L’ouvrage traite des œuvres écrites pour la main gauche au piano. Si l’on y traite des conséquences des amputations, blessures ou autres dystonies focales du bras droit, le moins que l’on puisse dire – je ne sais s’il est droitier – c’est qu’Étienne Barilier ne connaît pas « la crampe de l’écrivain » : il doit avoir au moins un cinquantaine d’ouvrages à son actif dans de nombreux genres, dont les excellents Musique, Piano chinois, Un Véronèse, Ruiz doit mourir ou Exil et musique.
C’est toujours un bonheur de lire un de ses nouveaux ouvrages tant la langue est subtile, maîtrisée et le propos aussi juste qu’érudit.
On voyagera donc dans le temps à la découverte des œuvres écrites pour la main gauche, de la 9e étude op.12 d’un certain Ludwig Berger en 1819 jusqu’à Ohana, Ligeti et des compositeurs contemporains. Défilent un grand nombre d’interprètes ou de compositeurs : Brahms avec sa transcription de la Chaconne de Bach, Leopold Godowsky, Scriabine, Paul Wittgenstein bien sûr avec Britten, Hindemith, Korngold, Prokofiev, R. Strauss… Ottakar Hollmann avec Janáček, Martinů ou Schulhoff jusqu’aux modernes et aux contemporains.
Un voyage pittoresque et vivant dont l’acmé est bien sûr le Concerto pour la main gauche de Ravel. L’ouvrage mentionne l’existence d’une grande anthologie en 10 CD du répertoire pour la main gauche par le pianiste Maxime Zecchini, anthologie parue chez Ad Vitam Records. Cf. également deux disques d’anthologie Wittgenstein et Hollman [en] parus chez Pragadigitals qui devraient être réédités prochainement.
La grande question demeure : il n’aurait jamais existé de pianistes ayant perdu l’usage de la seule main gauche ?
Pour la main gauche – Éditions Premières loges – 2021 – 240 p. – 20 €