Esa-Pekka Salonen – Philharmonia – Turangalîla

Turangalîla : le nouveau Boléro ou « musique de bordel’ ?

Esa-pekka Salonen, Pierre-Laurent Aimard, Valérie Hartmann-Claverie, Philharmonia orchestra
Esa-pekka Salonen, Pierre-Laurent Aimard, Valérie Hartmann-Claverie, Philharmonia orchestra

Un sous-titre provocateur : cette œuvre connaît un succès mondial depuis sa création à Boston par L. Bernstein en 1949. Elle fut pourtant vivement critiquée par les collègues de Messiaen : Boulez : « musique de bordel », Stravinsky : « il suffit simplement de beaucoup d’encre pour écrire une telle musique », Virgil Thomson, etc. J’ai eu moi-même le malheur de dire à Philippe Manoury qu’une ou deux mesures d’une de ces œuvres semblaient sorties de cette symphonie : aïe aïe…
Il n’empêche qu’étant jeune, ce fut pour moi une porte vers la fréquentation de la musique contemporaine, fréquentation qui comporta donc au début beaucoup de Messiaen. Évidemment, cette musique me paraît maintenant assez simple, non exemple de quelques truismes, mais son côté naïf tant dans les passages oniriques que tonitruants fonctionne (j’ajouterais qu’il y avait parfois comme des réminiscences des Métamorphoses d’Hindemith ou de Lutoslawski…).
Je n’avais jamais eu la chance de voir Salonen en concert ; bien que dans mes différentes discographies comparées ses disques ne sortaient pas vraiment du lot (et j’y inclue ses 2 Sacres) – avec cependant un superbe Concerto pour orchestre de Lutoslawski – j’attendais cette soirée avec impatience et ne fut pas déçu.

Il donnait cette même œuvre à Chicago il y a quelques jours, avec la même « ondiste », Valérie Hartmann-Claverie. Sa battue évidente sécurisait et emportait tout l’orchestre, et à la toute fin il me rappelait Svetlanov dans sa gestion du fffff… (avec quand même quelques stridences au niveau des ondes Martenot : « çà déchire… »). Pierre-Laurent Aimard, à part dans le Jardin du soleil d’amour, jouait sans partition : c’est que l’œuvre semble réservée aux pianistes français ; Aimard, Muraro, Thibaudet…, sans parler des « ondistes » (une vraie niche…). L’orchestre était excellent (juste un peu plus de cordes parfois n’aurait pas nui), il n’y avait d’ailleurs pas de place supplémentaire sur la scène…
Vivement un prochain concert avec EPS !

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