Anthologie Prokofiev chez Warner – et Maria Milstein

Une anthologie de 36 CDs consacrée aux enregistrements Warner de l’œuvre de Prokofiev (1891-1953) : piano, musique de chambre, concertos, ballets, symphonies, opéras… Les enregistrements ont été réalisés de 1932 à 2015. Le dispatching des plages n’ayant pu respecter les couplages originaux, chaque CD ne comporte donc pas l’image de la pochette originale (que l’on peut retrouver ici). Une anthologie Warner était déjà parue en 2003.

Certaines œuvres sont proposées dans plusieurs versions, comme par exemple le 3e concerto pour piano : Prokofiev, Weissenberg et Argerich  et l’on a pas moins de six versions de Pierre et le loup, en allemand, anglais, espagnol, français, hollandais et japonais !

C’est également le cas pour les 2 concertos pour violon, avec la version Oistrakh / Galliera / von Matacic (1954/58) et celle de Perlman / Rozhdestvensky (1980). J’ai reçu récemment la version de la jeune Maria Milstein avec l’orchestre hollandais PHION dirigé par Otto Tausk.

Difficile de passer après les deux versions de référence suscitées et pourtant la finesse du jeu de la soliste et la clarté orchestrale nous donnent une lecture très vivante qui ne pâlit guère face aux aînés : un peu plus d’évidence rythmique chez Oistrakh et de chaleur chez Perlman, mais c’est peu de chose. Une réussite (Channel Classics).

Revenons au coffret :  pour les œuvres pour piano seul, on trouve pour les sonates Ovchinnikov (1, 4, 5 & 9), Lugansky (6), Angelich (8), Béroff (3 & 7) et François (une version très différente de celle de Béroff pour la 7), toutes versions excellentes. À noter une superbe Toccata live par Cyprien Katsaris.

Au rayon musique de chambre de nombreuses pépites : les sonates pour violoncelle d’Argerich / Rostro, l’envoûtante sonate pour flûte par Pahud, et parmi les sonates, la sévère mais trop méconnue Sonate pour 2 violons avec Repin ou encore le 2e quatuor à cordes par les Italiano (le 1er n’a manifestement jamais été enregistré sur un des labels réunis chez Warner).

Retour aux concertos, avec ceux pour piano : Gavrilov (1), Rana (2), Prokofiev, Weissenberg et Argerich donc pour le 3, Béroff (4) et Richter (5). Comme pour le 2e de Rachmaninov, on a la chance d’entendre le 3e de Prokofiev  interprété par le compositeur – comme Rachma, Proko avait des doigts – le piano est un peu lointain dans cet enregistrement de 1932, mais c’est une lecture poétique, sans esbrouffe déplacée. Weissenberg est impressionnant mais bien extérieur et la version Argerich / Dutoit est un peu sage. À noter la belle sonorité de Béatrice Rana dans le 2e. On trouvera également le Cello concertino de Rostropovitch et le concerto pour violoncelle par Starker.

Les symphonies sont dévolues à Rostropovitch sauf les 1 & 7 par Previn. C’est sans doute le point faible du coffret, par exemple la Classique de Previn, malgré un très beau London symphony, est un peu lourde – Warner a dans ses archives la version Markevitch pourtant – ou encore la 5e de Rostro sonne mal et ne fera pas oublier Szell par exemple.  Pour les ballets, idem, le Romeo de Previn est très agréable, mais on en restera à Maazel (le coffret comporte également les 3 suites de Romeo par Armin Jordan). Une rareté, Le Pas d’acier par Markevitch justement, en 1954, dans un son un peu acide. Outre l’intégrale par Previn, on trouve la belle suite de Cinderella par Alain Lombard.

Dans les pièces diverses, on retrouve Previn pour Alexander Nevsky et Lieutenant Kijé ; on regrette que Svetlanov n’enregistrait pas pour EMI… On retrouve le très beau Ivan le terrible de Muti, une Suite Scythe bien emmenée par Rattle, les belles suites de ballet de Roméo dirigées par le regretté Armin Jordan et la rare version en transe de L’Amour des trois oranges par Silvestri / Vienne dans une très belle captation de 1960.

Outre les deux opéras Guerre et paix par Rostropovitch et L’Amour des trois oranges par Kent Nagano.

Je ne résiste pas au plaisir de faire une galerie des différentes narrateurs de Pierre et le loup :

Peter Ustinov, Claude Piéplu, Romy Schneider, Miguel Rosé, Bart Peeters & Kyu Sakamoto.

Enfin, outre le 3e concerto pour piano, des bonus permettent d’entendre Prokofiev au piano (rouleaux), une brève interview de lui et on peut même l’entendre chanter !

Malgré quelques points faibles, une somme que tout amateur de Prokofiev se doit de posséder.

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