La pianiste italienne Pina Napolitano avait déjà signé une première mise en perspective de la musique de Brahms avec la deuxième école de Vienne, avec des œuvres pour piano solo (cf.).
Elle nous propose cette fois en miroir le concerto pour neuf instruments op.24 d’Anton Webern (1934) et le deuxième concerto pour piano op.83 de Brahms (1881).
Un des grands mérites de la pianiste est de faire chanter les œuvres dodécaphoniques, un autre est d’apporter ses qualités de timbre et d’articulation au répertoire romantique.
Cette version du concerto de Webern (qui ne dure que 7’30″…) est superbe de clarté et de couleurs, il faut entendre le mouvement central inspiré par la tombe de la mère de Webern pour apprécier le romantisme sous-jacent de nombre d’œuvres de la 2e école de Vienne.
Les références implicites à une autre bien-aimée (Clara) se retrouvent également dans le 2e concerto de Brahms. Certes, il ne s’agit pas d’une « version de référence » (Géza Anda me vient à l’esprit et son « abattage » que ce soit en studio avec Karajan ou en concert avec Kubelík) mais c’est une version aussi plaisante qu’intéressante. Plaisante, car dans des tempi plutôt modérés, l’œuvre de déploie sereinement, avec de belles sonorités à la fois au piano et à l’orchestre. Intéressante, car les qualités d’articulation de Pina Napolitano font merveille ici aussi, on a l’impression de redécouvrir certains aspects de la partition. Chapeau !
Un CD Odradek.