La couverture propose le portrait d’Alban Berg par Arnold Schoenberg, faisant le lien avec un précédent ouvrage du même éditeur consacré à l’intégralité des écrits de ce dernier (cf.).

Le présent ouvrage est plus  technique musicalement, donnant une large place aux analyses musicales de Berg de certaines de ses œuvres ainsi que de celles d’autres compositeurs, son vénéré Schoenberg principalement. On retrouve son fameux petit texte sur la 9e de Mahler quand les Gurrelieder sont eux analysés sur plus de 100 pages et que l’on bénéficie d’une analyse claire de la première Symphonie de chambre, avec nomenclature thématique.  On trouve également deux prospectus intéressants sur la Société d’exécutions musicales privées de Vienne – un de ses principes était « qu’aucune préférence de style n’infléchit le choix des œuvres à exécuter » : on trouve aux côtés de Berg et de Webern aussi bien Debussy, Ravel, Bartók que Pfitzner – alors que l’on retrouve dans l’ouvrage la fameuse polémique avec ce dernier, Berg s’ingéniant à montrer la complexité de la Rêverie de Schumann contre les supposées valeurs romantiques du génie et de l’inspiration encensées par Pfitzner.

On trouvera également un texte intéressant écrit à l’époque du 50e anniversaire de Schoenberg : « Pourquoi la musique de Schoenberg est-elle si difficile à comprendre ».

Un chapitre « Berg par lui-même »  présente des textes très intéressants, notamment sur l’atonalité et le dodécaphonisme (Analyse de la Suite lyrique). Un hommage rapide mais touchant à Franz Schreker, un manifeste contre les représentations modernisées des opéras de Wagner (il n’a pas été entendu) et puis ce dernier ironique mais effrayant de 1935 où il exprime ses doutes vis-à-vis des musiques d’un Haendel ou d’un Bach par rapport à la politique culturelle nazie : l’enracinement douteux du premier avec ses voyages en Italie et en Angleterre et la complexité contrapuntique du second, suspecte de bolchévisme culturel.

Toujours la même qualité de réalisation chez Contrechamps (édition et présentation de Georges Starobinski)  (Sauf – clin d’œil – la 2e phrase de la 4e de couv.).

Alban Berg – Écrits et entretiens – Contrechamps éditions – 2025 – 551 p. – 28€

Une version ‘romantique’ des Trois pièces op.6 :