DVD de chefs d’orchestre
On essaie ici de faire un survol des DVD consacrés à des chefs d’orchestre.
Cet article sera régulièrement mis à jour. Je les ai évalué en fonction de leur qualité intrinsèque, et notamment sur les éclairages qu’il pourraient apporter sur l’art de la direction.
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Claudio Abbado – Hearing the Silence
Une belle réalisation, une interview de Bruno Ganz guère passionnante, des extraits de répétition à Vienne dans les années 60, une interview du jeune Daniel Harding, pas très intéressante non plus. Quelques passages de sa fameuse La Mer à Lucerne, rien sur la musique contemporaine, l’opéra, etc.
Claudio Abbado – The silence that follows the music
Le même réalisateur Paul Smacsny a fait un autre DVD un an après avec à peu près le même titre… On a d’ailleurs la même répétition de la 1ère de Bruckner ! On nous rappelle qu’il pensait que Fierrabras est un grand opéra. Les mêmes extraits d’Elektra, juste une chose: une très courte interview d’Abbado par… Pierre Boulez.
Karel Ančerl
J’ai toujours été épaté de l’aura des disques de Karel Ančerl en France, malgré certaines réussites incontestables. Je me rappelle avoir acheté étant jeune la Glagol par lui, écoutée une ou deux fois, avant d’avoir la version Kubelík / DG écoutée des dizaines de fois… On pourrait tenter des rapprochements pour les 3 chefs historiques de la philharmonie tchèque : Talich / Furtwängler (ce dernier d’une autre pointure tout de même) Kubelik / Walter (le 1er souvent plus artiste, mais pas toujours) et Ančerl / Toscanini, que je ne saurais départager, n’appréciant ni l’un ni l’autre. J’attendais beaucoup de l’interview de 30′ datant probablement de 1968, année où il quitta la Tchécoslovaquie, 20 ans après Kubelík… On découvre un homme assez mielleux, aux antipodes du charisme humaniste d’un Kubelík, donnant des versions un peu rapides de son histoire personnelle : s’il fut finalement choisi pour accompagner Oïstrakh, c’est parce que Kubelík était parti, s’il fut finalement désigné à la tête de l’orchestre philharmonique tchèque, c’est grâce à l’influence du même Oïstrakh et parce que Talich avait été écarté après la guerre pour des apparitions avec le régime nazi pour le moins malencontreuses… Seul – mais énorme – crédit : évacuer en une phrase ses années de détention dans les camps de la mort nazis ! Les extraits de répétitions sont soporifiques : aucun charisme, tout est plat, finalement je suis content d’avoir vu cette vidéo ! Seul le livret rappelle combien il fut contesté par les musiciens du Philharmonique tchèque, peut-être pas, comme suggéré, pour ses origines juives. Quand on voit cette vidéo de Ma patrie et celle de Kubelík avec l’OSBR en 84… Seule consolation, Szering qui fait son boulot dans le concerto de Beethoven.
Leonard Bernstein – The Gift of Music
Un superbe documentaire avec Laureen Bacall comme narratrice, à base d’interviews et d’archives vidéo. Pas facile de résumer un tel talent protéiforme et une telle activité. Je ne suis pas grand fan de ses interprétations, sauf une magique Faust symphony pour DG, quelques enregistrements effectués à Paris ou une surprenante 9e de Mahler avec Israël. Certains aspects de sa personnalité ont été un peu édulcorés, mais c’était pour sûr un homme de spectacle…
Gustavo Dudamel – The Promise of Music
Un film assez frustrant, très sympathique vu son sujet :voir ces jeunes vénézuéliens jouer Mahler ou Tchaikovsky est franchement épatant, mais tout est assez haché, c’est bien peu informatif et sans grand intérêt.
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Classic Archive: Music Transfigured – Remembering Ferenc Fricsay
C’est un DVD assez intéressant sur ce chef décédé prématurément (1914-1963). De rare documents vidéo de concerts à Budapest, Berlin, Munich, quelques témoignages (Fischer-Dieskau…). Les répétitions sont les plus intéressantes..
Marek Janowski – Les leçons particulières de musique
Pour Marek Janowski, le métier de chef ne s’apprend pas sur l’estrade, mais dans la fosse d’opéra. Ce DVD est quasi entièrement consacré à des conseils prodigués en 1989 à un élève chef d’orchestre (Olivier Dejours). C’est passionnant. Il aime à citer Richard Strauss : « ce n’est pas le chef qui doit transpirer, mais le public ». On peut vérifier qu’au moins la 1ère partie de la phrase est respectée.
The music of Mravinsky
Il s’agit plus d’extraits de répétition et de concerts que d’un documentaire (Inachevée de Schubert, 10e de Chostakovitch et Francesca da Rimini). Je n’ai jamais été un grand fan de ce chef préférant par exemple Tchaïkovsky par Svetlanov. Mais c’était un chef avec de l’autorité et assez autoritaire. Jamais un sourire en répétition, mais plutôt : aux violons « qu’est-ce que vous avez à gesticuler comme çà ? » ou fermant d’un geste sa partition après Schubert, l’air plutôt accablé par la prestation de l’orchestre…
Mariss Jansons (1943*) Music is the language of the heart and soul
UN DVD très intéressant filmé dans de nombreux pays, de son enfance avec son père le chef Andris Jansons et sa mère, chanteuse d’opéra, jusqu’à son attaque cardiaque. Une personne très humble (« Je veux maintenant étudier la musique plus profondément »…)
Herbert Von Karajan 1908-1989 –
A Portrait
Un très bon DVD, avec une narration complète de sa carrière, pas trop hagiographique.
Il y a juste quelques passages filmés pour illustrer sa jeunesse qui sont de trop. Un film finalement assez émouvant.
Karajan – The second life
Second life parce que le DVD est centré sur la masse de documents qu’il a laissé pour les générations futures. C’est un documen très intéressant, notamment pour l’intervention de ses deux principaux ingénieurs du son : Gunther Hermanns pour DG (prises multi-micros) et Wolfgang Gülich for EMI (une seule paire fr microphones), également un très intéressant témoignage d’Hanz Weber.
Du coup, je suis convaincu que ses enregistrements gagneront en estime dans le futur. Une remarque intéressante : « Il ne pouvait diriger des musiques aussi grimaçantes que la 7e de Mahler et d’après lui, la musique écrite après la 2e école de Vienne ne mérite pas d’être enregistrée »… Excellent DVD.
Carlos Kleiber – I am lost to the world
Un film assez passionnant : cet artiste singulier engendre plus de questions que de réponses. Ses parents se sont peut-être suicidés, il était complètement dominé par la figure de son père, Erich Kleiber, bien qu’atteint d’un cancer de la prostate, il est sans doute mort à cause du décès de sa femme, bien qu’il l’ait paraît-il trompé maintes fois. Il préférait ne pas diriger nombre de partitions de peur de les trahir, et en même temps demandait des cachets extravagants. Un très bon DVD avec une répétition de la Mort d’Isolde exhaltante.
Kent Nagano – Seeking new shores
Le DVD commence donc par des images de vagues sur la côte californienne… Tous les témoignages reflètent travail et sérieux. Le chef, certainement un génie en musique, manque singulièrement de charisme. Les répétitions te extraits de concert sont lénifiants. Mais on le tient en estime pour son investissement dans la musique contemporaine : un rapide passage avec Yvonne Loriod, un concert avec du Kurtag…
André Previn – A bridge between two worlds
Mya Farrow, Renée Flemming puis arrive Anne-Sophie Mutter. Le DVD commence par son exil d’Allemagne du fait de ses origines juives. Le propos devien ensuite personnel mais on n’a que faire des tatouages de son fils ou de son autre qu’il eut avec Mya Farrow… 4 Oscars, un pour ‘My fair lady’ (quel titre pour ce séducteur !) rappelons qu’il écrivit aussi la musique de « Un tramway nommé désir »…
Le plus frappant : d’une part le mélange jazz, classique, musiques de film et de l’autre la dualité US / Europe. Une sorte de Bernstein plus calme… Tout cela ne m’a pas dite pourquoi je n’ai jamais été vraiment intéressé par ses interprétations, à part peut-être son Britten chez EMI. Un génie bizarre.
André Previn –
The kindness of strangers
Encore un autre DVD lénifiant sur Andreas Ludwig Prewin. Tout y est : le compositeur de musiques de film, le Jazzman, le chef, le compositeur, le chambriste… Un brillant musicien mais le DVD est une sorte de patchwork, avec de longs extraits de son opéra, assez inintéressants…
Maestro or Mephisto – The real Georg Solti
Un documentaire assez intéressant, un peu superficiel. Ses racines de juif hongrois sont bien rapidement évoquées, de trop longs moments dans son académie en Italie, des commentaires guère passionnants d’un musicien d’orchestre londonien. On ne perçoit nullement le « Mephisto » du titre, mais c’est vivant. 2 femmes magnifiques : sa 2e épouse et Kiri te Kanawa (sa 3e comme suggéré…?). Les extraits musicaux montrent la prédominance du rythme, ce que l’on prend, comme pour Reiner d’ailleurs, pour, disons un manque de flexibilité…
Toscanini – The Maestro
Toscanini aura dirigé plus de 600 œuvres de 200 compositeurs différents de mémoire… Une anecdote que j’avais oublié sur Geraldine Farrar qui, s’estimenat maltraité vint le voir en lui disant, Maestro n’oubliez pas que je suis une star et Toscanini de répondre: ma chère quand le soleil brille, on ne voit pas les étoiles…
Une interprétation assez convenue de James Levine, mais le documentaire est bien fait, avec de nombreuses archives, certaines en couleur. Le film met l’accent à juste titre sur son engagement contre le nazisme. Le passage consacré à « l »Hymne des nations » est un peu long et assez kitsch. Mais je recommande vivement ce produit, d’autant plus à l’aise que je ne suis pas un grand fan de ce chef… Je n’ai jamais vu une battue aussi simple, voire rustique. Il était sans aucun doute à son meilleur dans l’opéra italien. Très bon documentaire.
Bruno Walter – The maestro, The Man
Il s’agit en fait de la répétition de la 2e de Brahms à Toronto, avec au milieu une interview de 20′ environ.
Bien qu’âgé,, et malgré le fait qu’il dirigeait pour la première fois « The Vancouver International Festival orchestra », Walter montre un métier étonnant. Toujours »Sing, sing, sing », une leçon pour les appentis chefs d’orchestre. Donc, une bonne interview (on oubliera ses propos à propos de la musique atonale et le fait qu’il considérait le jazz comme une insulte), mais pourquoi son interviewer n’a pas cru bon de l’interroger sur Mahler ?
Zahia Ziouani – Une chef d’orchestre entre Paris et Alger
Pas de pochette sur le Net de ce DVD apparemment non disponible. Une chef peu connue en France, sans doute guère plus à l’étranger, sauf sans doute en Algérie. Elle a choisi de monter un orchestre avec des jeunes musiciens issus de conservatoires de quartiers populaires (Orchestre Divertimento). On la voit donc dans des répétitions (« ce soir, les trombones, pas de pilules bleues s’il vous plaît ! »); on la retrouve avec l’Orchestre national d’Alger et sur les traces de Saint-Saëns dans cette ville. Nombreuses répétitions (amusant de voir une jeune fille voilée dans les chœurs de la Traviata) et digressions. Un film très bien fait, apparemment « elle le vaut bien » ! On peut en voir de larges extraits ici.
Hello,
Jolie brochette, qui mérite quelques remarques :
• Sur Solti et la prédominance d’une approche fondée sur le rythme : c’est, semble-t-il, une spécificité de ce qu’on pourrait appeler « l’école hongroise », qu’on trouve en effet, chez Reiner, mais aussi chez Fricsay;
• Sur Fricsay en répétition : la place du discours est très importante, le chef est affable et exigeant, mais semble souvent dérouter les musiciens par ses propos. Je ne suis pas absolument persuadé de l’efficacité del chose, j’en parlais d’ailleurs ici : http://latelierdediablotin.fr/WordPress3/2014/12/au-pied-du-sapin/
• Sur Kleiber : l’ombre du père, qui fut génial en son temps, a lourdement porté sur le fils, non moins génial en son temps, et lui a surtout interdit d’approcher certains répertoires… ce que l’on ne peut que regretter !
• Sur la battue des chefs d’antan : elle était toujours simplifiée au maximum, c’est vrai pour Toscanini comme pour Szell, Reiner, Boult… Les orchestres étant moins virtuoses qu’actuellement, ils avaient besoin de lisibilité ! La battue de Furtwängler avec Berlin, au début de son mandat avec l’orchestre, était également beaucoup plus lisible qu’à la fin, où on a l’impression d’un grand pantin désarticulé 😉
merci pour vos commentaires sur mes notes bien succinctes, je poursuis, mais suis plongé pour l’instant dans les eaux froides du Sibelius de Richard Millet, avant d’entamer Ma Vlast, plus de 1 300 pochettes collectées… en écartant les nombreux arrangements, cf. le dernier CD Xavier de Maistre : toute la Moldau à la harpe…