Archives de catégorie : Découvrir la musique contemporaine

Sélection de disques / médias pour découvrir la musique contemporaine

Franz Schreker – Brilliant classics

S’il est un compositeur autrichien mal connu – en France tout du moins – c’est notamment Franz Schreker (1878-1934). Franz Schreker (1878-1934) is still not very well known outside Austria or Germany. Jew of birth, he will know the greatest honors (Academy of Vienna, Director of the Berlin Academy in 1920 with such professors as Paul Hindemith, Artur Schnabel and Arnold Schoenberg… After being dismissed of all his functions in 1933 by the Nazis, he dies (fortunately?) in 1934, at 56.

Juif de naissance, il connaîtra les plus grands honneurs (Conservatoire de Vienne, Directeur du Conservatoire de Berlin en 1920 avec comme professeurs nommés alors, des pointures telles que Paul Hindemith, Artur Schnabel et Arnold Schoenberg… Après avoir été démis de toutes ses fonctions en 1933 par les nazis, il meurt (heureusement ?) en 1934 à 56 ans.

Il connaîtra de grands succès publics avant la stigmatisation de l’extrême-droite des années 30.

Brilliant classics reprend ici des prises qui permettent de faire un tour rapide  de sa production (rien de ses nombreux opéras bien sûr) sous la direction apparemment très érudite du chef d’orchestre et pédagogue Peter Gulke, avec les orchestre et chœur de Cologne. Il est évidemment scandaleux que « l’éditeur » ne mentionne pas l’origine des ‘bandes’ ni la date d’enregistrement.

Certes, c’est de la musique « Zemlinsko-Mahlero-Straussienne », plutôt dans cet ordre, mais on trouvera dans cette boîte de 2 CD à prix modique de quoi titiller l’oreille du mélomane non réfractaire à une certaine ambiance fin de siècle, mais pas « décadente » pour autant : on a toujours l’impression d’une nostalgie nazi quand on voit qualifier ainsi la Vienne du début du XXe siècle (Klemperer, Hindemith ou Schoenberg, par exemple, décadents ?).

On ne va pas rentrer dans le détail (cf), et on passera sur une Symphonie n°1 un peu laborieuse. On trouvera surtout quelques chefs d’œuvres : et d’abord la participation de Gert Westphal comme narrateur, ‘sprechgesanger’ plutôt, notamment dans Das Weib des Intaphernes, œuvre très prenante même quand on ne comprend comme moi qu’un mot sur quatre (pas de livret évidemment) ; un récitant épatant, parfois un peu façon Ustinov : on n’a pas de souvenir à part Pierrot lunaire d’un mélodrame où l’intégration voix-musique est si réussie. Autres moments fort : 5 Gesange par l’excellente soprano Mechtild Georg et le Psaum 116, très Requiem de Brahms et 8e de Mahler.

N’hésitez pas vu le prix – si vous n’êtes pas germanophobe, vous le réécouterez…

He will meet be great public successes before the stigmatization of the extreme-right in the Thirties. Brilliant classics in this 2 CD set presents examples of his production (nothing about his numerous operas of course) under the conductor and pedagogue Peter Gulke, with the Cologne orchestra and chorus.

Besides a so-so Symphony n°1, some great works: first the participation of the great Gert Westphal as narrator, `sprechgesanger’ rather, in particular in Das Weib of Intaphernes, a very fascinating piece (but no booklet…). Other strong moments : 5 Gesange by the excellent soprano Mechtild Georg and the Psaum 116, very Requiem of Brahms and 8th of Mahler like. Do not hesitate considering the price – if you are not Germanophobe, you will go back to it…

 

Ravel – Tombeau de Couperin

On s’est rappelé que l’on avait 3 versions de concert du Tombeau de Couperin de Ravel par Kubelik ; pourquoi pas une petite comparaison avec les versions officielles dont on dispose ?
Je ne reviendrai pas ici sur le fait que ce très grand chef fut mésestimé – en partie par sa faute, lui qui détestait le ‘star system’ – mais d’autant plus dans le répertoire français : ce fut notamment un grand Berlozien (il fut principalement à l’origine de la redécouverte des Troyens, pas Colin Davis, par exemple).
Au-dessus, les versions dont on dispose ; on voit que Martinon est le plus lent, Paray le plus rapide, Tharaud est là comme témoin pour la version orginale pour piano.

Chacune des six pièces est dédicacée à des amis du musicien, tombés au feu au cours de la Première Guerre mondiale.
Prélude – à la mémoire du lieutenant Jacques Charlot (qui travailla sur sa musique aux éditions Durand)
Fugue – à la mémoire de Jean Cruppi (dont la mère avait participé à la mise en scène de L’Enfant et les sortilèges)
Forlane – à la mémoire du lieutenant Gabrel Deluc
Rigaudon – à la mémoire des frères Pierre et Pascal Gaudin
Menuet –  à la mémoire de Jean Dreyfus (beau-frère de Roland-Manuel)
Toccata  – à la mémoire du capitaine Joseph de Marliave (ce dernier, musicologue, était l’époux de Marguerite Long qui donna la première du Tombeau de Couperin).

4 pièces seront ‘orchestrées’ (plutôt recomposées) en 1929 : PréludeForlaneMenuet et Rigaudon.
L’écoute de la version Tharaud (d’une prise de son peu précise) met l’accent – avec talent et distinction -, comme on s’y attendait connaissant le répertoire du pianiste, sur le classicisme de l’oeuvre. Un peu comme pour Mozart, la perfection classique et parfois glacée de Ravel nous semble  toujours un paravent masquant sinon une angoisse, en tout cas un mystère, même si le pastiche peut tourner à la pochade secrète : cf. analyse de la Forlane

Prélude
Paray est donc très rapide, avec un orchestre et une prise de son très brillants.
Cluytens parait moins décidé, c’est moins bien fini orchestralement.
Kubelík 1962 : malgré la mauvaise prise de son, on entend bien que ce sont des bois allemands, un peu plus « patauds », on regrette le ‘piqué’ des cordes de Paray, mais le drame sous-jascent jusque là apparaît au n° 7, avec la trompette ; le concert de 1972 toujours à la Bavaroise paraît un peu en deçà.
Boulez à New York pâtit d’une prise de son un peu distante, c’est très bien en place, mais l’intérêt se dissipe peu à peu.
Martinon bénéficie de bois et de vents superbes, c’est beau sans plus.
Dans la même durée, revoici Kubelík à Chicago en 1983, de belles intentions, mais comme Boulez, cela manque d’animation dans la 2e partie.
Gelmetti : c’est tout juste si l’on entend les hautbois, on laisse pour la suite.


Pour la Forlane, on peut entendre l’original de Couperin ici.

Paray : on n’entend pas assez les bois, notamment la flûte, mais c’est très élégant (toujours ces cordes).
Cluytens : On entend mieux les timbres, çà manque un peu d’allant, on aime bien les hautbois un peu nasillards. La 2e partie est mieux, finalement très ‘Forlane’ et très ‘Couperin’.
Kubelík est sans doute mieux : 

C’est encore mieux en 1972 : de la tenue, du chic.
Boulez : la plus lente, du coup les appuis sont un peu trop marqués, c’est dommage, de beaux timbres.
Martinon : plus de ‘chair’, plus de timbres, d’expressivité aux cordes, c’est un peu moins bien en place que chez Boulez mais bien plus vivant et coloré.
Kubelík – Chicago : c’est un peu moins bien tenu qu’avec la Bavaroise, mais de beaux moments de poésie.

Menuet

Paray, le plus rapide, est parfait, Cluytens paraît un peu survolé : des détails n’apparaissent pas, certaines indications sont plus ou moins respectées… on l’écarte.
Kubelík 62 : en plus de sa science des cordes de par sa formation de violoniste, il savait faire dialoguer les bois et les vents comme personne ; la version la plus émouvante jusqu’ici. A peine moins heureux en 1972.
Boulez toujours lointain, on ne se sent pas concerné, on écarte.
Martinon fait le plus penser à Kubelík, dont il était très proche, comme Klemperer – superbe fusion des timbres, un petit peu sollicité (cordes).
Kubelík en 83 est un peu plus rapide, un peu moins bien qu’avec ses Bavarois.

Rigaudon
Paray court la poste et cette fois çà semble un peu trop rapide, mais la Pastorale centrale est pleine d’esprit.
Kubelík 62 sonne un peu plus épais, mais c’est l’évidence même avec des rythmes de danse plus affirmés. C’est encore une fois à peine moins bien en 72.
Martinon : c’est assez cuivré, beaucoup de ‘chic’ au bon sens du terme.
Kubelík 83 est plus lent, toujours un peu moins bien qu’à Munich.

Conclusion : Martinon (EMI)  est un premier choix dans une superbe intégrale Ravel, Paray (Mercury) a ses atouts dans un CD qui comprend aussi des Escales de Jacques Ibert atmosphériques à souhait. La qualité des versions Kubelík montre une fois de plus qu’il n’est pas nécessaire de chanter dans son arbre généalogique pour interpréter une musique d’une autre nationalité. Si Audite pouvait rééditer ce concert…

 

Remembering I get 3 versions in concert of Ravel’s Le tombeau de Couperin by Kubelik, why not a small comparison with some official versions?

I won’t repeat here how much he is unconsidered, partly by his fault, rejecting fiercely the “star system” – but all the more in the French repertory: he was in particular a great Berlozian (he was mainly at the origin of the rediscovery of les Troyens, for example).

Above, the versions I get; it appears that Martinon is the slowest, Paray the fastest, Tharaud is here as a witnesses for the original version for piano.

Each of the six parts is dedicated to friends of the musician, who died during the First World War.

Prélude – to the memory of lieutenant Jacques Charlot (who worked on his music with the Durand editions)
Fugue – to the memory of Jean Cruppi (whose mother had taken part in the setting in scene of L’enfant et les sortilèges)
Forlane – to the memory of lieutenant Gabrel Deluc
Rigaudon – to the memory of the brothers Pierre and Pascal Gaudin
Menuet – to the memory of Jean Dreyfus (brother-in-law of Roland-Manuel)
Toccata – to the memory of captain Joseph de Marliave (this last, musicologist, husband of Marguerite Long who gave the première of Le tombeau de Couperin).

4 parts “will be orchestrated” (rather recomposed) in 1929: Prelude, Forlane, Menuet and Rigaudon. The listening of the Tharaud version (in a sound lacking of focus) emphasizes – with talent and distinction – the classicism of the work.

Prélude

Paray is very fast, with brillant orchestra and sound recording.
Cluytens appears less decided, is less orchestrally refined
Kubelík 1962: in spite of the bad sound, one hears well that they are German wood, a little more lumpish, one regrets the “piqué” of the strings with Paray, but the drama under-jascent until there appears with the n° 7, with the trumpet; the concert of 1972 with the Bavarian again appears a little bit below.
Boulez in New York suffers from a little distant sound recording, it is very well tuned, but the interest fades rapidly.
Martinon profits from superb wood and winds, it is beautiful without more.
In the same duration, again Kubelík in Chicago in 1983, beautiful intentions, but as Boulez, it misses some animation in the 2nd part.
Gelmetti: you can hardly hear the oboes are heard, we will discard it.

Forlane, one can hear the original of Couperin here.

Paray: one does not hear enough woods, in particular the flute, but it is very elegant (always these strings).
Cluytens: One hears better the tones, it lacks a little bit of energy, we like the oboes, a little nasal. The 2nd part is better, finally very “Forlane” and very “Couperin”.
Kubelík is undoubtedly better:

It is still better in 1972.
Boulez: the slowest, accents are marked a little too much.
Martinon: more “flesh”, more colors, more expressive strings, a little less refined than Boulez but much more living.
Kubelík – Chicago: it is a little less better held that with the Bavarian one, but there are beautiful moments of poetry.

Menuet

Paray, the fastest, is perfect,
Cluytens appears a little overflown: details do not appear, some indications are more or less respected…
Kubelík 62: in addition to his science of the strings from his violinist career, he could make dialogue wood and winds like no one; this is the more moving version  up to now.
Almost as good in 1972.
Boulez  always remote, one does not feel concerned.
Martinon makes more think of Kubelík, to whom he was very close, as with Klemperer – superb fusion of tunes, solicited a little bit (strings).
Kubelík in 83 is a little faster, a little less good than with his Bavarians.

Rigaudon

Paray is a little too fast, but the Pastoral part is full with spirit.
Kubelík 62 sounds a little thicker, but it is the obviousness even with more marked rates/rhythms of dance. It is once again hardly less good into 72.
Martinon: it is rather coppered, much of “knack” in the good sense of the term.
Kubelík 83 is slower, always a little less good than in Munich.

 Conclusion

Martinon (EMI) is a first choice in a superb Ravel integral, Paray (Mercury) has its assets in a CD which includes also atmospheric Escales of Jacques Ibert.
The quality of the Kubelík versions shows once more that it is not necessary to sing in its family tree to interpret a music of another nationality. If Audite could publish this 1962 concert…

PragaDigitals – Collection Stravinsky

Pragadigitals vient d’éditer une compilation Stravinsky« Des fastes rymskiens à l’écriture sérielle », composée principalement d’enregistrements réalisés en Tchécoslovaquie :

  • L’Oiseau de feu – Orchestre philharmonique tchèque – Christoph von Dohnányi – Live – 1980
  • La Symphonie en ut – Orchestre philharmonique tchèque – Václav Neumann – 1970
  • Les Noces – Chœur et Orchestre de la radio de Prague – Zdenék Kosler – 1982
  • L’Histoire du soldat – Suite – Boston symphony players – Live – 1980

  • Trois pièces pour quatuor à cordes – Concertino pour quatuor à cordes –  Quatuor de Tokyo – 1987
  • Trois chansons de William Shakespeare – Milada Boublíková, mezzo-soprano – Membres de Musica Nova Pragensis – 1971

On attirera d’abord l’attention sur L’Oiseau de feu (ballet intégral) – une version en public superbe, notamment pour son animation, son élégance, sa poésie magnifiée par les bois et vents de l’orchestre philharmonique tchèque : les timbres des instruments / instrumentistes, la superbe sonorité de la salle, l’organisation qu’y met le chef, tout concoure à une lecture très poétique . Le tout dans un son exceptionnellement bien restitué, mais on connaît le talent des ingénieurs  tchèques utilisés par Pierre Barbier (cf. la fameuse réédition Mravinsky).

Vaclav Neumann & Rafael Kubelik

Suit Václav Neumann dans une superbe Symphonie en ut qui, là aussi, bénéficie des qualités de l’orchestre tchèque. Les Noces par Zdenék Kosler manquent peut-être un peu de fermeté rythmique mais bénéficient d’un excellent chœur ; à noter la toute fin « messiaennique » mêlant cloche, les 4 pianos et crotales.

La suite de L’Histoire du soldat est superbement donnée par les Boston symphony players avec le fameux Joseph Silverstein au violon.

Les œuvres pour quatuor à cordes sont magistralement rendues par le quatuor de Tokyo, notamment la 3e pièce « Cantique » des Trois pièces pour quatuor.

Enfin, une des premières sérielles de l’auteur, les Trois chansons de William Shakespeare pour voix, violon, flûte et clarinette, de 1953 montrent que l’auteur pouvait ‘faire du Stravinsky’, même avec la technique Schoenbergienne…

Bref, un splendide panorama Stravinskien en SACD.

 

A new Stravinsky collection at PragaDigitals « From Rymskian splendors to the serial writing » basically made of Czechoslovak recordings:

  • The Firebird – Czech philharmonic – Christoph von Dohnányi – Live – 1980
  • Symphonie in C – Czech philharmonic – Václav Neumann – 1970
  • The Wedding – Prague radio symphony and choir – Zdenék Kosler – 1982
  • The Soldier’s Tale – Suite – Boston symphony players – Live – 1980
  • Three pieces for string quartet – Concertino for string quartet –  Tokyo string quartet – 1987
  • Three songs from William Shakespeare– Milada Boublíková, mezzo-soprano – Membres de Musica Nova Pragensis – 1971

First a superb live reading of the Firebird (complete ballet) : lively, elegant, poetic, thanks to the Czech winds & brass. Superb rendering as always from the Czech engineers used by Pierre Barbier (cf. the famous Mravinsky release), bewitching.

Then Václav Neumann in a superb Symphony in C with, again, the Czech philharmonic qualities. The Wedding by Zdenék Kosler maybe not the most motoric one, but we have here an excellent choir.

The Soldier’s Tale suite is superbly done by the Boston symphony players with the famous violinist Joseph Silverstein.

Magistral readings of the works for string quartet by the Tokyos, especially the 3rd piece « Cantique » from the Three pieces for string quartet.

Finally, one of the first serial works by Stravinsky, the Three songs from William Shakespeare for voice, violin, flute and clarinet (1953) the author was able to produce some ‘Stravinsky’, even with Schoenberg’s technique…

Découverte de Sarah Nemtanu – Sarah Nemtanu : a discovery

On a eu le bonheur d’assister hier au Châtelet, lors d’une soirée de gala pour Amnesty International, à un concert donné par l’Orchestre national de France dirigé par Kurt Masur : Concerto pour violon de Tchaïkosvky et 1e de Chosta.
L’émotion était palpable au niveau des musiciens de l’orchestre d’être encore ce soir-là dirigés par cet homme de 85 ans atteint sévèrement par la maladie de Parkinson. Son esprit lui permettait néanmoins de mener son orchestre, à l’aide de petits gestes de la main ou du dos, le tout dans des tempi certes mesurés : s’il n’a jamais été un chef « flamboyant » comme le regretté Svetlanov, il a toujours donné des interprétations impeccables. L’orchestre donna une très belle lecture de la 1e de Chostakovitch (la salle du Châtelet n’est certes pas idéale, mais au moins on n’a pas les oreilles qui vrillent dans les fortissimi).
Mais la révélation du concert fut la soliste Sarah Nemtanu, nommée en 2002  premier violon solo de l’Orchestre national de France, elle semble amenée à développer une brillante carrière de soliste ; on ne s’avait qu’admirer le plus : la virtuosité, la sonorité, le sens du rythme et de la phrase, son interprétation était à la fois sensible, teintée d’humour et surtout émouvante. On a entendu encore plus impérial (Oistrakh…), flamboyant (Zuckerman…), mais rarement une lecture d’une telle évidence ! (28/4/12)En complément, Sarah, fille de Vladimir Nemtanu, ancien violoniste soliste de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine, est aussi la sœur de Deborah, violon solo super soliste de l’Ensemble orchestral de Paris… Artiste éclectique (son disque Gypsic, ses concerts avec Didier Lockwood…), elle se produit régulièrement avec sa sœur.On a été très ému d’apprendre la chute de Kurt Masur dans le public lors du concert de jeudi dernier au Théâtre des Champs Élysées. En le voyant arriver la veille sur son podium, on avait remarqué un geste furtif, comme pour vérifier la solidité de la barre arrière de protection… On râle suffisamment contre les interdictions de prendre quelques photos, sans flash bien sûr, que ce soit en concert ou en exposition, pour se réjouir d’apprendre qu’un trompettiste de l’orchestre a pris à partie un spectateur qui tentait à tout prix de prendre une photo du chef effondré : il y a des limites à l’abjection… (1/5/12 : les nouvelles sont rassurantes…).
Au fait pourquoi pas la version sur Ehru ?
We attended at the Châtelet yesterday, an official reception for Amnesty International, with a concert given by the national Orchestra of France conducted by Kurt Masur: Tchaikovsky Concerto for violin of and 1stby Shostakovich.The emotion was palpable among the musicians to be still this evening directed by this 85 year old man severely ill from Parkinson’s disease. Its spirit enabled him nevertheless to carry out the orchestra, using small gestures of his hands or his back – the whole concert was given in certainly measured tempi: if he has never been a “blazing” conductor like the late Svetlanov, he always gave impeccable interpretations. The orchestra gave a very beautiful account of the Shostakovich (the Châtelet hall is certainly not ideal, but at least you don’t get your hears twisted in the fortissimi).

But the revelation of the concert was the soloist Sarah Nemtanu, named in 2002 first solo violin of the national Orchestra of France, who seems brought to develop a brilliant career of soloist; no one knew what to admire most: virtuosity, sonority, sense of rhythm and the phrasing, her interpretation was at the same time sensitive, tinted with humor and especially moving. One heard even more imperial (Oistrakh…), blazing (Zuckerman…), but rarely a reading of such an obviousness!

And what about an Erhu version?

Ce concert a été édité – En tout cas via Quobuz, la vie du concert s’est éteinte…

Album Debussy – AEON

Album Debussy – AEON

Album Debussy - AEON
Album Debussy – AEON
   

En visitant l’exposition “Debussy, la musique et les arts” au Musée de l’Orangerie, je n’ai pas hésité à acquérir un coffret Debussy de 3 CD présentant une sélection d’enregistrements historiques de ses œuvres de 1904 à 1955, avec bien sûr le compositeur au piano accompagnant Mary Garden au piano. Je renvoie au détail des morceaux sur le site de l’éditeur. Le 1er mêle mélodies (notamment Claire Croiza, Ninon Vallin, Irène Joachim, Charles Panzéra, Vanni-Marcoux) et pièces pour piano seul (Moïsevitch, Vines, Rachmaninov, Rubinstein, Meyer), le 2e est consacré à l’orchestre (Chevillard, Toscanini, Straham, Desormière et Monteux) et le 3e à Pelléas, que je commenterai peut-être ultérieurement.

Comme l’indique Bruno Serrou, « il compense une sérieuse déficience de l’exposition qui ne montre guère du compositeur et de son œuvre, puisque, en dehors de Pelléas et Mélisande, du Prélude à l’après-midi d’un faune, de La Mer et du Martyr de Saint Sébastien, il ne se trouve que fort peu de partitions et moins encore d’illustrations sonores pour ponctuer le parcours du visiteur ». J’ai eu l’occasion de rendre compte de l’exposition elle-même dans la revue de la Critique parisienne.
Je voudrais simplement souligner ici, sans nostalgie exagérée et en prenant en compte les ‘manières expressives’ de l’époque, l’impression de naturel qui se dégage de la plupart des interprétations.

Les musts absolus sont pour moi les chansons de Bilitis par Irène Joachim et Irma Kolassi au piano : on est bien loin de certaines interprètes actuelles (cf. papier Dessay). Autres musts au piano : Doctor Gradus et Golliwogg’s par Rachmaninov et Hommage à Rameau et La lune decend sur le temple qui fut par Marcelle Meyer : quelle intelligence de la partition ! (au fait pourquoi rien par Cortot ?). Autre must déjà connu : le Prélude à l’après-midi d’un faunepar Walther Straham (avec rien moins que Zino Francescatti et Jean Pasquier aux violons, Lily Laskine à la harpe et Marcel Moyse à la flûte, Pierre et Étienne Pasquier, alto & violoncelle…). On connaissait cet enregistrement paru chez Disques Montaigne remastérisé par Pierre Vérany. Le son est ici moins filtré semble-t-il, mais pas forcément plus présent et dure 20’ de moins ( ?). Je n’hésite bien sûr pas à signaler l’enregistrement des Nocturnes réalisé en concert par Kubelík à Cologne en 1966 – ici : Fêtes – J’en ai profité pour réécouter quelques versions de Fêtes:

  • Philippe Gaubert, l’excellent flûtiste / chef d’orchestre avec la Société des Concerts du Conservatoire en 1928, (Vogue) en 6′, belle version mais on n’entend guère les timbres.

  • Toscanini avec son NBC symphony orchestra en 1948 (RCA) en 5’30 : c’est rapide, décidé, mais çà manque d’air entre les pupitres.

  • Monteux donc dans le présent coffret – Orchestre symphonique de Boston (AEON) en 1955 en 6’08  : on a cette fois des timbres, de la respiration, des sonorités travaillées, plus ‘symbolistes’ (cuivres) ; c’est très bien fait, très grand orchestre, seule la fanfare est un peu statique, à noter la stéréo avec une disposition d’orchestre « à l’européenne » apparemment.

  • Stokowski – Orchestre symphonique de Londres (EMI) en 1957 – 6’07. Beau travail sur les sonorités et les équilibres, quelques effets ; la fanfare part de très très loin, la prise de son est un peu floue et çà sonne épais, fin superbe.

  • Kubelík – Orchestre de la radio de Cologne en 1966 – 5’45 – L’orchestre est léger, timbré, la 1e partie est plus animée que les précédentes (c’est bien marqué « animé et très rythmé ») la fanfare est fantastique : tous les évènements s’enchaînent parfaitement, la dernière partie est au moins aussi bien qu’avec Stoko : la fête de l’orchestre !

  • Boulez – Orchestre de Cleveland en 1993 – DG – 6’31 – C’est lent, plat (la ‘fameuse’ prise de son « 4D » de DG), il ne se passe rien, on dirait plutôt une musique funèbre ! Une déception totale (les concerts donnés par Kubelík à la tête de cet orchestre ne sont pas fameux non plus…).

A very interesting box has been issued, along with the Debussy exhibit in Paris these days in « Musée de l’Orangerie ». 3 CD with historic recordings from 1904 to 1955, with even Debussy himself accompanying Mary Garden at the piano.Best parts: Les chansons de Bilitis with Irène Joachim and Irma Kolassi, piano, For the piano : Rachmaninov and Marcelle Meyer and le Prélude à l’après-midi d’un faune by Walther Straham.

I just made a quick comparison between some recordings I have for Fêtes from Nocturnes :

  • Philippe Gaubert, with the ‘Société des Concerts du Conservatoire’ in 1928, (Vogue) – 6′, very good, but you can hardly hear the sound.

  • Toscanini with the NBC symphony orchestra in 1948 (RCA) – 5’30 fast, decided, but a little bit strict.

  • Monteux (in this box) Boston symphony (AEON) in 1955 – 6’08 : superb sound, more ‘symbolist’

  • Stokowski – London symphony (EMI) in1957 – 6’07. Some affects, beautiful playing, wonderful end.

  • Kubelík – Koln – in 1966 – 5’45 – Light orchestra, sounding superbly, more animated than the previous ones, superb ‘Fanfare’ : an orchestral feast!

  • Boulez – Cleveland in 1993 – DG – 6’31 – Slow, dull…

Le Quatuor Pražák – Pražák Quartet

 

 

 

 

 

 

 

 

Les « princes du quatuor à cordes » comme je serais tenté de les surnommer étaient donc à la cité de la musique le 21 janvier dernier. Je n’ai pu malheureusement y assister, mais c’était en live sur Medici.tv. Il y a quelques mois, le 1er violon, Vaclav Remes, a été frappé de dystonie, maladie nerveuse qui le vit dans l’impossibilité croissante de jouer du violon. On imagine son malheur et l’angoisse des 3 compères restants. Je ne sais la part prise par mon ami Pierre Barbier dans la décision, mais c’est Pavel Hula, premier violon du quatuor Kocian qui le remplaça, quatuor qui faisait partie de  ‘l’écurie Praga Digitals‘ (quatuors Pražák, les très prometteurs Zemlinky, Trio Guarnieri, etc.).
L’alchimie délicate du quatuor semble avoir été retrouvée avec le très sympathique Pavel. Les 2 quatuors de Rihm sont bien intéressants et les 2 Beethoven sont évidemment superbes. Certes le son du quatuor a changé, mais c’est toujours remarquable – quoiqu’en pensent certains pisse-froid sur le net – : la suite lyrique, donnée récemment aux Bouffes du Nord, malgré la présence saugrenue de la chanteuse dans le dernier mouvement (version originale oblige)  était tout simplement sidérante (je n’ai chez moi que la version du Kronos quartet : sans commentaire !). Bref précipitez-vous sur medici et profitez du presto du 13e de Beethoven en bis, bien dans la lignée du défunt quatuor Smetana.
The ‘princes of the string quartet’ gave recently a concert in Paris (01/21/12) with Rhim quartets 4 & 12 and Beethoven quintet op. 29 and quartet 7, with the presto of n°13 as a bonus. It’s been live on Medici.tv

Schoenberg par Rattle à Berlin

Schoenberg par Rattle à Berlin

 

Sir Simon Rattle revient à Schoenberg dans un programme pour grand orchestre et propose 3 facettes du compositeur : le transcripteur, dans la version orchestrale du quatuor n°1 pour piano de Brahms (1937), le compositeur à la fois atonal et sériel dans la musique  d’accompagnement pour un scène de film  (1929–1930) et enfin la version pour grand orchestre (1935) de la première symphonie de chambre (1906).

Si l’on peut regretter la pâte sonore de l’orchestre d’avant les ères Abbado & Rattle, on appréciera néanmoins cette lecture d’une transcription qui fait parfois penser à celles de Stokowsky ! La musique de film (« Danger imminent », « Peur panique », « Catastrophe »…) est très intéressante avec de belles (atonales donc…) atmosphères. La symphonie de chambre peut être nettement préférée dans sa version initiale (comme lors d’un concert il y a quelques mois par la talentueuse chef d’origine turque, Serâ Tokay).

Rappelons une version inégalée des Cinq pièces pour orchestre op. 16 par Kubelík.