La pianiste Lydia Jardon avait déjà publié en 2009 pour son label Ar Ré-Sé les sonates pour piano n° 2 à 4 de Nikolaï Miaskovski.
Quand tout jeune je commençais à m’intéresser à la musique, j’avais un oncle russophile qui, pour m’impressionner, me citait avec un fort accent russe les noms de Roslavets, Molotov ou Miaskovski…
Sans être très novatrice, la musique pour piano de Nikolaï Miaskovski (1881-1950) est cependant impressionnante. Ce compositeur, figure importante de la musique russe sous Staline, sera professeur de composition au Conservatoire de Moscou de 1921 à sa mort. Il subira comme tant d’autres les foudres du régime, se voyant taxé de « individualisme, décadence, pessimisme, formalisme et complexité »… Il a écrit 27 symphonies, 13 quatuors à cordes, 9 sonates pour piano, etc.
Si on se rappelle que la Première symphonie de Chostakovitch fut créée dès 1928 par Bruno Walter en Europe occidentale et Leopold Stokowski aux États-Unis, on ne sait plus aujourd’hui que Miaskovski sera le musicien russe le plus joué en Europe et aux États-Unis entre les deux guerres.
Voici donc les sonates n° 1, 5 & 9. Les deux premières sont des œuvres de jeunesse (1907), la 9e date elle de 1947.
Bach, Scriabine, Franck (3e mouvement), Rachmaninov, telles sont les figures qui rôdent dans cette première sonate, curieusement moins Prokofiev, qui fut son grand ami. C’est une musique à la fois exigeante et assez captivante, très construite, jamais bavarde ; Lydia Jardon en restitue superbement et l’architecture et les élans.
La Cinquième sonate est à la fois d’une structure plus simple et d’une plus grande sérénité, un peu comme une ballade brahmsienne ; musique très prenante.
La Neuvième sonate est en trois mouvements brefs, les deux premiers calmes et comme résignés précèdent une sorte de Toccata légère et virevoltante.
Un disque à la fois accompli et passionnant.