Poursuite de la « défense et illustration » de Daniel Barenboim. Malgré les critiques – et l’avis d’un certain génial pianiste interviewé récemment – je persiste à trouver superbe de couleurs et « d’insight » sa dernière compilation Debussy, impression confirmée par l’écoute comparée de la Cathédrale où sa version faisait partie de mes quatre préférées parmi 160… J’avais d’ailleurs pris « un coup de sang », lisant certaines critiques, en établissant sa discographie complète en tant que pianiste et chef (toujours incomplètes) – ce qui me fait penser que j’ai en chantier l’écoute de l’intégrale des enregistrements de l’Orchestre de Paris où figure d’ailleurs l’un des pires Sacre de la discographie dirigé par un certain Barenboim… comme quoi).
On moque, parfois avec raison, la boulimie de ce pianiste, chambriste, accompagnateur, chef d’orchestre et de fosse, mais c’est oublier son génie musical unique (deux pianistes interviewés récemment me vantaient tous deux son op. 111).
Il connaît bien sûr son Brahms comme personne, rappelons par exemple sa fameuse intégrale des sonates pour violoncelle avec Jacqueline Du Pré. J’ai écouté trois fois de suite ce nouveau cycle avec sa Staatskapelle Berlin, tellement j’ai été pris. J’ai ensuite voulu comparer avec mon chef fétiche Rafael Kubelík : j’ai acquis récemment la réédition de son intégrale avec Vienne chez Éloquence espérant enfin avoir un son correct : c’est toujours aussi désespérant de brutalité sonore et son remake live avec la Bavaroise est toujours aussi pâlot de son…
J’ai trouvé cette nouvelle intégrale superbe : le galbe des phrasés, l’équilibre général, la vie constante, la pâte sonore à la fois dense et lumineuse : à chaque transition j’ai entendu ce que j’avais anticipé ; on peut traiter ces lectures de traditionnelles, mais sans remonter aux vieilles références, j’en connais peu qui suscitent autant l’attention et l’empathie.
Que va-t-on reprocher ? Une image sonore un peu globale (mais Brahms n’est pas un orchestrateur du type Berlioz ou Rimsky). Un orchestre moins transcendant que par exemple Chicago (sa première intégrale de 2010, impressionnante mais aux sonorités moins amènes – voire dures – et qui concerne moins).
Bref à écouter.