Mahler 9 – Discographie – 1

Mahler 9 – Discographie – 1/2 [2/2]

mahler

On ne reviendra pas sur l’analyse de cette œuvre. On a recensé plus de 150 versions éditées plus ou moins officiellement, et on en a accès à une bonne cinquantaine.
On retrouvera ses « disciples » : Bruno Walter, qui créera de façon posthume l’œuvre en 1912, Otto Klemperer, mais pas Mengelberg. Également les quatre premiers « intégralistes » que furent Bernstein, Haitink, Kubelík et Solti à la fin des années 60, et les plus encensés par la critique – française au moins : Ancerl, Inbal, Giulini, Karajan, et aussi bien d’autres, à la faveur notamment de meilleures conditions économiques et techniques pour le report d’enregistrements live.

On voit sur ce graphique le démarrage des éditions discographiques à la fin des années 60 à la faveur des 4 premières intégrales.
mahler9

Andante comodo

Les tempi sont d’une variété peu commune : de 24′ à 33’… (au total, les durées vont de 1h11′ à 1h35′).

Bruno Walter – Wiener philharmoniker – 1938 – Cet enregistrement public mythique, témoignage de l’adieu de Walter (Schlesinger) à l’Europe avant l’Anschluss, a été abondamment réédité. C’est assez décevant : le son est précaire, accentue les cordes (tout le début est comme une mélodie accompagnée), pas très propre. Ça s’arrange par la suite. 7

Jacha Horenstein – Wiener Symphoniker – 1950 – Tempo assez lent, mais pas ressenti comme tel.  Le début est apaisé, heureux, avec une belle intégration des battements aux cordes alla Brahms, qui semblent d’ailleurs devenir l’élément moteur de ce mouvement : l’ensemble est assez décidé, ni trop noir ou larmoyant, plutôt serein. Une belle surprise – son correct, seules les timbales sont lointaines. 8

Paul Kletzki – Israël Philharmonic Orchestra – 1954 – Pas les meilleurs cornistes à l’époque, cordes approximatives, balance également. Quelques beaux moments, mais le tout est bien instable. 6

John Barbirolli – Orchestra Sinfonica della RAI di Torino – 1960 – C’est mieux dirigé, phrasés un peu étirés, le début coure un peu la poste, après ça s’arrange, avec une vraie mis en scène de l’orchestre. Mais ça reste plus joli que profond. 7,5

Dimitri Mitropoulos – New York Philharmonic – 1960 – çà ne respire pas assez, c’est d’un trait, mais n’intéresse guère. 6,5

Leopold Ludwig – London Symphony Orchestra – 1960 – C’est chantant, un peu doucereux, élégant, on a l’impression qu’il y cherche du Schubert et le trouve parfois… 6,5

Bruno Walter – Columbia symphony orchestra – 1961 – De la respiration, de l’allure, de la tension, très belle image d’orchestre. 9

John Barbirolli – Berliner philharmoniker – 1964 – Que n’a-t-on lu sur cet enregistrement : Barbirolli devant apprendre leur Mahler aux musiciens de Berlin… C’est très ample, parfois un peu précipité. 8

Leonard Bernstein – New York philharmonic – 1965 – C’est un peu lent, assez extérieur, c’est curieusement sollicité (cordes) et un peu indolent. 7

Jacha Horenstein  – London Symphony Orchestra – 1966 – Superbe son, mais public bruyant – Mahler aurait sans doute fait de petites rectifications d’orchestration s’il avait pu la diriger de son vivant. On se délecte de chaque intervention instrumentale, c’est très vivant tout en étant très maîtrisé. 9

Karel Ančerl – Ceska Filharmonie – 1966 – Cordes très plates, c’est assez allant, image d’orchestre émaciée ; contrairement à l’écrasante majorité des critiques français, je trouve cela désespérément plat… 6,5

Vaclav Neumann – Gewandhaus Orchester, Leipzig – 1967 – Un ton apaisé, serein, prise de son un peu globale, cordes chantantes, ça manque de détails, d’un peu d’animation, mais c’est attachant. 8

Rafael Kubelík – Boston symphony orchestra – 1967 – Kubelík l’aura dirigé plus de 20 fois de 1952 à 1981. On est ici en janvier avant l’enregistrement studio de mars. C’est chantant comme Neumann, mieux conduit, on entend plus de choses, C’est juste un peu précautionneux  durant le premier tiers, superbes timbalier et cuivres. 8,5

Kirill Kondrashin – Moscow State Philharmonic Orchestra – 1967 – Timbres parfois un peu exotiques, très engagé et vivant, quelques libertés. 8

Rafael Kubelík – Symphonie-Orchester des Bayerischen Rundfunks – 1967 – On n’a pu acquérir encore la réédition japonaise en SACD de ces prises studios qui manquaient nettement de dynamique, d’aération et surtout de basses. C’est très vivant, organique, mais on connaît chaque mesure par cœur… 8,5

Georg Solti – London symphony orchestra – 1967 – Plus de contrastes, plus de son, plus puissant, plus univoque aussi. Disons que les passages dynamiques sont plus impressionnants, les passages plus calmes moins habités, mais c’est superbe. 8,5

Otto Klemperer – New Philharmonia Orchestra – 1967 – Le plus lent depuis Horenstein et Walter, c’est plus hiératique, guère souriant, on a l’impression, peut-être à cause d’une image un peu globalisante, que tout s’enchaîne plus naturellement qu’avec les précédents. C’est aussi inexorable qu’évident. 9

Maurice Abravanel – Utah Symphony Orchestra – 1969 – Lent, chantant, mais tout sonne petit, sans grand intérêt. 6

Rafael Kubelík – Chicago symphony orchestra – 1969 – Commence très lentement et doucement, accélère un peu ensuite, Sa version la plus détaillée au niveau des cordes, Cuivres tonitruants comme d’habitude, et comme d’habitude on a écouté jusqu’à la fin… 8,5

Bruno Maderna – BBC Symphony Orchestra – 1971 – Un des plus lents. Vision très « polyphonique », comme une angoisse qu’il n’y ait un passage où il ne se passe plusieurs choses à la fois… C’est une vision assez moderne où il se passe toujours quelque chose… 8

Rafael Kubelík – Symphonie- Orchester des Bayerischen Rundfunks – 1975 – Ce concert donné à Tokyo fut édité par Audite. Un éditeur ‘pirate’ américain – Halloo – en a donné une édition bien supérieure du point de vue sonore : on est dans la salle. C’est plus vivant que 8 ans auparavant, il s’y passe plus de choses, tout en étant très homogène, dommage que les cuivres soient parfois limites ou inattentifs. 8,5

Rafael Kubelík – Symphonie- Orchester des Bayerischen Rundfunks – 1975 – Un concert donné au Festival de Vienne.  Début magnifiquement chantant, mais la prise de son est lointaine et il y a un peu de pleurage.  Un document.

Carlo Maria Giulini – Chicago symphony orchestra – 1976 – Le plus lent jusqu’ici. Pas les plus belles cordes, ça a de l’allure, mais c’est un peu heurté. Une lecture d’une lenteur un peu extrême, mais l’œuvre tient… 8

Hanz Zender – Rundfunk-Sinfonie Orchester Saarbrücken – 1977 – Retour à un Andante comodo. cordes un peu minces, tout est un peu gris, c’est d’une carrure assez svelte, mais sans grand intérêt. 7,5

Rafael Kubelík – New York Philharmonic – 1978 – Certainement le meilleur orchestre américain dans Mahler. Tout est là : de l’élégie au drame, de la polyphonie à l’équilibre général, des phrasés aux enchaînements. Orchestre en grande forme et très impliqué. Toute la 2e partie est extraordinaire. 9,5 – J’a mis ce concert en ligne.

Kurt Sanderling – Berliner Sinfonie-Orchester – 1979 – Beau début, après c’est assez statique, orchestre moyen. 7

Herbert von Karajan – Berliner Philharmoniker – 1980 – C’est très soigné, certains instruments sonnent curieusement un peu fragiles (cuivres), mails y a des climats superbes, un peu désolés. La fin de Mit Wutt sonne un peu Strauss. 8

Herbert von Karajan – Berliner Philharmoniker – 1982 – Le mouvement est un peu plus décidé qu’en studio, ça chante plus. Mais comme en 1980, on est plus dans le ton d’une tristesse élégiaque que dans le drame. 8

Kurt Sanderling – BBC Northern Symphony Orchestra – 1982 – C’est très hésitant et l’orchestre manque sacrément de couleurs, violons assez laids, c’est pourtant plutôt bien dirigé. 7

Václav Neumann – Ceska Filharmonie – 1982 – Une des versions les plus rapides, tout cela paraît bien survolé. 6

Georg Solti – Chicago symphony orchestra – 1982 – Remise à l’ouvrage par Decca 15 ans plus tard pour le numérique. C’est superbe, mais ne concerne guère… 7,5

Leonard Bernstein – Israël Philharmonic Orchestra – 1985 – Tempo lent, très belle intro, Techniquement très réussi, de l’ambiance, un peu lent tout de même. 8

Leonard Bernstein – Koninklijk Concertgebouworkest, Amsterdam – 1985 – De plus en plus lent. On a de ce fait beaucoup de détails, mais malgré la beauté de l’orchestre, on ne rentre pas dans l’œuvre. 7,5

Eliahu Inbal – Radio Sinfonie Orchester Frankfurt – 1986 – Début très étale, phrasés très courts aux cordes, on entend beaucoup de choses, c’est très bien articulé, mais ça devient d’un ennui profond… 7

Kazuo Yamada – New Japan Philharmonic – 1986 – C’est extrêmement lent, phrasés étirés, pas très propre. 6

Anton Nanut – Simfoniki RTV Slovenija, Ljubljana – 1988 – C’est très sonore, quelques enchaînements un peu limites, mais c’est très bien mené. Ce chef slovène (1932*) nous a souvent épaté par son métier et la musicalité de ses prestations. Il y a là de bien beaux passages, mais la prise de son est assez distante. 7,5

Libor Pešek –  Royal Liverpool Philharmonic Orchestra – 1990 – Une belle lecture de ce chef tchèque (1933*), sans défaut ni qualité remarquable. 7,5

Emil Tabakov – Sofia Philharmonic Orchestra – 1991 – Encore plus lent que Bernstein… et ça ne fonctionne pas vraiment. 6

Rudolph Barshai – Moscow Radio Symphony Orchestra – 1993 – C’est inconsistant. 6

Giuseppe Sinopoli – Philharmonia orchestra – 1993 – Enregistrement très sonore. c’est vivant, engagé, parfois un peu tonitruant. 8

Kurt Masur – New York Philharmonic – 1994 – Discours assez morcelé, manque de nécessité. 7

Pierre Boulez – Cleveland orchestra – 1995 – Comment faisait-il ? Dès le début on entend plus de choses qu’ailleurs, les enchaînements ont l’air d’une absolue simplicité, c’était bien l’héritier de Szell. Mais il nous laisse froid, comme souvent son aîné d’ailleurs et… interdit au cymbalier d’en faire trop ! 8

Christoph von Dohnanyi – Cleveland orchestra – 1997 – C’est un peu décousu, un peu sur la pointe des pieds. 6,5

Giuseppe Sinopoli – Sächsische Staatskapelle Dresden – 1997 – Encore un record de lenteur battu… 5′ de plus qu’en 1993. J’avoue avoir trouvé ça absurde… mais bravo à l’orchestre ! 6

Claudio Abbado – Berliner Philharmoniker – 1999 – Beau début, on allège pas mal d’interventions pour essayer de tout faire sonner, c’est joli, mais manque d’impact. 7,5

Gunter Herbig – Rundfunk-Sinfonieorchester Saarbrücken – 2001 – C’est correct mais c’est un peu plat,  manque de chant et ce n’est pas très habité. 7

Gunter Herbig – Philharmonia Taïwan – 2001 – Le même abroad, c’est plus lent et plus chantant, plus de timbres, c’est mieux mais guère enthousiasmant. 7,5

Michael Gielen – SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg  – 2003 – Phrasés et dynamiques très travaillés, sombre et dramatique, très bon orchestre (en péril !), couleur un peu fin de siècle (manque de travail sur les cordes ?), mais c’est superbe : d’ailleurs on a tout écouté et la fin est magnifique. 8,5

Michael Tilson Thomas – San Francisco symphony orchestra – 2004 – Encore une version lente. C’est un peu atmosphérique, début un peu précieux, des maniérismes aux cordes, ça manque de naturel dans les phrasés, maîtrise technique épatante, c’est assez prenant, mais c’est plus poème symphonique straussien que mahlérien. 7,5

Gerard Schwarz – Royal Liverpool Philharmonic Orchestra – 2006 – Dès les premières mesures on sent que ça va pas être terrible.  C’est en place, mais bien précautionneux. 6

Zdenek Macal – Czech philharmonic orchestra – 2007 – C’est assez vivant, mais le flux musical est un peu uniforme, ça manque de relief. 7

Simon Rattle – Berliner philharmonker – 2007 – Orchestre évidemment bien supérieur. C’est magnifique de dosages et de sonorités, ça manque de vision, mais c’est supérieurement dirigé et surtout joué… mais au bout de 10′, on arrête car on devine comment sera la suite… 8

Alan Gilbert – Royal Stockolm Philharmonic Orchestra – 2008 – Un grand chef – les transitions un peu délicates ne lui posent aucun problème – mais nul doute qu’il approfondira son interprétation… 6,5

Jonathan Nott – Bamberger Philharmoniker – 2008 – Début extrêmement lent. Du coup les battements des cordes fonctionnent moins bien. Mais ça devient massif et un statique, malgré des cordes superbes. Une relative déception. 7,5

Roger Norrington – Radio Sinfonieorchester Stuttgart des SWR – 2009 – Sans commentaire… 4

David Zinman –  Tonhalle Orchester Zürich – 2009 – Très lent. Bien dirigé et joué mais on manque de fil conducteur. 7

Lorin Maazel – New York Philharmonic – 2009 – C’est lent et narcissique. 6

Bernard Haitink – Symphonie-Orchester des Bayerischen Rundfunks – 2011 – On apprécie au début les timbres si idoines de l’orchestre, mais ça manque de cordes et c’est très plat. 6,5

Valery Gergiev –  London Symphony Orchestra – 2011 – Début un peu ouaté, c’est sans grand intérêt. 6,5

Vladimir Ashkenazy – Sydney Symphony Orchestra – 2011 – Cordes bien pâles, mais belles lignes entrelacées au début, après cela devient statique et un peu précautionneux. 7

Michael Schönwandt – Danmarks Radiosymfoniorkestret – 2012 – C’est très bien dirigé, avec un vrai projet – un meilleur orchestre et une meilleure prise de son et c’était à retenir. 7,5

Gustavo Dudamel – Los Angeles Philharmonic orchestra – 2012 – Très belle plastique orchestrale – beaucoup d’affect, de superbes phrasés, un peu plus d’engagement dans les passages plus abrupts, c’eut été parfait. 8,5

Markus Stenz – Gürzenich Orchester Köln – 2014 – Prise de son très présente, c’est très animé, beaucoup d’intentions, bel orchestre, çà manque un peu de lien. On la garde quand même. 8

Myu Wun Chung – Seoul Philharmonic orchestra – 2014 – Tempo lent.  Dès la reprise du thème aux violons, on sent qu’il ne va rien se passer et cela se confirme rapidement, tout tombe un peu à plat. On n’a rien contre ce grand musicien, mais que ce soit au disque ou on concert, il ne nous a jamais convaincu. Orchestre de très bon niveau. 6

Conclusion

L’œuvre tient bien dans cet exercice et nous voilà avec 23 versions sur les bras… On regrettera de ne pas eu avoir accès à tant d’autres, notamment Svetlanov ou Haitink I.

Rafael Kubelik New York Philharmonic 1978                 9,5
Bruno Walter Columbia Symphony Orchestra 1961                 9,0
Jasha Horenstein London Symphony Orchestra 1966                 9,0
Otto Klemperer New Philharmonia Orchestra 1967                 9,0
Rafael Kubelik Symphonie-Orchester des Bayerischen Rundfunks 1967                 8,5
Georg Solti London Symphony Orchestra 1967                 8,5
Rafael Kubelik Chicago Symphony Orchestra 1969                 8,5
Rafael Kubelik Symphonie-Orchester des Bayerischen Rundfunks 1975                 8,5
Michael Gielen SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg 2003                 8,5
Gustavo Dudamel Los Angeles Philharmonic 2012                 8,5
Jasha Horenstein Wiener Symphoniker 1952                 8,0
John Barbirolli Berliner Philharmoniker 1964                 8,0
Vaclav Neumann Gewandhaus Orchester, Leipzig 1967                 8,0
Kirill Kondrashin Moscow State Philharmonic Orchestra 1967                 8,0
Bruno Maderna BBC Symphony Orchestra 1971                 8,0
Carlo Maria Giulini Chicago Symphony Orchestra 1976                 8,0
Herbert Von Karajan Berliner Philharmoniker 1980                 8,0
Herbert Von Karajan Berliner Philharmoniker 1982                 8,0
Leonard Bernstein Israel Philharmonic Orchestra 1985                 8,0
Giuseppe Sinopoli Philharmonia Orchestra 1993                 8,0
Pierre Boulez Chicago Symphony Orchestra 1995                 8,0
Simon Rattle Berliner Philharmoniker 2007                 8,0
Markus Stenz Gürzenich Orchester Köln 2014                 8,0

Mahler - Symphony n° 9

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.