Arnold Schoenberg – 5 pieces op. 16 – Kubelik

Kubelik conducts Schoenberg Continuer la lecture de Arnold Schoenberg – 5 pieces op. 16 – Kubelik
Sélection de disques / médias pour découvrir la musique contemporaine
Arnold Schoenberg – 5 pieces op. 16 – Kubelik
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Les femmes chefs d’orchestre – Women on the podium
Mélomanes misogynes de tout poil, il faudra vous y faire : on va finir par voir un nombre croissant de femmes chefs d’orchestre : il a déjà fallu que vous vous habituiez à en voir un nombre croissant au sein de l’orchestre (même aux cuivres !) – on se rappelle de la polémique lors du rejet par vote en 1983 de la clarinettiste Sabine Meyer par les Berliner philharmoniker après sa période probatoire : 73 contre, 4 pour… – Sans remonter à Fanny, la sœur de Félix Mendelssohn, on ne sait plus qu’il y eut de nombreux chefs d’orchestre féminins de la fin du 19e siècle à la 2e Guerre mondiale, en général à la tête d’orchestres entièrement féminins dans les années 20 / 30, à l’existence souvent bien éphémère.
À notre supposé mélomane misogyne, qu’en sera-t-il si, par extraordinaire, l’une d’entre elles vient à diriger en jupe ! Eh bien çà existe avec Silvia Sanz Torre dont je n’ai pas la date de naissance…
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Misogynists music lover, you will have to keep with that: a growing number of women conductors: you have been unfortunate to see a growing number of women within the orchestra (even with coppers!) – one remembers the polemic at the time of the rejection by vote of the clarinetist Sabine Meyer in1983 by Berliner philharmoniker after her probationary period: 73 against, 4 for… -Without going back to Fanny, Felix Mendelssohn’s sister, one does not know any more that there were many female conductors from the end of the 19th century to the 2nd World war, in general at the head of entirely female orchestras in the 20/30′
Two young feminine conductors that we know a little: Susanna Mälkki, leader of the Ensemble Intercontemporain, who impressed us in two discs of contemporary music (Manoury & Mantovani). And Serâ Tokay, who has just given us an interview; she had just founded her chamber orchestra, « Philharmonie de Chambre Lutèce »; she impressed us in the two chamber symphonies by Schoenberg in Paris, some months ago. To our supposed misogynist music lover, what about, if by extraordinary, a woman conducts the orchestra dressed in a skirt… Well, Silvia Sanz Torre did it! |
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Some conductors are missing, since I could not get their birth date, even some wouldn’t give it to me… See also this list.
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From the New Yorker, an interesting interview : »A formidable figure in Russian music, Temirkanov served as a mentor both to Gergiev and later to Petrenko. The interviewer, the Paris-based pianist and composer Elena Gantchikova, deserves credit for grilling him. A Russian-speaking friend provided this translation:Q.: In your opinion, could a woman conduct? A.: In my view, no. Q.: Why not?! A.: I don’t know if it’s God’s will, or nature’s, that women give birth and men do not. That’s something that no one takes offense at. But if you say that a women can’t conduct, then everyone’s offended. As Marx said, in response to the question “What’s your favorite virtue in a woman?”—“Weakness.” And this is correct. The important thing is, a woman should be beautiful, likable, attractive. Musicians will look at her and be distracted from the music! Q.: Why? There are women in the orchestra; people indifferent to a women’s charms. Besides, how many times would you be enraptured by appearances? After all, it’s something you tire of, and switch to the heart of the question. Statistically, of course, there are women conductors. A.: Yes, they do exist. Q.: Nevertheless, you maintain that these are less than women, or less than conductors. A.: No, simply that in my opinion, it’s counter to nature. Q.: And what is it in the conductor’s profession that runs counter to a woman’s nature? That’s counter to the essence of the conductor’s profession? A.: The essence of the conductor’s profession is strength. The essence of a woman is weakness. » From Artsjournal.com, an other intersting point of view by : Jorma Panula has been the most successful spotter and trainer of conductors for the past 30 years. His pupils include Esa-Pekka Salonen and at least 20 others who hold international posts. Q: Do you think it is good that women enter the profession and become conductors? JP: No! What the hell, we have men already. It is such a limited profession… They can try, but it is a completely different deal. I can’t comment on media or public opinion. But women… Of course they are trying! Some of them are making faces, sweating and fussing, but it is not getting any better – only worse! They can come [to my masterclasses] and try. It’s not a problem – if they choose the right pieces. If they take more feminine music. Bruckner or Stravinsky will not do, but Debussy is OK. This is a purely biological question. Panula’s comments have provoked outrage in Finland. Salonen has tweeted (in Finnish): ‘Conducting is about skill, not biology. There is no reason why women cannot do it equally well or better.’ |
Ce livre d’entretiens « La musique du temps réel » avec deux interlocuteurs est en fait une rareté : finalement peu de grands musiciens et compositeurs s’expriment de nos jours sur leur perception de la musique ou sur leurs confrères, anciens et actuels.
Philippe Manoury est devenu au fil des – déjà nombreuses – années une figure importante de la musique ‘contemporaine’ au niveau international. Un peu vite catalogué comme un ‘bébé Boulez’ ou ‘bébé IRCAM’, il suffit de consulter le catalogue de ses œuvres pour constater l’étendue de sa ‘palette’. L’idée de ce ‘blog’ étant d’amener ‘l’honnête mélomane’ à découvrir la musique moderne, ce papier consacré à cet ouvrage en forme de dialogues y trouve toute sa place. D’autant plus que, parallèlement, Philippe Manoury est professeur à l’université de San Diego, ce qui montre à la fois ouverture d’esprit, esprit de pédagogie et puissance de travail…
Ses propos sont très clairs, à la manière d’un Boulez justement, mais moins conceptualisant.
Une première partie est consacrée principalement à l’électronique / informatique en musique, (évoquant notamment le problème posé par l’évolution continue de cette « lutherie technologique » à la pérennité des œuvres), mais tout au long de ces entretiens reviendra sempiternellement la question de la – faible – place de la musique contemporaine dans nos sociétés actuelles.
Une partie centrale est consacrée aux compositeurs qu’il apprécie – ou moins -, avec quelques surprises, dans son Panthéon musical, par exemple : Ainsi la nuit de Dutilleux, les premières partions de Xenakis pour orchestre, la micro-polyphonie de Ligeti, les premières œuvres de Magnus Lindberg, , Lachenmann, Rihm, Donatoni, Janacek, Berg, et surtout Debussy et quelques jeunes contemporains. Par contre, pas la musique répétitive américaine et de grosses réticences par rapport à une part importante de la production de Messiaen.
Deux chapitres sont consacrés en outre à la vie et à l’enseignement musicaux aux États-Unis et aux spectacles traditionnels japonais.
Le tout dernier chapitre traite encore plus précisément de la place de la musique contemporaine dans la société, évocation bien pessimiste quant au manque de culture musicale à l’école et parmi nos élites françaises. Çà me rappelle un propos de Boulez bien ‘boulezien’ que je cite de mémoire : Quand on pense que le Premier ministre [Raffarin à l’époque] ne va au concert que pour écouter Johnny Halliday, c’est dire le niveau ! (c’est vrai qu’à une époque, on pouvait voir souvent un Barre ou un Giscard à l’Opéra, sans parler des Pompidou, mais depuis ?).
Il dénonce à la fois la pauvreté insigne de l’enseignement musical français, encore une fois le manque de culture musical subséquent de nos ‘élites’ et surtout la soupe tonale insipide et terriblement conditionnante dont on est abreuvé tout au long de notre quotidien.
Une grande partie de l’ouvrage serait à citer – ce qui en fait plus un livre de chevet qu’un simple recueil d’interviews – ne serait-ce que par le chapitre consacré à ses œuvres préférées qui incite à les découvrir ou redécouvrir – mais surtout par ses tentatives de définition de ce qui pour lui fait une œuvre contemporaine intéressante : on citera par exemple ce passage : « Tout l’enjeu est là : il faut satisfaire les attentes – apporter ce que les neuropathologistes appellent des « récompenses » [ cf. ] – mais également savoir les décevoir et aussi les surpasser ».
On finira par deux réflexions :
– il déplore la quasi-inexistence de la critique musicale vis-à-vis des créations contemporaines dans la presse, relayée certes par les blogs spécialisés qu’il trouve représenter une sorte de ghetto de luxe – au moins ici c’est plutôt le blog « 9-3 » de la musique contemporaine…
– il cite le concept de musiques « agroupantes » telles que la musique militaire ou les rave parties que j’abhorre également (je me rappelle choquer mes copains ado en déclarant que pour moi les Rolling Stones me faisaient penser à de la musique militaire…).
Bref, précipitez-vous sur cet ouvrage et sur son blog – j’y reviendrai prochainement à propos des Variations Diabelli, à l’occasion de la réédition par PragaDigitals d’un live de Sviatoslav Richter, pianiste d’ailleurs cher à Manoury !
Cf. aussi l’interview réalisée par Bruno Serrou en juin 2012, qui reprend des thèmes évoqués dans l’ouvrage.
Arnold Schönberg – Pierrot lunaire – Alda Caiello – Prazák Quartet – Suite op.29
Orchestral Hi-Fi & dopamine
![]() Cela a été récemment prouvé : comme avec les drogues ou la nourriture, la musique peut générer chez certains la circulation de dopamine, « neuromédiateur du plaisir et de la récompense ». Chez moi, cela se traduit, au disque ou lors de concerts exceptionnels – et pas seulement orchestraux -, par la génération de frissons du crâne aux doigts de pieds… Si la littérature au sujet de la dopamine insiste sur le plaisir lié à l’attente de la récompense de retrouver des effets connus, çà peut marcher aussi avec des œuvres jusque-là inconnues, par exemple avec la découverte d’un inédit de Karl-Amadeus Hartmann par Kubelík : les Hymnes symphoniques. Sans doute l’émotion de retrouver mêlés les styles de Stravinsky et de Berg… Pour en rester à l’orchestre reproduit sur une chaîne Hi-Fi, je voulais illustrer ce propos par deux monstres sacrés de la direction d’orchestre, Stokowsky et Svetlanov ; deux interprètes qui ont pu paraître parfois outranciers, le 1er surtout, mais qui ont laissé quelques enregistrements très « dopamine » ; Svetlanov nous a donné à Paris nos plus beaux moments de concert, même si çà ne « marchait » pas à tous les coups. C’était un spécialiste du crescendo fffff : dans certaines œuvres, la salle vibrait tant que l’on croyait que l’on allait s’envoler… (ne pas manquer non plus son interprétation délirante d’Islamey de Balakirev, que l’on peut trouver sur Youtube… ou ses symphonies de Tchaikovsky chez Canyon). Quant à Stokowsky, ici la Grande Pâque russe avec l’orchestre symphonique de Chicago (1968) avec un superbe effet de soufflet :
Enfin, encore un peu de dopamine avec le 3e mouvement de la 9e de Mahler par Kubelík en concert à la Bavaroise en 1975, certes bien moins bien enregistré : J’ajoute évidemment (31/10/12) la récente réédition du Tricorne par Ansermet chez Praga Digitals, ici pas besoin d’extrait, il faut se précipiter pour l’acquérir et l’écouter en SACD… en plus ce n’est pas cher.
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![]() That was recently proven: as with drugs or food, the music can generate circulation of dopamine, “neurotransmitter of the pleasure and the reward”. For me this results, on Hi-FI or sometimes in exceptional concerts – and not only orchestral -, by the generation of shivers from cranium to the toes… If the literature about the dopamine insists on the pleasure related to waiting the reward of finding known effects, that can go also with works previously unknown, for example with the discovery of a new work of Karl-Amadeus Hartmann by Kubelík: Symphonic Anthems. Emotion probably linked to discover a work which blends wonderfully the styles of Stravinsky and Berg… (not to miss either its delirious interpretation of Islamey de Balakirev, which can be found on Youtube… or his symphonies of Tchaikovsky for Canyon). As for Stokowsky, here Eastern Russian Overture with the Chicago symphony orchestra (1968): (rather clean) Cf. also, for example, his magic Images by Debussy with the LSO for EMI. Lastly, still a little dopamine with the 3rd movement of Mahler’s 9th with Kubelík in concert with the Bavarian in 1975: (not so clean as Haitink or Boulez, but who cares again?) Of course I will add (10/31/12) the Three cornered hat by Ansermet at Praga Digitals: the best reissue I have heard for years; no excerpt here for this very famous session, just get it and listen to it on a SACD device… (bargain price moreover). |
Ensemble intercomtemporain – Susanna Mälkki
Né en 1952, Philippe Manoury est un des plus importants compositeurs français vivants. Dans le cadre d’une série cherchant à faire découvrir la musique contemporaine aux mélomanes de bonne volonté, voici une excellente introduction à ce compositeur, avec ces « Fragments pour un portrait ». Une des multiples préoccupations de Manoury est la notion de « work in progress » (il cite volontiers Francis Bacon) chère à Pierre Boulez ; au sujet de cette œuvre, il déclare : « La totalité [des 7 mouvements] devrait tendre vers l’émergence d’un « portrait », d’une image musicale qui, je l’espère, devrait apparaître en filigrane sur l’ensemble de ces pièces. » cf. son commentaire de l’œuvre. On trouvera sur son site des extraits de chacun des 7 mouvements. Comme pour Gruppen de Stockhausen ou Le sette chiese de Mantovani, l’œuvre est pour plusieurs ensembles instrumentaux (3 ici). Chemins fait penser aux introductions du Sacre, on trouvera des « accelerando-diminuendo » à la Berg, etc., tout cela donnant une musique très vivante, rythmée, colorée. |
Born in 1952, Philippe Manoury is one of the foremost actual French composers. In our series seeking to let music lovers discover contemporary music, this is an excellent introduction to the composer, with these « Fragments for a portrait ». |
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« La ville […première sonate…] » date de 2002. Ce n’est pas une sonate même si l’oeuvre dure près de 36′, puisqu’elle comporte pas moins de 19 mouvements… Dans la plaquette du SACD (superbe prise de son), l’auteur évoque de façon presque onirique les correspondances entre sa récitation mentale de la Sonate de Liszt et les images perçues lors de sa déambulation dans le vieux quartier praguois de Malá Strana. Il évoque aussi des procédés de Berg, tels que certains morceaux rétrogrades inversés. C’est ce qui donnera la structure de l’oeuvre. Citons-le : « C’est sur le principe des « formes différées » que s’articule cette œuvre. Des éléments monodiques (lents et méditatifs), des résonances harmoniques, des échelles sonores descendantes, des « toccatas », des « fugues » s’entremêlent les uns aux autres dans une forme dirigée distribuée symétriquement par rapport à un centre. Cette symétrie effectue un retour en arrière, comme si l’œuvre devait revenir à son point de départ. Mais il s’agit d’une fausse symétrie (le parcours global n’est pas inversement identique) que vient perturber de vraies symétries, (il arrive que des bouts de parcours reproduisent un cheminement voisin du précédent). Le centre est polarisé sur une note pivot (ré) qui s’impose peu à peu depuis le début et s’incarne dans un grand silence avant que l’œuvre ne semble revenir à son point de départ. » Un certain ésotérisme semble poindre ici, mais en fait cette œuvre est très vivante. Elle gagne à être lue sur un ordinateur : on s’évade ainsi de la linéarité d’écoute pour comparer un à un les mouvements en miroir… déformé. |
recording), the author evokes in an almost dreamlike way the correspondences between his mental recitation of the Sonata of Liszt and the images perceived during his wandering in the old Prague area of Malá Strana. It evokes also Berg’s processes, such as certain reversed and retrograde pieces. This will give the structure of work. Let us quote him: “It is on the principle of the “differed forms” that this work is articulated. Monodic Elements (slow and meditative), harmonic resonances, downward sound scales, “toccatas”, “runnings away” intermingle the ones with the others in a directed form distributed symmetrically compared to a center. This symmetry carries out a return behind, as if work were to return to its starting point. But it is about a false symmetry (the total course is not conversely identical) which comes to disturb true symmetries […]. The center is polarized on a note pivot (D) which is essential little by little since the beginning and is incarnated in a great silence before work does not seem to return to its starting point. “ A certain esotericism seems to come up here, but this work carries a very lively listening. It gains being read on a computer: one escapes thus from the linearity of listening to compare the movements one by one on the two sides of the mirror … deformed.
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