J’ai mis du temps à produire cet article : une première écoute inattentive m’avait fait penser à un récent récital parisien que j’avais quitté tant les pièces de Rachmaninov m’avaient paru comme de la mélodie accompagnée avec des milliers de note autour, jouées ce soir-là de façon aussi virtuose qu’extérieure.
Et donc une écoute plus attentive m’a finalement convaincu. Fanny Azzuro déclare à juste raison que pour bien interpréter Rachmaninov, il faut ne pas se laisser à une virtuosité « facile » ou exagérer le pathos de cette musique. Et c’est bien le cas ici : homogénéité, dosage très fin des sonorités et des dynamiques au service du chant et de l’atmosphère, sans brutalité ou clinquant même dans les pièces les plus rapides. L’intégrale des Préludes de Rachmaninov est constitué des deux cycles des douze préludes op.23 (1903) et op.32 (1910) et du célèbre Prélude op.3 n°2 des Morceaux de fantaisie.
C’est ici la mélancolie qui imprègne les deux cycles ; Fanny Azzuro y instille une sorte d’intimité qui capte l’attention de bout en bout. Il y a déjà eu quelques intégrales de ces préludes au disque depuis quelques titres par Rachmaninov lui-même, en passant par Ashkenazy, Berezovsky ou encore Weissenberg. On peut préférer son Rachmaninov, comme chez ce dernier, plus brillant et accentué, parfois au risque du clinquant mais il est difficile de résister au charme de nouvel enregistrement – enregistré qui plus est par Étienne Collard.
Un très beau disque.