J’ai eu l’occasion d’interviewer le chef d’orchestre Enrique Mazzola. S’il connait une belle carrière à l’opéra, j’avais déjà été ébloui par un concert symphonique avec ce même Orchestre national d’Île-de-France. Il a le don de proposer des programmes originaux : cette fois 6 Lieder de Des Knaben Wunderhorn et les Lieder eines fahrenden Gesellen encadrent les Vier Orchestrerstücke de Bruckner, œuvre de « jeunesse » de Bruckner de 1862 (il avait 38 ans).
Si la marche des 4 pièces de Bruckner présente un thème qui sera repris dans la Huitième, bien malin qui devinerait le nom du compositeur. C’est une découverte intéressante qui montre bien la lignée Schubert – Bruckner.
C’est le baryton autrichien de 43 ans, Markus Werba, qui interprète les lieder de Mahler. Il est plus chanteur d’opéras que de lieder, d’où une ligne très chantante et expressive (Urlicht), avec une diction naturelle sans exagération ni affect, mais avec aussi le « coffre » et la vigueur nécessaires (Revelge). L’entente avec le chef et l’orchestre est tout aussi remarquable dans les Lieder eines fahrenden Gesellen. On appréciera le joke sur le programme, donné par les artistes à la fin du dernier Wunderhorn.
Enrique Mazzola dirige le tout avec efficacité, et avec ce qu’il faut de rusticité ou de chic quand nécessaire. Très belle prestation orchestrale. Enregistrera-t-il bientôt les symphonies ? En tous cas son passage à l’ONDIF aura été un grand succès.