Je m’aperçois que j’avais fait un papier sur cinq des CDs en compétition pour l’édition 2020 du Grand Prix lycéen des compositeurs :
Régis Campo – Street Art
Édith Canat de Chizy – Visio
François Meïmoun – Le Chant de la terre
Gabriel Sivak – La Patience – Formes de la voix
Fabien Touchard – Beauté de ce monde
Je me garderai bien de donner ma préférence, connaissant certains des impétrants, mais comme je pense – en toute modestie – que nos chères têtes blondes vont se ruer sur ma prose pour forger leur avis, je me devais de chroniquer le sixième CD concurrent – une anthologie du compositeur d’origine canadienne, Samuel Andreyev (1981)* : « Music with no Edges ».
La musique de Samuel Andreyev est à la fois originale et attachante. Les pièces réunies ici, aux titres neutres, fait appel à de petits effectifs et recourt parfois à des instruments miniatures : piccolo, clarinette piccolo…
Citons les propos du compositeur :
"Depuis des décennies, je suis envoûté par un cauchemar particulièrement évocateur. Mes rêves sont envahis, avec une régularité excessive, par un micro-drame, un spectacle onirique en miniature. La mise en scène de ce cauchemar récurrent est située dans une pelouse de banlieue vue d’en bas. Des brins d’herbe et les tiges de mauvaises herbes se dressent au dessus de fourmis, de coléoptères et d’autres insectes. Éparpillés dans les herbes, les roues, ressorts, vis et pignons d’une montre à gousset se confondent. Les insectes se mettent à porter ces outils de précision sur leurs carapaces et entre leurs pinces. Les instructions de ce paysage onirique d’insectes sont chuchotées en un langage silencieux de rythmes décalés, d’harmonies inattendues et de messages codés communiquant des directives qui chatouillent les synapses avec un code morse de monstruosité miniature. Les pièces sont recueillies lentement – en un silence oppressif – jusqu’à ce que les mécanismes de l’horloge commencent à trouver leur place au sein d’une structure plus vaste. Lorsque la trotteuse est mise en place et commence à faire tic-tac, le rêve s’arrête brusquement, remplacé par une brume d’électricité statique".
Je suggère de commencer l’écoute par le Strasbourg Quartet (pour flûte, clarinette, percussion et violoncelle), quatre pièces très représentatives du style du compositeur, avec une multitude d’événements, de l’enfantin au mystérieux.
À noter que Samuel Andreyev propose sur sa chaîne Youtube une série d’analyses d’œuvres, de Schoenberg à Ferneyhough ou Pink Floyd.