Cette anthologie de la musique de Sophie Lacaze (1963*) est centrée sur sa collaboration avec l’ensemble vocal de quatre voix féminines Mora vocis, les œuvres s’échelonnant de 1996 à 2021. Participent notamment à l’enregistrement la pianiste Marie Vermeulin et l’excellent et sympathique saxophoniste Michel Supéra.
Les éléments biographiques indiquent que cette ingénieure de formation a étudié auprès de compositeurs aussi variés qu’Aperghis Boulez, Donatoni ou Morricone. À propos de Je vois passer l’Ange, le livret fait référence à Gabrielli et à Nono – on ne saurait mieux dire pour cette musique, en y ajoutant Hildegard von Bingen pour faire bonne mesure.
En effet, on trouve ici un mélange de sacré et de profane, d’antique (motets triples, hoquets…) et de moderne – par exemple le début de O sapientia qui débute façon von Bingen avant que des glissements harmoniques ne nous ramènent au présent.
Dans Je vois passer l’Ange, les voix féminines et saxophone se mélangent ou se succèdent, on voit passer Crumb, Britten ou von Bingen mais c’est une musique très personnelle, poétique et timbrique.
Je suis assez peu sensible aux pièces musicales avec voix de récitant (le comédien Alain Carré), genre mélodrame. Je passe donc En Quête et Fauvette, qui présentent néanmoins de très belles idées musicales.
La pièce dont le beau titre Il pleut des voix de femmes donne le titre à l’album est aussi innovante au niveau des timbres – égrènements au piano, voix, parler, sifflements… – que d’une poésie prenante. Comme pour O Sapientia – incluant encore des textes parlés – qui fascine par les différents traitements des voix.
Interprètes impeccables, au premier rang desquels les voix envoûtantes de l’ensemble Mora vocis.
Un très beau disque, comme une invitation au rêve.
Une interview – parmi d’autre visibles sur YT – à propos de cet enregistrement :