Anthologie Michael Jarrell

Il s’agit sans doute d’un des derniers enregistrements de Pascal Rophé à la tête de l’Orchestre national des Pays de la Loire dont il a été le directeur de 2014 à 2022. Grand défenseur du répertoire contemporain, il propose ici une anthologie orchestrale consacrée au compositeur suisse Michael Jarrell (1958*). 
J’avais été séduit par son Bérénice créé à l’Opéra comique  en 2018. À propos d’une précédente anthologie parue en 2017, j’avais écrit : « Si cette musique est plus intérieure que décorative, si l’orchestration de la dernière pièce n’est ni virtuose ni rutilante, l’auditeur est captivé par l’univers sonore proposé, le tout dans une ambiance assez chaude, privilégiant le registre medium ».

Paysages avec figures absentes – Nachsele (« Glanages ») IV (2009) est une pièce pour violon et orchestre jouée ici en soliste par Ilya Gringlots. Dès les premiers pizzicati du violon, on sait que la pièce ne sera pas dans le registre aigu. Si les « figures absentes » font référence d’après le compositeur au refus d’écrire trop de développements à l’orchestre, on assiste pourtant à un dialogue soliste : ensemble, entre très virtuoses du soliste et déflagrations orchestrales. Cette sorte de narration de près de 20′ soutient l’intérêt tout du long.

Suivent les Sechs Augenblicke (Six instants) pour orchestre (2022), les deux mouvements centraux étant plus resserrés. On notera des réminiscences du Sacre dans le n°3, ou du début des 3 pièces op.6 de Berg dans le n°4, mais peu importe, ce sont des pièces d’une grande beauté ; l’orchestration qui peut paraître parfois feutrée n’en est pas moins remarquable et l’ensemble est à la fois poétique et prenant. On retrouvera les mouvements de cordes et les appels de cuivres typiques de la musique de M. Jarrell. 

…un long fracas somptueux de rapide céleste… (1998) est pour percussion  soliste (Florent Jodelet) et orchestre. Œuvre très dynamique sans être débridée qui présente un dialogue permanent soliste / orchestre et contient des moments de grande poésie (passage central) qui surprennent agréablement compte tenu des caractéristiques de l' »instrument » soliste (excellent F. Jodelet). Encore une œuvre passionnante.

Citons l’auteur : « J’ai souvent dit que la composition était pour moi une expérience éthique. C’est ma manière d’avancer dans la vie, d’essayer de comprendre qui je suis, qui nous sommes et ce que peut signifier la vie.  » : un nouveau Mahler suisse ? 😉

Une superbe anthologie.

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