Brahms – Opus 117 – Andante moderato

86 versions de l’Op. 117… Les dernières œuvres pour piano de Brahms ont connu un regain d’attention ces dernières années. Il est vrai que ce ne sont pas des pièces de grande virtuosité. Je n’ai retenu ici que les versions discographiques complètes, de nombreux pianistes ayant surtout enregistré le 2e ou bien les deux premiers seuls. (cf. deuxième partie)
On peut les suivre ici avec la partition :


N° 1

Cet intermezzo porte en préface un texte d’une ballade écossaise.
Balow, my babe, lie still and sleep!
It grieves me sore to see thee weep.
que l’on peut traduire par :
Du calme, mon bébé, reste tranquille et dors!
Cela me fait mal de te voir pleurer.

C’est marqué Andante moderato puis più adagio, puis Un poco più andante

Wilhelm Kempff (1895-1991) – 1950
Les premiers enregistrements de Wilhelm Kempff avaient été réalisés pour Decca dans les années 50 avant son passage à Deutsche Grammophon.
On connait peu ce disque de Kempff à l’orgue ; il demanda à DG de l’éditer, les recettes ayant été reversées aux victimes des bombardements nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki.

Le son est un peu vieux, quelques exagérations de nuances dynamiques, c’est assez beau mais ça manque un peu de poésie et de vision d’ensemble. 7

Egon Petri (1881-1962) – 1955
Il avait 16 ans à la mort de Brahms… C’est la grande classe, tout est parfaitement respecté dans un tempo rapide. On entend toutes les voix, sans excès et c’est prenant. 8,5

Yves Nat (1890-1956) – 1956
Assez rapide, mais son très lointain. 6,5

İdil Biret (1941*) – 1959 – 1989
Pour ses 75 ans, un coffret a été édité avec tous ses enregistrements réalisés de 1959 à 2017 : pas moins de 130 CDs… 
Un de ses premiers disques commerciaux en 1959 comportait l’Op. 117, une autre version a été enregistrée en 1989.
1959 : Toutes les indications sont respectées à la lettre, un peu placide, son caverneux. 7,5
1989 : Peu de présence sonore, assez extérieur. 6,5

Glenn Gould (1932-1982) – 1961
C’est joué façon Bach en faisant ressortir toutes les voix, quitte à bidouiller le rythme, ça intéresse néanmoins. 7

Julius Katchen (1926-1969) – 1964
La fameuse première intégrale des pièces pour piano de Brahms. C’est lent, mais très habité, rêveur, avec en plus de beaux timbres. 8,5

Whilhelm Kempff (1895-1991) – 1952 – 1964
On sait peu qu’il eut sept enfants avec la baronne Helen Hiller von Gaertringen.
1952 : Son un peu pénible, nuances inventées, équilibre des deux mains curieux, mais peut-être dû à la prise de son. 6,5
1964 : Assez rapide, fluctuations de tempo, c’est un peu mièvre. 7

Radu Lupu (1945*) – 1971
À cause de ses Schubert de cette époque, je m’étais fait une joie d’aller l’entendre à la Philharmonie il y a quelque temps, je suis parti à l’entracte : il refusait manifestement de dépasser le mf
C’est très lent, des fins de motifs systématiquement ralenties donnent un côté maniéré, malgré la beauté du toucher. 7

Walter Klien (1928-1991) – 1972?
Il y a un sol à la basse mes. 3 qui paraît bien faux. Ça n’est pas très beau pianistiquement et en plus ça ne cause pas. 6

Dieter Zechlin (1926-2012) – 1975
Toucher délicat, homogénéité, indications respectées, très beau, très berceuse. 8

Théodore Paraskivesco (1940*) – 1978
Début très dolce : nuances encore mieux respectées, très beau toucher, impression de grande sérénité. 8,5

Inger Södergren (1947*) – 1980
Que de souvenirs, des concerts magnifiques quand elle était en doigts – mon défunt frère avait pris des cours avec elle. Encore une superbe qualité de toucher, Un poco più andante qui l’est vraiment. 8,5

Luba Edlina (19?*) – 1986
On descend d’un cran dans la qualité du toucher et c’est assez extérieur. 7

Detlef Kraus (1919-2008) – 1986
Pianiste allemand qui s’était spécialisé dans la musique de Brahms. Pour sûr, ce n’est pas du Brahms efféminé (!?), toucher assez dur, voire un peu pataud et on s’ennuie assez. 7

Paul Badura-Skoda (1927-2019) – 1987
Ça sonne un peu pincé, arpèges détachés, on a l’impression qu’il cherchait à mettre du relief cela sonne assez précieux. 7

Gerhard Oppitz (1953*) – 1989
Très lent, parfois un peu heurté, le piano sonne vieux. 7

Emanuel Ax (1949*) – 1990
Curieuse main gauche presque pointée dans le Più adagio, beau piano, c’est un peu joli. 7,5

Ivo Janssen (1963*) – 1990
pp. Des retards, des diminuendo, ce n’est guère vivant. 6.5

Martin Jones (1940*) – 1992
L’auteur d’une intégrale de l’œuvre pour piano de Brahms. C’est joué droit et… c’est joué droit. 7

David Korevaar (1962*) – 1993
Toucher et lecture sensibles, juste un peu monotone. 7,5

Hélène Grimaud (1969*) – 1996
Des variations de dynamiques un peu intempestives pour essayer d’amener de l’expression, ainsi que quelques menus décalages de mains, puis des passages mf dans le più adagio pou faire grand piano. bref c’est assez extérieur, mais vivant. 7,5

Andrea Bonatta (1952*) – 1997
On a un peu l’impression que c’est joué du bout des doigts, c’est assez ennuyeux. 6,5

Leif Ove Andsnes (1970*) – 1998
Version lente, très dolce, de façon un peu exagérée d’ailleurs, il faut parfois tendre l’oreille, très beau toucher. 7,5

Anton Kuerti (1938*) – 1998
Un des pianistes canadiens les moins connus ici. Beau piano, mais c’est un peu fade. 7

Eva Knardahl (1927-2006 ) – 1999
De la sensibilité, mais manque d’expression. 7

Antonio Pompa-Baldi (1974*) – 2000
Peu de son d’abord, plus loin presque plus de son, ni de musique d’ailleurs. 6

Alice Ader (1945*) – 2002
Assez mauvais son de piano, un peu extérieur. 6,5

Håkon Austbø (1948*) – 2002
Son un peu mat, jeu très naturel, le un poco più Andante devrait commencer pp pas p, mais une belle version, un peu froide. 7,5

Gerrit Zitterbart (1952*) – 2004
Son chaud mais certaines hauteurs de notes paraissent curieuses, lecture vivante. 7,5

Marc Pantillon (1957*) – 2005
Lecture habitée, très beau più adagio. 8

Yuri Didenko (19??*) – 2005
Lecture un peu syncopée, des ralentissements, assez extérieur. 7

Gilbert Kalish (1935*) – 2006
Son quelconque, un peu raide et dur. 6,5

Ira Braus (19??*) – 2007
Claudiquant. 5

Nicholas Angelich (1970*) – 2007
Pianiste admirable qui m’a toujours laissé de marbre au concert (quand je dis ça à mes amis pianistes, ils me regardent de travers…). Eh bien c’est ici tout aussi admirable, respect de la partition, toucher magique, j’espère que cet artiste finira par « me causer »… 7,5

Miquel Farré (1936*) – 2007
Lecture précautionneuse et un peu hésitante. 6

Markus Groh (1970*) – 2008
C’est décidé, prenant mais il s’égare dans le più adagio et nous aussi, dommage. 7

Anna Gourari (1972*) – 2009
C’est très placide, presque funèbre. Pourquoi pp au lieu de p à la fin de la première partie ? Le più adagio n’est pas habité. 7

David Wilde (1935*) – 2009
7′ – Un record. Là c’est gagné, le bébé dort ! 5

Christopher Atzinger (19??*) – 2010
Tempo rapide, qui accélère, nuances bien respectées, mais pas passionnant. 7

Paul Berkowitz (19??*) – 2010
C’est un peu fade et ne soutient pas l’intérêt. 6,5

Franklin Larey (19??*) – 2010
Lent, a du mal à tenir le tempo, de belles couleurs toutefois mais c’est assez maniéré. 6,5

Ludwig Olshansky (19??*) – 2010
Son un peu cotonneux, manque d’animation. 6,5

Wally Rizzardo (19??*) – 2010
Tempo non tenu, on l’impression qu’elle ne sait pas quoi en faire. 6

Adam Laloum (1987*) – 2011
Quel bonheur d’entendre un artiste après cette dizaine de pianistes moyens ! On est pris par le discours immédiatement, par l’intelligence du texte. 8,5

Jonas Vitaud (1980*) – 2011
C’est également très beau de musicalité, un tout petit peu plus terne que Laloum, mais une très belle version. 8

Barry Douglas (1960*) – 2012
Un intégraliste qui a dispersé les œuvres sur différents CDs. Grande technique, mais on ne sent ni pris ni trop concerné. 7,5

Andrew Palmer Todd (19??*) – 2012
On baisse nettement au niveau technique. Une lecture honnête. 6,5

Eduardo Fernández 19??*) – 2013
Son pas très beau, c’est assez poussif. 6

Peter Katin (1930-2015) – 2013
C’est un peu hésitant et guère passionnant. 6,5

Peter Longworth (1966-2019) – 2013
C’est très bien conduit, bel équilibre des voix, più adagio moins prenant. 7,5

Roberte Mamou (19??*) – 2013
Pas extraordinaire pianistiquement, une belle version toutefois. 7

Gwendolyn Mok (19??*) – 2013
Enregistré sur un piano de l’époque de Brahms. Diapason un peu plus bas, il est permis de penser que Brahms aurait préféré un Steinway… Les basses sonnent très creux, le bébé aurait préféré une couche moderne aussi… Pour l’interprétation, c’est difficile, chaque note me dérangeant, sonnant fêlée, mais certains traits ont de l’allure. 7

Gena Raps (19??*) – 2013
Piano mal accordé, sans grand intérêt. 6

Jonathan Plowright (1959*) – 2014
Très extérieur. 6,5

Maria Grazia Amoruso (19??*) – 2015
Ça sonne assez mal, c’est comme égrené. 5

Ariel Halevy (19??*) – 2015
Rapide, trop à mon goût, toucher moyen, nuances bien respectées, agréable. 7

Paweł Kamasa (1963*) – 2015
Très chantant, avec des micro ralentissements qui animent, c’est moins vrai pour le piu adagio. et l’Andante est presque plus lent. 7. 

Orli Shaham (1975*) – 2015
Toucher correct, nuances un peu exagérées, un peu extérieur. 7

Sophie-Mayuko Vetter (1978*) – 2015
Version lente, ça minaude, c’est très maniéré. 5,5

Geoffroy Couteau (1979*) – 2016
Un récent intégraliste. J’avais assez apprécié sa 3e sonate. Ici rien à dire, on entend bien les voix, nuances bien respectées, mais ça n’est pas très habité. 7,5

Dirk Herten (19??) – 2017
On dirait une boîte à musique. 6

Vincent Larderet (19??*) – 2017
Tempo décidé, c’est du très beau piano, un peu froid peut-être. 8

Haochen Zhang (1990*) – 2017
Très lent. Du coup c’est assez apathique. 6,5

Jorge Federico Osorio (1951*) – 2017
Belle sonorité, c’est joli et berçant. 7,5

Eugene Asti (19??*) – 2018
Encore une belle version, beau toucher. 7,5

Panayiotis Demopoulos (19??*) – 2018
Peu de son, toucher quelconque. 6

Timothy Ehlen (19??*) – 2018
Plus sonore, son pas très beau. 6

Benjamin Engeli (1978*) – 2018
Ça passe sans vraiment intéresser. 6,5

Vladimir Feltsman (1952*) – 2018
Ça déroule – bien, mais ce n’est pas très prenant. 7

Danae Kara (1953*) – 2018
Toucher à la fois perlé et sec. Assez ennuyeux. 6,5

Philipp Kopachevsky (1990*) – 2018
Assez lent, une belle musicalité. 7

Sebastian Longshanks Harrison (19??*) – 2018
Curieux disque non plagé, c’est assez horrible (dans ce genre d’exercice on trouve à chaque fois des OPNI : objets pianistiques non identifiés). 4

Fabian Müller (1990*) – 2018
C’est délicat, mais un peu mièvre. 6,5

Charles Owen (1971*) – 2018
Une belle version, un peu extérieure. 7

Craig Sheppard (1947* ) – 2018
Piano un peu zinguant, de l’allure, des nuances ajoutées, version attachante. 7,5

Stephan Sylvestre (19??*) – 2018
Encore une belle interprétation. 3e partie un peu en deçà. 7

Boris Berman (1948*) – 2019
Une édition du « Palais des dégustateurs »… C’est plutôt plat au palais, piano très monochrome même si c’est bien joué. 7

Sarah Beth Briggs (1972*) – 2019
Des intentions, mais qui font un peu téléphonées. 7

François Chaplin (19??*) – 2019
J’avais reçu ce CD il y a quelques temps et il ne m’avait pas emballé de prime abord. C’est élégant mais pas très inspirant. 7

Hortense Cartier-Bresson (19??*) – 2019
Là on raconte une histoire, tout est bien rendu, Più adagio vivant. 8

Chia-Chi Hsu (19??*) – 2019
Une pianiste qui aime bien les poires apparemment. C’est précautionneux, pas de ligne directrice. 6

Evgeni Koroliov (1949*) – 2019
Beaucoup d’intériorité, une belle version intimiste. 8

Makoto Ueno (1966*) – 2019
Piano sonnant, belle version. 7,5

Eric Lu (1997*) – 2020
Le plus récent (je n’ai pas accès à Stephen Hough). Lent, beau piano, manque un peu d »insight’. 7,5


Je retiendrai finalement onze versions pour la suite :
Egon Petri
Julius Katchen
Theodore Paraskivesco
Inger Södergren
Adam Laloum
Dieter Zechlin
Marc Pantillon
Jonas Vitaud
Vincent Larderet
Hortense Cartier-Bresson
Evgeni Koriolov

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