Le cas Pogorelich

Ma photo n’est pas terrible, mais rend bien compte finalement du caractère énigmatique du personnage. Je ne l’avais pas vu en récital depuis des années, mais c’est comme si je me retrouvais à Gaveau à l’époque, sauf qu’hier soir c’était dans la cathédrale des Invalides. Il se chauffait comme toujours au piano pendant que le public arrivait, affublé d’un bonnet et entouré de laines, un peu dans le rôle d’un accordeur, pour apparaître finalement tiré à quatre épingles devant ce même public.

À soixante et un ans, il est toujours fringuant, un peu lunaire – et il fallait le voir se tourner avec un regard d’acier quand une personne plus qu’indélicate le filmait avec une lumière sur son portable. J’avais glissé un mot à mon voisin Jean-Marc Warszawski de musicologie.org  : »J’espère qu’il n’est pas armé ! »

Au programme :
Bach, Suite anglaise no 3, BWV 808
Chopin, Barcarolle, opus 60 – Prélude, opus 45
Ravel, Gaspard de la Nuit

Un programme finalement un peu chiche. Un Bach façon Rachma et dans l’esprit et dans le piano, avec un contrôle du son hors pair, mais on s’y perd un peu. Idem pour les Chopin, mais quelle sonorité ! 

Son Gaspard est à la fois miroitant et statique, tellement déstructuré qu’au bout d’un moment on ne reconnaît plus l’œuvre à force d’intentions qui vont jusqu’à escamoter certaines lignes qui semble-t-il l’intéressent moins…

Pour résumé, c’est aussi envoûtant qu’enthousiasment et irritant… Si seulement il pouvait mettre sa technique transcendante (quel jeu de pédales, quel pianissimi véloces, etc. !) au service des partitions plutôt qu’à lui, ce serait parfait…

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