Encore des pianistes féminines : Beatrice Rana et Élodie Vignon

On pourrait dire que l’une subjugue (Rana) et que l’autre émeut (Vignon). C’est un peu plus compliqué que cela mais peu importe, tant les deux transportent.

Beatrice Rana

Les études

Je ne critique ici en général que des disques que l’on ma envoyés et qui m’ont plu, mais il y a quelques exceptions, comme celui de Beatrice Rana qui est comme une fenêtre ouverte laissant passer l’air du large : le piano est grand, d’une sonorité toujours voulue, d’une échelle dynamique aussi variée que contrôlée, d’une digitalité impressionnante, avec un art consommé du rubato. C’est intéressant de comparer avec la fameuse version Pollini de 1972 (!), encensée alors, décriée depuis : c’est plus droit, avec un discours plus concentré, mais aussi parfois corseté – trop grand respect du rythme ?) – et sec (la prise de son n’aide pas). On a plus de liberté et de sonorité chez Rana et, même si parfois on pense à Rachmaninov, c’est sûrement une version exceptionnelle. 

Scherzos

Une première écoute m’avait fait bondir sur ma chaise pour les Études, mais un peu froncer les sourcils pour les scherzos. Une deuxième confirme cette impression : des moments très réussis, toujours un magnifique pianisme, mais le discours se perd un peu. Comme pour son précédent CD, on est tellement ébloui par les qualités pianistiques que l’on s’en veut presque d’émettre quelques réserves ‘stylistiques’.

Élodie Vignon

Son précédent CD Dutilleux m’avait beaucoup plu et j’espère en apprendre plus prochainement sur cette pianiste. Au programme, la Suite espagnole d’Albéniz, Trois études de concert et Trois sonnets de Pétrarque de Liszt. Ici, peut-être moins de fulgurances techniques qu’avec Beatrice Rana, mais au moins autant d' »insight ». Si la précédente me subjuguait, Élodie Vignon nous prend par la main au long de ces non moins superbes partitions : les Albéniz sont un enchantement de timbres, de conduite des phrases : pas de grand ‘abattage’, mais de la musique tout simplement, avec un sens du rythme sans ostentation, mais très efficace.

Les pièces de Liszt : fluidité de la Leggierezza, Un Sospiro à pleurer car si bien timbré, conduit et non sollicité. Le reste à l’avenant mériterait des commentaires complémentaires.

Deux grands disques de piano.

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