Arnold Schönberg – Die Jakobleister
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Sélection de disques / médias pour découvrir la musique contemporaine
Arnold Schönberg – Pierrot lunaire – Alda Caiello – Prazák Quartet – Suite op.29
Orchestral Hi-Fi & dopamine
![]() Cela a été récemment prouvé : comme avec les drogues ou la nourriture, la musique peut générer chez certains la circulation de dopamine, « neuromédiateur du plaisir et de la récompense ». Chez moi, cela se traduit, au disque ou lors de concerts exceptionnels – et pas seulement orchestraux -, par la génération de frissons du crâne aux doigts de pieds… Si la littérature au sujet de la dopamine insiste sur le plaisir lié à l’attente de la récompense de retrouver des effets connus, çà peut marcher aussi avec des œuvres jusque-là inconnues, par exemple avec la découverte d’un inédit de Karl-Amadeus Hartmann par Kubelík : les Hymnes symphoniques. Sans doute l’émotion de retrouver mêlés les styles de Stravinsky et de Berg… Pour en rester à l’orchestre reproduit sur une chaîne Hi-Fi, je voulais illustrer ce propos par deux monstres sacrés de la direction d’orchestre, Stokowsky et Svetlanov ; deux interprètes qui ont pu paraître parfois outranciers, le 1er surtout, mais qui ont laissé quelques enregistrements très « dopamine » ; Svetlanov nous a donné à Paris nos plus beaux moments de concert, même si çà ne « marchait » pas à tous les coups. C’était un spécialiste du crescendo fffff : dans certaines œuvres, la salle vibrait tant que l’on croyait que l’on allait s’envoler… (ne pas manquer non plus son interprétation délirante d’Islamey de Balakirev, que l’on peut trouver sur Youtube… ou ses symphonies de Tchaikovsky chez Canyon). Quant à Stokowsky, ici la Grande Pâque russe avec l’orchestre symphonique de Chicago (1968) avec un superbe effet de soufflet :
Enfin, encore un peu de dopamine avec le 3e mouvement de la 9e de Mahler par Kubelík en concert à la Bavaroise en 1975, certes bien moins bien enregistré : J’ajoute évidemment (31/10/12) la récente réédition du Tricorne par Ansermet chez Praga Digitals, ici pas besoin d’extrait, il faut se précipiter pour l’acquérir et l’écouter en SACD… en plus ce n’est pas cher.
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![]() That was recently proven: as with drugs or food, the music can generate circulation of dopamine, “neurotransmitter of the pleasure and the reward”. For me this results, on Hi-FI or sometimes in exceptional concerts – and not only orchestral -, by the generation of shivers from cranium to the toes… If the literature about the dopamine insists on the pleasure related to waiting the reward of finding known effects, that can go also with works previously unknown, for example with the discovery of a new work of Karl-Amadeus Hartmann by Kubelík: Symphonic Anthems. Emotion probably linked to discover a work which blends wonderfully the styles of Stravinsky and Berg… (not to miss either its delirious interpretation of Islamey de Balakirev, which can be found on Youtube… or his symphonies of Tchaikovsky for Canyon). As for Stokowsky, here Eastern Russian Overture with the Chicago symphony orchestra (1968): (rather clean) Cf. also, for example, his magic Images by Debussy with the LSO for EMI. Lastly, still a little dopamine with the 3rd movement of Mahler’s 9th with Kubelík in concert with the Bavarian in 1975: (not so clean as Haitink or Boulez, but who cares again?) Of course I will add (10/31/12) the Three cornered hat by Ansermet at Praga Digitals: the best reissue I have heard for years; no excerpt here for this very famous session, just get it and listen to it on a SACD device… (bargain price moreover). |
Ensemble intercomtemporain – Susanna Mälkki
Né en 1952, Philippe Manoury est un des plus importants compositeurs français vivants. Dans le cadre d’une série cherchant à faire découvrir la musique contemporaine aux mélomanes de bonne volonté, voici une excellente introduction à ce compositeur, avec ces « Fragments pour un portrait ». Une des multiples préoccupations de Manoury est la notion de « work in progress » (il cite volontiers Francis Bacon) chère à Pierre Boulez ; au sujet de cette œuvre, il déclare : « La totalité [des 7 mouvements] devrait tendre vers l’émergence d’un « portrait », d’une image musicale qui, je l’espère, devrait apparaître en filigrane sur l’ensemble de ces pièces. » cf. son commentaire de l’œuvre. On trouvera sur son site des extraits de chacun des 7 mouvements. Comme pour Gruppen de Stockhausen ou Le sette chiese de Mantovani, l’œuvre est pour plusieurs ensembles instrumentaux (3 ici). Chemins fait penser aux introductions du Sacre, on trouvera des « accelerando-diminuendo » à la Berg, etc., tout cela donnant une musique très vivante, rythmée, colorée. |
Born in 1952, Philippe Manoury is one of the foremost actual French composers. In our series seeking to let music lovers discover contemporary music, this is an excellent introduction to the composer, with these « Fragments for a portrait ». |
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« La ville […première sonate…] » date de 2002. Ce n’est pas une sonate même si l’oeuvre dure près de 36′, puisqu’elle comporte pas moins de 19 mouvements… Dans la plaquette du SACD (superbe prise de son), l’auteur évoque de façon presque onirique les correspondances entre sa récitation mentale de la Sonate de Liszt et les images perçues lors de sa déambulation dans le vieux quartier praguois de Malá Strana. Il évoque aussi des procédés de Berg, tels que certains morceaux rétrogrades inversés. C’est ce qui donnera la structure de l’oeuvre. Citons-le : « C’est sur le principe des « formes différées » que s’articule cette œuvre. Des éléments monodiques (lents et méditatifs), des résonances harmoniques, des échelles sonores descendantes, des « toccatas », des « fugues » s’entremêlent les uns aux autres dans une forme dirigée distribuée symétriquement par rapport à un centre. Cette symétrie effectue un retour en arrière, comme si l’œuvre devait revenir à son point de départ. Mais il s’agit d’une fausse symétrie (le parcours global n’est pas inversement identique) que vient perturber de vraies symétries, (il arrive que des bouts de parcours reproduisent un cheminement voisin du précédent). Le centre est polarisé sur une note pivot (ré) qui s’impose peu à peu depuis le début et s’incarne dans un grand silence avant que l’œuvre ne semble revenir à son point de départ. » Un certain ésotérisme semble poindre ici, mais en fait cette œuvre est très vivante. Elle gagne à être lue sur un ordinateur : on s’évade ainsi de la linéarité d’écoute pour comparer un à un les mouvements en miroir… déformé. |
recording), the author evokes in an almost dreamlike way the correspondences between his mental recitation of the Sonata of Liszt and the images perceived during his wandering in the old Prague area of Malá Strana. It evokes also Berg’s processes, such as certain reversed and retrograde pieces. This will give the structure of work. Let us quote him: “It is on the principle of the “differed forms” that this work is articulated. Monodic Elements (slow and meditative), harmonic resonances, downward sound scales, “toccatas”, “runnings away” intermingle the ones with the others in a directed form distributed symmetrically compared to a center. This symmetry carries out a return behind, as if work were to return to its starting point. But it is about a false symmetry (the total course is not conversely identical) which comes to disturb true symmetries […]. The center is polarized on a note pivot (D) which is essential little by little since the beginning and is incarnated in a great silence before work does not seem to return to its starting point. “ A certain esotericism seems to come up here, but this work carries a very lively listening. It gains being read on a computer: one escapes thus from the linearity of listening to compare the movements one by one on the two sides of the mirror … deformed.
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Ensemble intercomtemporain – Susanna Mälkki
Un compositeur majeur de notre temps de 38 ans, à la tête d’un catalogue imposant. Philippe Jordan a créé à Paris son Concerto pour violon en février dernier ; quand on connaît l’exigence de ce chef vis-à-vis des partitions contemporaines… Pour la description de ces 9 pièces, on se référera bien sûr aux propos de l’auteur (+extraits de l’œuvre). On n’indiquera ci-dessous que nos rapides impressions à l’écoute de l’œuvre, destinées simplement à inciter à la découverte. Au fait, ne pas confondre Bruno Mantovani et Annunzio Paolo Mantovani, chef d’orchestre de musique légère !
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A major composer of our time – 38 yo – having already composed numerous works. A gratifying work with splendid sonorities: Le sette chiese (« seven churches ») was created in 2002 in Strasbourg under the direction of Jonathan Nott. For the description of these 9 pieces, refer of course to the words of the author (+ excerpts). We indicate below our quick impressions, simply willing to invite to the discovery. Just don’t confuse Bruno Mantovani and Annunzio Paolo Mantovani, a famous conductor of light music! |
I – La piazza Santo Stefano |
I – The Piazza Santo Stefano |
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Des ostinatos, des fulgurances aux vents, des éclats de percussions donnent effectivement l’impression d’une vie grouillante devant l’église. |
Ostinatos, searing winds, percussion fragments actually give the impression of a bustling life in front of the Church. |
L’église de Saint Jean-Baptiste |
The church of San Giovanni-Battista |
La première partie est un long crescendo, très dynamique, suivi d’un épisode mystérieux, avec de nombreux micro-intervalles, de multiples interventions solistes, bois ou cordes, le tout dans une atmosphère très fourmillante. |
The first part is a long crescendo, very dynamic, followed by a mysterious episode, with many micro-intervals, multiple soloist interventions, wood or string, all in a very lively atmosphere. |
La crypte |
The crypt |
Cette partie reprend un peu l’esprit de la précédente, avec des babillages de la clarinette, puis du violon sur de nombreux traits secs, rapides et aigus. On pense à des envolées d’oiseaux ou des nuées d’insectes lumineux. Quelques références au grégorien à la fin donnent un tonalité religieuse à cette pièce. |
This part takes a little spirit of the previous, with babblings of the clarinet and violin, dry, fast and acute. One thinks of birds flights orf luminous insects. A few references to Gregorian chant at the end give a religious tone to this piece |
La basilique du sépulcre |
Tomb basilica |
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La pièce la plus longue (9’24 »). Une longue séquence aux pianos et percussions sourdes évoque l’obscurité de l’endroit, l’apparition du violon puis de flûtes suraigües amène la 2e partie sensée illustrée la lumière éclairant les reliques présentes dans un dynamisme croissant et virtuose jubilatoire. |
The longest piece (9’24 « ). A long sequence of pianos and low percussion refers to the darkness of the place, the appearance of the violin and super acute flute brings to part 2 illustrating the light illuminating the present relics in a growing dynamic and exhilarating virtuoso. |
L’église du martyrium |
Martyrdom Church |
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Une visite des 5 chapelles de l’église avec une fin militaire. |
A visit of the 5 chapels of the Church with a military end. |
Edited by Severine Neff – Norton critical scores
W. W. Norton & Company, Inc. – 2006 – 340 p.
Pour les anglophones, mentionnons l’existence de cette très intéressante série (16 autres titres disponibles). L’ouvrage fournit la partition complète du quatuor, son contexte historique (et personnel : Schoenberg était trompé par sa femme, dont l’amant sera plus tard amené à se suicider), une analyse détaillée et des documents de l’auteur, d’interprètes, de critiques de l’époque, etc. … et à écouter dans la version des Pražák (1997 – dans sa configuration avant le remplacement de Václav Remeš par Pavel Hůla en 2010), avec la soprano Christine Wittlesey.
On signalera également la version rayonnante par les Pražák du quatuor n°4, op. 37. Voilà une œuvre plus immédiatement accessible pour qui est habitué aux derniers quatuors de Beethoven. La structure de chaque mouvement est plus simple et le traitement de la série permet de nombreux pôles tonals. Ajoutons que l’œuvre est presque souriante ! et que la prise de son est d’une absolue limpidité.
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We would like to draw attention here on this superb collection (16 other titles available). This books include the entire score, its historical context, a detailed analysis, and commentaries by the composer, his students and contemporaries (Mahler for example who declared having great difficulty to understand this score…). .. to be listened to in the Pražák version (1997 – PragaDigitals) with the soprano Christine Wittlesey.
One will also announce the radiant version by the Pražák of quartet n°4, Op. 37. Here is a work more immediately accessible for who is accustomed to the last quartets by Beethoven. The structure of each movement is simpler and the processing of the series allows many tonal poles. Let us add this is an almost smiling work! and that the sound recording is of an absolute limpidity. |
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Le site medici.tv diffuse gratuitement un concert évènement du New York Philharmonic intitulé 360 (360 °) : Hormis un hors d’œuvre Gabrieli et la fin de l’Acte I de Don Juan, on a la chance d’entendre et voir Rituel de Boulez, à la mémoire de Bruno Maderna, et Gruppen de Stockhausen, les 2 œuvres étant effectivement écrites pour des groupes de musiciens répartis dans l’espace.
Excellente idée du directeur Alan Gilbert ! En complément, The unanswered question de Charles Ives. Une heureuse initiative même si on ne peut l’écouter ici à 360°… www.medici.tv (proposé sans abonnement, mais nécessite de s’inscrire pour voir le concert entier). |
The web site medici.tv broadcast free a recent concert by the New York Philharmonic “360”.
Besides a little piece for brass by Gabrieli and the end of the 1rst act from Don Giovanni, we can listen to and watch Rituel by Boulez, to the memory of Bruno Maderna, and Gruppen by Stockhausen, these two pieces being written for separate groups of musicians. A real good idea from Director Alan Gilbert. Besides, The unanswered question by Charles Ives. A very good initiative, even if we can’t hear it at 360°… www.medici.tv (proposed freely, you just have to sign in to be able to see the entire concert). |
On était un peu inquiet à l’approche de ce concert : les quelques enregistrements que l’on avait pu entendre de ce jeune chef laissaient sans voix (Brahms à Brême…), on savait aussi qu’il s’était fait éconduire par les musiciens de l’orchestre de l’Opéra de Paris ; en outre, on ne voyait pas bien le lien entre La Nuit transfigurée [1. Rappelons l’argument : une promenade nocturne d’un couple amoureux dont la femme avoue qu’elle attend un enfant d’un autre. Son amant acceptera l’enfant et les deux s’en iront lors d’une nuit transfigurée.] et une messe de Schubert, ni surtout comme La nuit allait sonner dans cette acoustique de hall de gare.
Bravo tout d’abord à l’orchestre philharmonique de Radio-France (et au Chœur de Radio France pour Schubert) ; mis à part un accident au milieu de La Nuit, les cordes étaient fort belles et montraient une évidente cohésion. On aura été moins emballé par l’interprétation : çà faisait un peu ‘Elgar’ – c’est un peu facile vis-à-vis d’un chef anglais – et manquait pour moi « d’expressionnisme ». De très beaux moments tout de même. La Messe en mi bémol majeur D. 950 de Schubert nous est bien connue, l’ayant entendu déjà lors de ce même festival par Chung (bof) et Muti (mieux)… À l’évidence, Harding est un excellent chef de chœur. À ce propos, choix ou contrainte due au manque de profondeur de la « scène », on est assez gêné par la disposition du chœur, répartissant les tessitures de l’avant vers l’arrière au lieu de la gauche vers la droite. Cela donne une impression de saturation dans les forte (et dans les quelques fortissimi imprimés par le chef qui ne paraissaient guère justifiés). Il manquait juste une présence plus affirmée de l’orchestre : le chef demandait constamment aux cordes de « réduire », celles-ci jouant de plus avec un vibrato minimaliste. Passons sur les solistes : leur partie est réduite et ils étaient juste devant le chœur, donc bien loin dans cette acoustique. On peut en voir l’enregistrement (dans un meilleur son que sur place !) ici. Conclusion : un concert de belle facture, un chef à suivre, même si on a quand même manqué d’émotion ce soir-là. |
This was our first concert conducted by Daniel Harding – we were a little apprehensive, considering for example his Brahms recordings, or the fact he had been rejected once by The Paris Opera’s orchestra musicians. Besides, we didn’t see any link between one of Schoenberg’s first major works and one of Schubert’s last ones – how the Transfigured Night would sound in this kind of train station acoustic.
Congratulations first to the Orchestre philharmonique de Radio-France (and then to the Chœur de Radio France), a little accident in the middle of The Night apart. Superb strings, but the performance for us was lacking of expressionism and overall structure; beautiful moments anyway. We have already heard twice a Schubert Mass in Saint-Denis: once with Chung – so so – and another time by Muti (much better). Harding appeared as an excellent chorus conductor. Was it a choice or due to the stage lacking of depth, but instead of having sopranos to basses divided up from left to right, women were spread on the entire first row, men behind ; this gave in my opinion some sound saturation in the forte (moreover in some fortissimo which didn’t appear really justified). From our seats, the orchestra wasn’t playing loud enough – Harding asking permanently the strings to ‘reduce’ and their vibrato was really minimalist. We won’t speak about the soloists, since their part is somewhat reduced and they stood just before the choir, so we didn’t hear them enough (they sound indeed much better on the video). To conclude, a good concert, a conductor to follow, even if we lacked a little of strong musical emotions.
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