Ce premier album du trio Philia – accordéon, violon, violoncelle – aurait pu s’intituler « Rencontres » : les membres initiaux du trio se sont rencontrés au Conservatoire, l’accordéoniste Théo Ould a fait la rencontre de Régis Campo à la faveur d’un trajet en TGV et cette année, le même Régis Campo est compositeur en résidence cette année auprès du Festival d’Auvers-sur-Oise qui fête cette année ses 14 bougies et édite cet album. Album qui fut joué en public hier soir Salle Cortot.
Il y avait d’ailleurs une telle affluence que je me suis retrouvé pour une fois placé très haut, ce qui n’empêchait pas d’apprécier la merveilleuse acoustique de la salle.
Il n’existait bien sûr pas de partitions écrites pour cette formation atypique ; l’ensemble du programme est constitué de transcriptions, entourées par deux pièces – dédiées à cette formation – de Régis Campo : Open Time (2020) et Tweet dont c’était hier la création. Inutile de préciser que Régis Campo sait s’adapter à n’importe quel type de formation (cf. son récent concerto pour thérémine) et que l’on a pu retrouver au travers de ces deux pièces son univers rythmé, coloré et plein de fantaisie. Toujours amateur de bons mots, je n’ai pu m’empêcher de lui faire remarquer qu’il était bien dans la tradition de la musique française, ayant commis Tweet après le TikTok de François Couperin… (Tic toc choc pour être honnête). Durant le festival, outre Lucas Debargue, Fazil Say jouera également du Campo avec une création : « Pour Fazil ».
Le reste du programme de ce CD est donc consacré à des transcriptions :
- La Toccata de Prokofiev manque peut-être un peu de la percussion du piano, mais c’est une vraie recréation
- Fratres de Pärt donne l’impression d’avoir été écrit pour cette formation
- Le plus bluffant est peut-être la transcription du premier Trio pour piano de Beethoven, où cette fois on oublie le piano.
- Enfin la sonate de Vivaldi La Follia illustre bien la folie – contrôlée – du trio Philia.
Dans la discographie croissante de transcriptions pour accordéon, ce disque (très bien enregistré) rejoint le premier rang tant pour le programme que pour l’excellence des trois musiciens.