Jean-Noel von der Weid – Le flux et le fixe

Jean-Noël von der Weid – Le flux et le fixe

Jean-Noël von der Weid - Le flux et le fixe
Jean-Noël von der Weid – Le flux et le fixe

Je donne une lecture de cet ouvrage en présence de l’auteur le mardi 14 janvier 2014 : ici

On a toujours été intéressé et surtout intrigué par les rapports entre peinture et musique. Après sa superbe somme « La musique du XXe siècle« , on ne pouvait que se précipiter sur « Le flux et le fixe » de Jean-Noël von der Weid…

Bien que le texte lui-même ne compte qu’environ 180 pages, il s’agit  d’un livre très dense, sans une once de graisse ou de délayage ou de considérations personnelles. Son seul défaut, au grand dam de l’auteur d’ailleurs, est que les plus de 150 tableaux cités et décrits ne sont pas reproduits dans l’ouvrage. Le lecteur pourra donc en cliquant ci-dessous, consulter les œuvres dans l’ordre de leur citation dans le livre composé de 9 chapitres.

Galerie des tableaux cités dans l’ouvrage

Une entrée en matières nous interpelle : « l’oreille voit, pense dans la peinture […], l’œil entend, pense dans la musique ». J’avoue avoir été un peu circonspect à la première lecture de l’ouvrage, mais il m’est revenu en mémoire des concerts magiques où certains passages évoquaient nettement des couleurs, par exemple un concert de Svetlanov où une péroraison aux cuivres sonnait vraiment, pour moi, orange doré… (des recherches sont actuellement menées sur l’influence de la musique sur le corps humain – mais celle des œuvres picturales également – au travers de la dopamine cf. https://vagnethierry.fr/orchestral-hi-fi-dopamine-2/).
L’auteur convie alors Saint-Bernard, da Vinci, Rousseau, Wagner, Cage, Boulez pour montrer la constante interpénétration des deux univers.

Fusions et lisières débute en rappelant les 2 utilisations du mot chromatisme : l’échelle chromatique musicale avec ses 1/2 tons et l’ensemble des couleurs d’un tableau. Il cite Karlheinz Stockhausen offrant un cours de peinture de Paul Klee à Pierre Boulez : « le meilleur professeur de composition » et énumère la ribambelle de peintres qui furent également musiciens de da Vinci à Blanc-Gatti, ainsi que, moins nombreux, les musiciens qui peignirent : Hindemith, Schoenberg, Rihm…

Harmonie des mondes, de Pythagore à Gérard Grisey. 

De nombreux mythes musicaux d’Orphée aux satyres.

Vénus dévoilée par ses musiciens, titre auto-suffisant.

Dominante religieuse, du chant des anges à la « musique muette de l’horreur » des tableaux de Bosch.

Pratiques musicales : des leçons de musique peines de « sous-entendus » de Boucher, Fragonard… aux concerts privés et aux pratiques instrumentales solistes, jusqu’à la voix.

Semblances et ressemblances : toute une galerie de portraits de compositeurs et de musiciens, comme Stravinski par Jacques-Émile Blanche, ce « rapin chic et perspicace ».

Esthétiques singulières : avec Kupka qui « s’attache à introduire le rythme dans les couleurs » et pour qui la ligne peut presque se « comparer à la baguette du chef d’orchestre, dirigeant la matérialité des étendues ».

Carré noir et bruit blanc ou « le dévoilement du rien » et un final.

Encore un maître-livre…

Jean-Noël von der Weid – Le flux et le fixe – Fayard – 2012 – 227 p. – 18 €

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