- Visio (2016) pour 6 voix mixtes, ensemble instrumental et électronique – Ensemble Solistes XXI et Ensemble Multilatérale, direction : Léo Warynski
- En noir et or (2017), quatuor à cordes n°4 – Quatuor van Kuijk
- Lament (2015) pour alto solo – Christophe Desjardins, alto
- La ligne d’ombre (2004) pour orchestre – Orchestre Français des Jeunes – David Zinman
- Missing (2017) concerto pour violon et orchestre – Fanny Clamagirand, violon. Orchestre national de France – John Storgårds
Il est agréable de constater qu’une compositrice comme Edith Canat de Chizy écrive des propos liminaires de ses œuvres et on appréciera le texte d’analyse de l’excellente Michèle Tosi, engagé et savant.
Il se trouve que j’ai assisté à la création de La ligne d’ombre et de Missing et que j’avais rencontré Edith Canat de Chizy il y a maintenant un an et demi. À chaque fois ont est impressionné par le mouvement, la gestion du temps et la raffinement de l’orchestration et des timbres.
Visio est la pièce la plus développée de cette anthologie confrontant voix et instruments à voix, elle est basée sur des textes de Hildegarde von Bingen relatifs à l’Univers. L’œuvre cherche à suggérer l’idée de la poétesse médiévale de « mouvement circulaire’, avec notamment l’utilisation d’une électronique à la fois enregistrée et en temps réel. Les textes sont en français et en latin, à la fois parlés, chantés, psalmodiés, homophoniques ou non ; on aurait juste aimé les avoir à disposition. C’est une pièce très vivante, colorée, foisonnante, dans un univers quasi cosmique.
En noir et or – Le compositeur français coutumier des œuvres inspirées par des tableaux est sans doute Hugues Dufourt. Ici la pièce est inspirée du Nocturne en noir et or de James Abbott Whistler. Musique nocturne donc nombre : de jeux différents sur les cordes viennent suggérer l’ambiance et les effets de feux d’artifice. Cette fois on regrette la brièveté de l’œuvre tant elle est chargée de mystère en quelques minutes.
Lament donne l’impression d’avoir un trio à cordes devant soi alors qu’il n’y a qu’un alto naturel… Musique très prenante qui devrait entrer au répertoire des altistes, tant elle demande de qualités techniques, ici apparemment réunies.
La ligne d’ombre – Basé sur une nouvelle de Joseph Conrad décrivant l’attente d’une tempête sur un navire immobile. C’est sorte de crescendo et d’accelerando avec de multiples événements sonores qui traduisent cette attente, même si l’œuvre ne se termine pas dans la déflagration attendue…
Missing – Je retrouve l’impression du live : musique miroitante – quelle orchestration ! Cette œuvre dédiée à la mémoire du violoniste David Erlih (qui mériterait une page sur Wikipedia), écrasé par un camion en 2012 en sortant du Conservatoire. Il ne s’agit pas d’un concerto pour violon traditionnel, mais un dialogue constant entre violon et orchestre. Jeux innovants et très variés pour la partie soliste, orchestration sophistiquée, encore une fois toute une série d’événements sonores enchantent l’oreille et donner envie de replonger la cuillère dans le pot de miel…
Une très belle anthologie, servie par d’excellents musiciens.