baroque” interpretations and particularly not of his interpretations of the romantic repertory, we were happy to know that the forces of the National Orchestra of France were invited this evening, with the support of Monteverdi Choir.

This gentleman English farmer (95 cows!) showed a clear and elegant gesture and gave us a superb concert in this work of 1837.

One had regretted the setting of the chorus in Schubert by Harding, this time it was worse: it was placed on a far tilted rostrum behind the orchestra, Monteverdi choir in the foreground, Radio France choruses behind, so that in many passages, the orchestra, very well sounding besides, covered it almost completely (balance will certainly be corrected during the recording edition).

We hadn’t listened to this work for many years, rocked in our youth by the Colin Davis version – and then regretting not having the means of acquiring the Munch version… This for saying that the amateur can see his appreciation in a concert scrambled or even destroyed by repeated solitary musical pleasures… I found nevertheless that the Rex tremendae was really too fast and that Lacrymosa was not “posed” enough.

But in the global it was a true happiness, especially to listen to big and beautiful sound – Tuba mirum – not deformed or compressed by a reproduction device. The interventions of the Monteverdi choir are properly striking: they are the Heifetz or Rachmaninov for the chorus!

Special mention for the Sanctus: a wonder of “antiphonal” with the – very good – tenor Michael Spyres located in the air in front of the organ, the battery on the left, the orchestra in the center and chorus far away.

(let’s add as a joke that, in an interview to Diapason at the beginning of the summer, Sir John declared that the London Olympic Games would be a complete catastroph…)

Poor definition :

Daniel Harding – Schoenberg – Schubert – Festival de Saint-Denis

On était un peu inquiet à l’approche de ce concert : les quelques enregistrements que l’on avait pu entendre de ce jeune chef laissaient sans voix (Brahms à Brême…), on savait aussi qu’il s’était fait éconduire par les musiciens de l’orchestre de l’Opéra de Paris ; en outre, on ne voyait pas bien le lien entre La Nuit transfigurée [1. Rappelons l’argument : une promenade nocturne d’un couple amoureux dont la femme avoue qu’elle attend un enfant d’un autre. Son amant acceptera l’enfant et les deux s’en iront lors d’une nuit transfigurée.] et une messe de Schubert, ni surtout comme La nuit allait sonner dans cette acoustique de hall de gare.

Bravo tout d’abord à l’orchestre philharmonique de Radio-France (et au Chœur de Radio France pour Schubert) ; mis à part un accident au milieu de La Nuit, les cordes étaient fort belles et montraient une évidente cohésion. On aura été moins emballé par l’interprétation : çà faisait un peu ‘Elgar’ – c’est un peu facile vis-à-vis d’un chef anglais – et manquait pour moi « d’expressionnisme ». De très beaux moments tout de même.

La Messe en mi bémol majeur D. 950 de Schubert nous est bien connue, l’ayant entendu  déjà lors de ce même festival par Chung (bof) et Muti (mieux)… À l’évidence, Harding est un excellent chef de chœur. À ce propos, choix ou contrainte due au manque de profondeur de la « scène »,  on est assez gêné par la disposition du chœur, répartissant les tessitures de l’avant vers l’arrière au lieu de la gauche vers la droite. Cela donne une impression de saturation dans les forte (et dans les quelques fortissimi imprimés par le chef qui ne paraissaient guère justifiés). Il manquait juste une présence plus affirmée de l’orchestre : le chef demandait constamment aux cordes de « réduire », celles-ci jouant de plus avec un vibrato minimaliste. Passons sur les solistes : leur partie est réduite et ils étaient juste devant le chœur, donc bien loin dans cette acoustique.

On peut en voir l’enregistrement (dans un meilleur son que sur place !) ici.

Conclusion : un concert de belle facture, un chef à suivre, même si on a quand même manqué d’émotion ce soir-là.

This was our first concert conducted by Daniel Harding – we were a little apprehensive, considering for example his Brahms recordings, or the fact he had been rejected once by The Paris Opera’s orchestra musicians. Besides, we didn’t see any link between one of Schoenberg’s first major works and one of Schubert’s last ones – how the Transfigured Night would sound in this kind of train station acoustic.

Congratulations first to the Orchestre philharmonique de Radio-France (and then to the Chœur de Radio France), a little accident in the middle of The Night apart. Superb strings, but the performance for us was lacking of expressionism and overall structure; beautiful moments anyway.

We have already heard twice a Schubert Mass in Saint-Denis: once with Chung – so so – and another time by Muti (much better). Harding appeared as an excellent chorus conductor. Was it a choice or due to the stage lacking of depth, but instead of having sopranos to basses divided up from left to right, women were spread on the entire first row, men behind ; this gave in my opinion some sound saturation in the forte (moreover in some fortissimo which didn’t appear really justified). From our seats, the orchestra wasn’t playing loud enough – Harding asking permanently the strings to ‘reduce’ and their vibrato was really minimalist.

We won’t speak about the soloists, since their part is somewhat reduced and they stood just before the choir, so we didn’t hear them enough (they sound indeed much better on the video).

To conclude, a good concert, a conductor to follow, even if we lacked a little of strong musical emotions.

 

Daniel Harding - Festival de Saint-Denis
Daniel Harding – Festival de Saint-Denis

 

Witold Lutoslawski – Orchestral – Brilliant

 

Variations symphoniques – Symphonic variations – 1938
Symphonie nº 1 – 1947
Concerto pour orchestre – 1954
Musique funèbre pour orchestre à cordes – Music of mourning – 1958
Postlude n° 1 – 1960
Jeux vénitiens – Venetian games – 1961
Trois Poèmes d’Henri Michaux – 1963
Paroles tissées – 1965
Symphonie nº 2 – 1967
Livre pour orchestre – 1968
Préludes et fugue pour cordes – 1972
Mi-parti pour orchestre – 1976

Une aubaine que ce coffret de 3CD à prix modique (moins de 10 € – mais il n’apparaît plus au catalogue Brilliant), sous la direction évidemment autorisée – et excellente – du compositeur, le tout dans de superbes conditions sonores, qui nous offre un large panorama de sa musique orchestrale jusqu’à 1976 ; surtout une occasion de s’aventurer sans mal dans la musique du XXe siècle en partant d’un idiome type Szymanowki (Variations symphoniques) ou Bartók (Concerto pour orchestre). On commentera dans l’ordre des CD proposés.Les Variations symphoniques, déjà, sont un vrai chef d’oeuvre : c’est construit, raffiné, beaucoup de ‘drive’ et d’atmosphères ; on a parlé des influences de Szymanowski, du premier Stravinsky, on pourrait ajouter Roussel, mais c’est en fait déjà très personnel.

La 1ère symphonie (composée 3 ans après la 5e de Prokofiev, cela s’entend … et à peu près en même temps que la Turangalîla) est dans un style assez motorique, avec un 1er mouvement à l’orchestration assez chargée. Le tout parait un peu trop bien découpé, métronomique, voire simple, mais au moins c’est très vivant.

La Musique funèbre pour cordes est dédiée à la mémoire de Bartók, elle n’est pas plagée ici alors qu’elle comprend 4 mouvements : PrologueMétamorphoses, Apogée, Épilogue. On a écrit que c’était sériel, çà parait curieusement consonant, que c’est aussi contrapuntique que la Musique pour cordes, alors que çà parait presque simpliste en regard. Mais c’est sonnant et il y a une certaine atmosphère, notamment à la fin de l’oeuvre.

La 2e symphonie, de 1967, qui vit son 2e mouvement créé par Pierre Boulez en 1966, est en 2 mouvements : Hésitant et Direct. Le premier est très original, sa forme rondo permettant d’illustrer cette hésitation par une série d’épisodes aux alliages sonores recherchés, grâce notamment à la harpe, au piano, au célesta et à une percussion abondante et variée – des mondes sonores envoûtant – on pense parfois à certaines scènes des films de Tarkovsky. Le 2e mouvement est aussi très original, avec tantôt ses masses de cordes mouvantes, ses rythmes ‘élastiques’ ; on est loin des barres de mesure de la 1ère et quelle évolution du langage en 20 ans ! Si ce n’est qu’ils sont suivis de la reprise du début du mouvement aux cordes graves, les derniers accords font un peu le même effet que les 6 accords concluant la 5e de Sibelius…

Le Concerto pour orchestre est sans doute l’œuvre la plus connue du compositeur. Il est en 3 mouvements : IntradaCapriccio notturnoPassacaille toccata choral & final. Contrairement à ce que l’on a pu lire, c’est quand même très influencé par l’oeuvre homonyme de Bartók, écrite 11 ans plus tôt. Cela ne l’empêche pas, dans son idiome de folklore également réinventé, de présenter nombre de traits caractéristiques du compositeur, par exemple l’adéquation parfaite des sonorités instrumentales au discours. N’était nous semble-t-il une moindre sophistication harmonique, il pourrait surpasser l’œuvre de feu son collègue hongrois. Le Finale est un tant soit peu redondant.

Jeux vénitiens : (car créés à Venise) C’est un langage nettement plus moderne, [toujours avec piano – il faudrait bien écrire un papier sur l’usage du piano dans la musique symphonique du XXe siècle] ; l’auteur aurait déclaré que c’est à partir de cette pièce qu’il s’estimait être parvenu à la maturité et effectivement on assiste à l’apparition d’un nouveau langage. C’est supposé un peu aléatoire, un ‘gimmick’ des années 60 qui a complètement disparu. Le dernier des 4 mouvements, avec un passage « à la Varèse » est superbe d’énergie.

Livre pour orchestre : ici encore que d’inventions sonores (ici encore les parties de piano nous paraissent manquer de brillant) ;  ce qui frappe le plus est cette espèce de magma orchestral grouillant : il se passe toujours quelque chose chez Witold ! On imagine bien l’exigence que cela représente pour les instrumentistes.

Je commenterai peut-être le 3e CD plus tard…

A real windfall this box of 3CD (less than 10 € – but it doesn’t appear on the Brilliant site anymore), under the obviously authorized direction – and excellent – of the composer, with superb sound conditions: it offers a broad panorama of his orchestral music up to 1976; especially an occasion to venture without too much discomfort in the music of the XX century starting from an idiom like Szymanowki (Symphonic Variations) or Bartók (Concerto for orchestra). We will comment following this edition’s order.The Symphonic Variations are already a masterpiece: it is refined, plenty of “drive” and atmospheres; we can note influences of Szymanowski, the first Stravinsky, one could add Roussel, but it is in fact already very personal.

The 1st symphony (written 3 years after Prokofiev 5th, which can be pointed out… and about at the same time as the Turangalîla) the style is rather motoric, 1st movement showing a rather loaded orchestration. The whole appears a little too well cut out, metronomic, even simple, but at least it is very much alive.

The Funeral Music for strings is dedicated to the memory of Bartók, it is not ranged here whereas it includes 4 movements: Prologue, Metamorphoses, Apogee, Epilogue. One wrote that it is serial, though it appears curiously consonant, that it is as contrapuntal as the the Music for strings, whereas that appears almost simplistic in glance. But it is sounding and there is a certain atmosphere, in particular at the end of work.

The 2nd symphony, 1967, which saw its 2nd movement created by Pierre Boulez in 1966, is in 2 movements: Hesitating and Direct. The first is very original, its form rondo making it possible to illustrate this hesitation by a series of episodes to sought sound alloys, thanks in particular to the toothing-stone, the piano, the celesta and of an abundant and varied percussion,  one thinks sometimes of certain scenes of films byTarkovsky. The 2nd movement is also very original, with sometimes its masses of moving cords, its rates/rhythms “elastic”; one is far from the 1st and what a language evolution  in 20 years!

The Concerto for orchestra is undoubtedly the most known work of the composer. It is in 3 movements: Intrada, Capriccio notturno, Passacaille toccata choral & final. As opposed to what one could read, it nevertheless is very influenced by the homonymous work of Bartók, written 11 years earlier. That does not prevent it, in its idiom of also reinvented folklore, to present a number of features characteristic of the composer, for example the perfect adequacy of instrumental sonorities to the speech. Seems he was not us a less harmonic sophistication, he could exceed the work of fire his Hungarian colleague. The Finale is so much is not very redundant.

Jeux vénitiens (created in Venice) and Livre pour orchestre – really modern pieces, most enjoyable : the 4th movement of Jeux and the final part of the Livre.

I may comment the 3rd CD later…

 

Franz Schreker – Brilliant classics

S’il est un compositeur autrichien mal connu – en France tout du moins – c’est notamment Franz Schreker (1878-1934). Franz Schreker (1878-1934) is still not very well known outside Austria or Germany. Jew of birth, he will know the greatest honors (Academy of Vienna, Director of the Berlin Academy in 1920 with such professors as Paul Hindemith, Artur Schnabel and Arnold Schoenberg… After being dismissed of all his functions in 1933 by the Nazis, he dies (fortunately?) in 1934, at 56.

Juif de naissance, il connaîtra les plus grands honneurs (Conservatoire de Vienne, Directeur du Conservatoire de Berlin en 1920 avec comme professeurs nommés alors, des pointures telles que Paul Hindemith, Artur Schnabel et Arnold Schoenberg… Après avoir été démis de toutes ses fonctions en 1933 par les nazis, il meurt (heureusement ?) en 1934 à 56 ans.

Il connaîtra de grands succès publics avant la stigmatisation de l’extrême-droite des années 30.

Brilliant classics reprend ici des prises qui permettent de faire un tour rapide  de sa production (rien de ses nombreux opéras bien sûr) sous la direction apparemment très érudite du chef d’orchestre et pédagogue Peter Gulke, avec les orchestre et chœur de Cologne. Il est évidemment scandaleux que « l’éditeur » ne mentionne pas l’origine des ‘bandes’ ni la date d’enregistrement.

Certes, c’est de la musique « Zemlinsko-Mahlero-Straussienne », plutôt dans cet ordre, mais on trouvera dans cette boîte de 2 CD à prix modique de quoi titiller l’oreille du mélomane non réfractaire à une certaine ambiance fin de siècle, mais pas « décadente » pour autant : on a toujours l’impression d’une nostalgie nazi quand on voit qualifier ainsi la Vienne du début du XXe siècle (Klemperer, Hindemith ou Schoenberg, par exemple, décadents ?).

On ne va pas rentrer dans le détail (cf), et on passera sur une Symphonie n°1 un peu laborieuse. On trouvera surtout quelques chefs d’œuvres : et d’abord la participation de Gert Westphal comme narrateur, ‘sprechgesanger’ plutôt, notamment dans Das Weib des Intaphernes, œuvre très prenante même quand on ne comprend comme moi qu’un mot sur quatre (pas de livret évidemment) ; un récitant épatant, parfois un peu façon Ustinov : on n’a pas de souvenir à part Pierrot lunaire d’un mélodrame où l’intégration voix-musique est si réussie. Autres moments fort : 5 Gesange par l’excellente soprano Mechtild Georg et le Psaum 116, très Requiem de Brahms et 8e de Mahler.

N’hésitez pas vu le prix – si vous n’êtes pas germanophobe, vous le réécouterez…

He will meet be great public successes before the stigmatization of the extreme-right in the Thirties. Brilliant classics in this 2 CD set presents examples of his production (nothing about his numerous operas of course) under the conductor and pedagogue Peter Gulke, with the Cologne orchestra and chorus.

Besides a so-so Symphony n°1, some great works: first the participation of the great Gert Westphal as narrator, `sprechgesanger’ rather, in particular in Das Weib of Intaphernes, a very fascinating piece (but no booklet…). Other strong moments : 5 Gesange by the excellent soprano Mechtild Georg and the Psaum 116, very Requiem of Brahms and 8th of Mahler like. Do not hesitate considering the price – if you are not Germanophobe, you will go back to it…

 

Don Giovanni – Philippe Jordan

Philippe Jordan - Mozart - Don Giovanni - Opéra de Paris

On a eu la chance d’être invité hier soir à une représentation de Don Juan dirigée par Philippe Jordan, car cela a permis d’écouter enfin ‘en live’ ce jeune chef de 37 ans que nous avions eu le bonheur de rencontrer brièvement il y a quelques semaines. Je ne pus m’empêcher alors de lui faire le parallèle entre lui et Rafaël Kubelík, qui le fit sourire : tous deux fils de grands musiciens (le chef Armin Jordan et le violoniste Jan Kubelík), tous deux citoyens suisses, chefs d’orchestre internationaux, compositeurs et grands pianistes…
S’il est connu principalement en France pour son activité à l’Opéra de Paris où il dirige le répertoire (Mozart, Wagner, Strauss principalement, bientôt Carmen), Philippe Jordan ne cesse d’agrandir son répertoire d’œuvres symphoniques et dirige souvent des partitions choisies de la musique d’aujourd’hui (comme la création du concerto pour violon de Bruno Mantovani à Pleyel en février dernier ou la dernière œuvre de Carigliano à Rome en janvier).Fils du chef d’orchestre Armin Jordan, il fit ses débuts – comme Karajan – en tant que Kappellmeister au Stadttheater d’Ulm, puis sera 3 ans durant directeur musical de l’Opéra de Graz et de l’Orchestre philharmonique de Graz où il apprendra le métier de son propre aveu. C’est aussi un pianiste de haut niveau et également un compositeur, même s’il préfère rester discret sur ce sujet pour l’instant.Outre Carmen et le Ring, les Parisiens auront la chance de pouvoir l’écouter l’an prochain dans le répertoire symphonique : Triple de Beethoven et Ein Heldenleben en mars, 10e de Chostakovitch en mai, Requiem de Verdi en juin. Enfin, en avril, il sera au piano, avec la comédienne Marthe Keller, pour accompagner au piano le baryton Roman Trekel dans La Belle Maguelonnede Brahms.

Pour ce qui est du Philippe Jordan chef de fosse, on a été bluffé par son absolue maîtrise de toutes les forces en concours : pas un décalage fosse-scène, la précision sans faille de sa battue (très variée d’ailleurs), son attention à tous les protagonistes : par exemple, il ne quitta pas des yeux le joueur de mandoline pendant toute sa partie dans la Sérénade. Les couleurs étaient magnifiques, dans des tempi certes généralement mesurés, avec parfois des pianissimi d’une grande efficacité musicale (gageons que dans 25 ans il ne fléchira plus à moitié les genoux pour obtenir une nuance piano, voire carrément accroupi pour un pianissimo…). Juste une impression : il me semble que l’on entend moins d’aigus des cordes au parterre qu’au premier balcon par exemple.

Sinon, il se confirme bien que l’Opéra de Paris se situe au top niveau international grâce au meilleur orchestre français, à des distributions toujours bien choisies, que les solistes soient déjà célèbres ou non, et à des mises en scènes de qualité. La mise en scène de Michael Haneke était superbe et les solistes pratiquement tous remarquables : nos 2 stars ‘baroques’, Véronique Gens – digne et émouvante Donna Elvira – et Patricia Petibon – peut-être pas la voix la plus mozartienne, mais quelle voix !, sans oublier la Zerline de Gaëlle Arquez ; parmi les chanteurs on aura bien sûr été éblouis par Peter Mattei dans le rôle titre, tant par sa prestation vocale que par son jeu scénique.


24/5/12 : On a assisté à la générale du concert d’hier soir à l’Opéra de Paris : Prélude à l’après-midi d’un faune, Nuits d’été et Le Sacre. C’était épatant de voir ce grand chef dans ses oeuvres : autorité naturelle, profession-nalisme, clarté de la gestuelle, avec un (superbe) orchestre très concentré et à l’écoute : ainsi quand il demande dans le Spectre de la rose au clarinettiste de jouer un passage de façon un peu plus éthérée (« c’est le spectre de la rose, pas la rose ! »), non seulement le clarinettiste le fait, mais tout l’orchestre change également légèrement sa sonorité… On eut droit à une mise en place du Sacre impeccable et évidemment le Boléro, donné sans doute hier soir en bis, ne vit pas son tempo s’accélérer…

(19/12/12) Décidément sa prestation dans Carmen à l’Opéra de Paris en ce moment n’a pas bonne presse… Ce qui est amusant c’est que les critiques, n’étant pas satisfaits du spectacle, se mettent tous à critiquer l’acoustique « hall de gare » de l’Opéra Bastille. On est bien d’accord avec eux – on se rappelle une 7e de Bruckner par Celibidache horrible tellement le son semblait perdu on ne sait où – mais c’était bien au même endroit qu’a été donné ce superbe Don Juan par le Même Philippe Jordan, avec un orchestre et un chœur certainement pas plus fourni !

We had the chance to be invited yesterday evening to a representation of Don Giovanni directed by Philippe Jordan. Chance, because it was possible to finally see live this young 37 years old conductor who we were fortunate to briefly meet a few weeks ago. I then couldn’t prevent myself from presenting him a parallel between him and Rafaël Kubelík, which made him smile: both are sons of renowned musicians (the conductor Armin Jordan and the violinist Jan Kubelík), both Swiss citizens, international conductors, composers and great pianists… If he is mainly known in France for his activity with the Opera of Paris where he conducts the ‘répertoire’ (Mozart, Wagner, Strauss mainly, soon Carmen), Philippe Jordan increases his repertory of symphonic works and often conducts selected partitions of contemporary music (like the creation of the concerto for violin by Bruno Mantovani in Pleyel last February or the last work of Carigliano in Rome). Son of the conductor Armin Jordan, he made his beginnings – as Karajan – as Kappellmeister in Stadttheater in Ulm, then will be 3 years lasting musical director of the Opera of Graz and the philharmonic Orchestra of Graz where he will learn the job, as he quoted it. He is also a high level pianist and a composer, even if he prefers to remain discrete on this subject for the moment. In addition to Carmen and the Ring, the Parisian will be be able to listen to him next year in the symphonic repertoire: Triple of Beethoven and Ein Heldenleben in March, 10th of Shostakovich in May, Requiem of Verdi in June.

Lastly, in April, he will be at the piano, with the actress Marthe Keller, to accompany the baritone Roman Trekel in The Beautiful Maguelonne by Brahms. As regards to the Philippe Jordan opera conductor, one was bluffed by his absolute control of all the forces in contest: not a shift pit-scene, precision without fault of his beating (very varied besides), his attention to all the protagonists: for example, he did not leave eyes from the mandoline player during all his part in the Serenade. The colors were splendid, in certainly generally measured tempi, with some pianissimi of a great musical effectiveness (let us guarantee that in 25 years he will not any more bend with half the knees to obtain a nuance piano, even straightforwardly squatted for a pianissimo…). Just an impression: it seems to to me that one hears less treble from the strings from the ‘parterre’ than from the first balcony for example.

Anyway, it is well confirmed that the Opera of Paris is at the best international level thanks to the best French orchestra, with distributions always well selected, soloists being already famous or not, and with quality stagings. The staging of Michael Haneke was superb and the soloists practically all remarkable: our 2 ‘baroques’ stars , Véronique Gens – worthy and moving Donna elvira – and Patricia Petibon – perhaps not the most Mozartian voice, but what a voice! – without forgetting Zerline by Gaëlle Arquez; among the singers one will of course has been dazzled by Peter Mattei in the title role, as well by his singing and by his scenic play.

Murray Perahia – Salle Pleyel Murray Perahia – Salle Pleyel

Murray Perahia – Salle Pleyel

 Murray Perahia
Murray Perahia
Triste soirée à la salle Pleyel avec Murray Perahia, qui nous a fait rentrer à la maison après l’entracte.

Ça a commencé avec un premier mouvement de la Sonate au Clair de lune de Beethoven très bien, très belle sonorité, puis un Allegretto sans esprit et un Presto agitato qui tournait à vide.

Le Carnaval de Vienne qui suivait était pire : outre de nombreux accrocs qui passeraient volontiers dans une interprétation engagée, on avait l’impression d’entendre plutôt du Mendelssohn. Bref, on était bien désolés.

Mais les avis sont unanimes pour trouver son dernier récital du 4/6/2014 à Pleyel exceptionnel !

Big disenchantment yesterday with Murray Perahia, in the – too big for a piano recital? – Salle Pleyel in Paris: we quitted after the intermission: the Moonlight Sonata and the Vienna carnival, besides many snags, were played like Mendelssohn and we never felt concerned at all…

But all attendees say his last recital on June 6 2014 was exceptional!

Murray Perahia – Salle Pleyel

 Murray Perahia
Murray Perahia

Triste soirée à la salle Pleyel avec Murray Perahia, qui nous a fait rentrer à la maison après l’entracte.

Ça a commencé avec un premier mouvement de la Sonate au Clair de lune de Beethoven très bien, très belle sonorité, puis un Allegretto sans esprit et un Presto agitato qui tournait à vide.

Le Carnaval de Vienne qui suivait était pire : outre de nombreux accrocs qui passeraient volontiers dans une interprétation engagée, on avait l’impression d’entendre plutôt du Mendelssohn. Bref, on était bien désolés.

Big disenchantment yesterday with Murray Perahia, in the – too big for a piano recital? – Salle Pleyel in Paris: we quitted after the intermission: the Moonlight Sonata and the Vienna carnival, besides many snags, were played like Mendelssohn and we never felt concerned at all…

Ravel – Tombeau de Couperin

On s’est rappelé que l’on avait 3 versions de concert du Tombeau de Couperin de Ravel par Kubelik ; pourquoi pas une petite comparaison avec les versions officielles dont on dispose ?
Je ne reviendrai pas ici sur le fait que ce très grand chef fut mésestimé – en partie par sa faute, lui qui détestait le ‘star system’ – mais d’autant plus dans le répertoire français : ce fut notamment un grand Berlozien (il fut principalement à l’origine de la redécouverte des Troyens, pas Colin Davis, par exemple).
Au-dessus, les versions dont on dispose ; on voit que Martinon est le plus lent, Paray le plus rapide, Tharaud est là comme témoin pour la version orginale pour piano.

Chacune des six pièces est dédicacée à des amis du musicien, tombés au feu au cours de la Première Guerre mondiale.
Prélude – à la mémoire du lieutenant Jacques Charlot (qui travailla sur sa musique aux éditions Durand)
Fugue – à la mémoire de Jean Cruppi (dont la mère avait participé à la mise en scène de L’Enfant et les sortilèges)
Forlane – à la mémoire du lieutenant Gabrel Deluc
Rigaudon – à la mémoire des frères Pierre et Pascal Gaudin
Menuet –  à la mémoire de Jean Dreyfus (beau-frère de Roland-Manuel)
Toccata  – à la mémoire du capitaine Joseph de Marliave (ce dernier, musicologue, était l’époux de Marguerite Long qui donna la première du Tombeau de Couperin).

4 pièces seront ‘orchestrées’ (plutôt recomposées) en 1929 : PréludeForlaneMenuet et Rigaudon.
L’écoute de la version Tharaud (d’une prise de son peu précise) met l’accent – avec talent et distinction -, comme on s’y attendait connaissant le répertoire du pianiste, sur le classicisme de l’oeuvre. Un peu comme pour Mozart, la perfection classique et parfois glacée de Ravel nous semble  toujours un paravent masquant sinon une angoisse, en tout cas un mystère, même si le pastiche peut tourner à la pochade secrète : cf. analyse de la Forlane

Prélude
Paray est donc très rapide, avec un orchestre et une prise de son très brillants.
Cluytens parait moins décidé, c’est moins bien fini orchestralement.
Kubelík 1962 : malgré la mauvaise prise de son, on entend bien que ce sont des bois allemands, un peu plus « patauds », on regrette le ‘piqué’ des cordes de Paray, mais le drame sous-jascent jusque là apparaît au n° 7, avec la trompette ; le concert de 1972 toujours à la Bavaroise paraît un peu en deçà.
Boulez à New York pâtit d’une prise de son un peu distante, c’est très bien en place, mais l’intérêt se dissipe peu à peu.
Martinon bénéficie de bois et de vents superbes, c’est beau sans plus.
Dans la même durée, revoici Kubelík à Chicago en 1983, de belles intentions, mais comme Boulez, cela manque d’animation dans la 2e partie.
Gelmetti : c’est tout juste si l’on entend les hautbois, on laisse pour la suite.


Pour la Forlane, on peut entendre l’original de Couperin ici.

Paray : on n’entend pas assez les bois, notamment la flûte, mais c’est très élégant (toujours ces cordes).
Cluytens : On entend mieux les timbres, çà manque un peu d’allant, on aime bien les hautbois un peu nasillards. La 2e partie est mieux, finalement très ‘Forlane’ et très ‘Couperin’.
Kubelík est sans doute mieux : 

C’est encore mieux en 1972 : de la tenue, du chic.
Boulez : la plus lente, du coup les appuis sont un peu trop marqués, c’est dommage, de beaux timbres.
Martinon : plus de ‘chair’, plus de timbres, d’expressivité aux cordes, c’est un peu moins bien en place que chez Boulez mais bien plus vivant et coloré.
Kubelík – Chicago : c’est un peu moins bien tenu qu’avec la Bavaroise, mais de beaux moments de poésie.

Menuet

Paray, le plus rapide, est parfait, Cluytens paraît un peu survolé : des détails n’apparaissent pas, certaines indications sont plus ou moins respectées… on l’écarte.
Kubelík 62 : en plus de sa science des cordes de par sa formation de violoniste, il savait faire dialoguer les bois et les vents comme personne ; la version la plus émouvante jusqu’ici. A peine moins heureux en 1972.
Boulez toujours lointain, on ne se sent pas concerné, on écarte.
Martinon fait le plus penser à Kubelík, dont il était très proche, comme Klemperer – superbe fusion des timbres, un petit peu sollicité (cordes).
Kubelík en 83 est un peu plus rapide, un peu moins bien qu’avec ses Bavarois.

Rigaudon
Paray court la poste et cette fois çà semble un peu trop rapide, mais la Pastorale centrale est pleine d’esprit.
Kubelík 62 sonne un peu plus épais, mais c’est l’évidence même avec des rythmes de danse plus affirmés. C’est encore une fois à peine moins bien en 72.
Martinon : c’est assez cuivré, beaucoup de ‘chic’ au bon sens du terme.
Kubelík 83 est plus lent, toujours un peu moins bien qu’à Munich.

Conclusion : Martinon (EMI)  est un premier choix dans une superbe intégrale Ravel, Paray (Mercury) a ses atouts dans un CD qui comprend aussi des Escales de Jacques Ibert atmosphériques à souhait. La qualité des versions Kubelík montre une fois de plus qu’il n’est pas nécessaire de chanter dans son arbre généalogique pour interpréter une musique d’une autre nationalité. Si Audite pouvait rééditer ce concert…

 

Remembering I get 3 versions in concert of Ravel’s Le tombeau de Couperin by Kubelik, why not a small comparison with some official versions?

I won’t repeat here how much he is unconsidered, partly by his fault, rejecting fiercely the “star system” – but all the more in the French repertory: he was in particular a great Berlozian (he was mainly at the origin of the rediscovery of les Troyens, for example).

Above, the versions I get; it appears that Martinon is the slowest, Paray the fastest, Tharaud is here as a witnesses for the original version for piano.

Each of the six parts is dedicated to friends of the musician, who died during the First World War.

Prélude – to the memory of lieutenant Jacques Charlot (who worked on his music with the Durand editions)
Fugue – to the memory of Jean Cruppi (whose mother had taken part in the setting in scene of L’enfant et les sortilèges)
Forlane – to the memory of lieutenant Gabrel Deluc
Rigaudon – to the memory of the brothers Pierre and Pascal Gaudin
Menuet – to the memory of Jean Dreyfus (brother-in-law of Roland-Manuel)
Toccata – to the memory of captain Joseph de Marliave (this last, musicologist, husband of Marguerite Long who gave the première of Le tombeau de Couperin).

4 parts “will be orchestrated” (rather recomposed) in 1929: Prelude, Forlane, Menuet and Rigaudon. The listening of the Tharaud version (in a sound lacking of focus) emphasizes – with talent and distinction – the classicism of the work.

Prélude

Paray is very fast, with brillant orchestra and sound recording.
Cluytens appears less decided, is less orchestrally refined
Kubelík 1962: in spite of the bad sound, one hears well that they are German wood, a little more lumpish, one regrets the “piqué” of the strings with Paray, but the drama under-jascent until there appears with the n° 7, with the trumpet; the concert of 1972 with the Bavarian again appears a little bit below.
Boulez in New York suffers from a little distant sound recording, it is very well tuned, but the interest fades rapidly.
Martinon profits from superb wood and winds, it is beautiful without more.
In the same duration, again Kubelík in Chicago in 1983, beautiful intentions, but as Boulez, it misses some animation in the 2nd part.
Gelmetti: you can hardly hear the oboes are heard, we will discard it.

Forlane, one can hear the original of Couperin here.

Paray: one does not hear enough woods, in particular the flute, but it is very elegant (always these strings).
Cluytens: One hears better the tones, it lacks a little bit of energy, we like the oboes, a little nasal. The 2nd part is better, finally very “Forlane” and very “Couperin”.
Kubelík is undoubtedly better:

It is still better in 1972.
Boulez: the slowest, accents are marked a little too much.
Martinon: more “flesh”, more colors, more expressive strings, a little less refined than Boulez but much more living.
Kubelík – Chicago: it is a little less better held that with the Bavarian one, but there are beautiful moments of poetry.

Menuet

Paray, the fastest, is perfect,
Cluytens appears a little overflown: details do not appear, some indications are more or less respected…
Kubelík 62: in addition to his science of the strings from his violinist career, he could make dialogue wood and winds like no one; this is the more moving version  up to now.
Almost as good in 1972.
Boulez  always remote, one does not feel concerned.
Martinon makes more think of Kubelík, to whom he was very close, as with Klemperer – superb fusion of tunes, solicited a little bit (strings).
Kubelík in 83 is a little faster, a little less good than with his Bavarians.

Rigaudon

Paray is a little too fast, but the Pastoral part is full with spirit.
Kubelík 62 sounds a little thicker, but it is the obviousness even with more marked rates/rhythms of dance. It is once again hardly less good into 72.
Martinon: it is rather coppered, much of “knack” in the good sense of the term.
Kubelík 83 is slower, always a little less good than in Munich.

 Conclusion

Martinon (EMI) is a first choice in a superb Ravel integral, Paray (Mercury) has its assets in a CD which includes also atmospheric Escales of Jacques Ibert.
The quality of the Kubelík versions shows once more that it is not necessary to sing in its family tree to interpret a music of another nationality. If Audite could publish this 1962 concert…