Beatrice Rana joue Ravel & Stravinsky

Que voilà un programme copieux et homogène : Miroirs et La Valse de Ravel et pour Stravinsky, des transcriptions pour piano de L’oiseau de feu de Guido Agosti (Danse infernale, Berceuse et Finale) et les trois mouvement de Petrushka. dans la transcription du compositeur.

Cette pianiste italienne de 26 ans a reçu les louanges de la critique pour ses précédents enregistrements. En consultant son site, j’ai d’ailleurs appris l’existence d’un festival de piano « Rudolf Firkusny » qui se tient en novembre à Prague, dont elle partage l’affiche cette année avec rien moins qu’Evgeny Kissin et Marc-André Hamelin.

Ce présent CD vient de recevoir un « Diapason d’or », elle n’aura néanmoins pas de « Vagne d’or » si je peux me permettre.

Je vais commencer par le positif – très  majoritaire : un pianisme ébouriffant de virtuosité et de superbes sonorités, un très bel instrument, bien capté, avec une grande image. L’Oiseau de feu est ébouriffant et Petrushka est épatant de vie et de caractérisation façon Commedia dell’arte, aux antipodes de la version « moderne » (ancienne ?) d’un Pollini il y a maintenant 47 ans, plus strict d’un point de vue métronomique, mais aussi moins caractérisé. On ajoutera les merveilleuses sonorités de la pianiste dans la transcription de Ravel de La Valse dans une vision que l’on pourra qualifier de « rhapsodique » mais habitée de bout en bout jusqu’au vertige final.

L’aspect un peu négatif est son interprétation des Miroirs qui ne m’a pas vraiment emballé. Par exemple la Barque : à force de vouloir faire des effets (magnifiques d’ailleurs), on perd le discours. J’ai réécouté le vieil enregistrement de Philippe Entremont chez CBS : on a là, avec le même niveau de virtuosité, même si bien différente – un discours qui se tient, une sonorité claire et pas embrumée, aucune recherche d’effet mais une construction qui vous prend par la main, alors qu’avec Beatrice Rana, j’ai trouvé qu’à force de recherches de sonorités, le discours manque de cohérence et la pièce paraît du coup bien longue. Mêmes remarques pour les autres numéros des Miroirs. Mais le mélomane y trouvera son compte en termes de gestes et de sonorités pianistiques remarquables.

Malgré quelques réserves, un très beau disque de piano.

Le CD sort le 25/10.

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