J’avais été séduit par le précédent disque de la soprano française Melody Louledjian consacré à un bouquet de fleurs de compositeurs français (ici). Elle se consacre ici à des Chansons françaises de Rossini, accompagnée par le pianiste italien Giulio Zappa.
Ces mélodies sont celles d’un compositeur presqu’à la retraite, un peu comme Sibelius : Rossini (1792-1868) abandonne l’opéra après Guillaume Tell en 1829. Mais contrairement au finlandais, il continuera à produire de nombreuses compositions jusqu’à sa mort dans sa maison de Passy, comme la Petite messe solennelle ou les Péchés de vieillesse.
Comme chez Mozart, on sent souvent le drame derrière la légèreté ou la fantaisie à l’écoute de ces 15 pièces.
Les deux premières Ariettes sur le même texte de Jean-Jacques Rousseau montrent déjà la sophistication de la ligne de chant et la richesse de l’accompagnement pianistique.
On notera des textes d’Emilien Pacini, librettiste français d’origine italienne (décidemment !) qui écrivit notamment la version française du Trouvère. On voyage du Tyrol à ¨Pékin en passant par l’Espagne. L’accompagnement d’Amour sans espoir fait penser au début de la Petite messe solennelle. Ce n’est décidemment pas « bouffe » : Au chevet d’un mourant, Adieux à la vie (avec une partie de piano prépondérante, parfois quasi schubertienne), L’âme délaissée...
Mais tout n’est pas triste dans ce récital si bien varié : la malicieuse Grande coquette ou la Chanson du bébé qui fait caca…
La voix chaude et ductile de Melody Louledjian caractérise superbement ces mélodies, avec l’accompagnement spirituel de Giulio Zappa, le tout étant très bien capté.
Un très beau disque.