Yuja Wang à la Philharmonie – Série « Piano quatre étoiles »
J’avais reçu une ‘volée de bois vert’ après avoir comparé son CD du concerto pour la main gauche avec celui de Vincent Lardelet, de la part de fans de la pianiste que je ne soupçonnais pas. Je confirmais cependant ma critique en me souvenant d’ailleurs d’une Rhapsodie de Rachmaninov plutôt guimauve avec Abbado en CD. Ai-je changé d’impression en l’écoutant live hier soir ? Oui, sinon je ne ferais pas ce papier, à destination de mes amis fans.
1ère partie : les 2 premières Ballades op. 10 de Brahms et les Kreisleriana de Schumann et en 2e partie la Hammerklavier de Beethoven. Un programme aussi copieux qu’exigeant.
Et pourtant j’ai été un peu déçu par la première partie : dans Brahms, malgré son toucher remarquable, avec des passages presque liquides, des ambiances très prenantes (fin de la 2e), cette interprétation m’a paru manquer d’accents et être un peu linéaire. Des sentiments contrastés également pour Schumann, qui semblait manquer de carrure, malgré encore une fois des passages très poétiques et sa facilité à rendre audibles les différents lignes musicales.
Au début de la Hammerklavier, me voilà reparti avec mon esprit critique : ça manque de puissance – mais le volume de la salle n’aide pas, jamais une rupture, un silence, de la clarté sans drame. Mais voilà qu’elle donne un 2e mouvement plein d’humour et de légèreté, puis elle a prit par la main tout le public dans les si difficiles deux derniers mouvements. Ce fut comme un voyage initiatique dont elle fut le guide inspiré – cette fois, son extrême aisance pianistique était mise au service d’une compréhension en profondeur du texte – rendu ainsi bien plus lisible que Perahia dans cette même œuvre et cette même salle il y a quelques semaines. Succès bien mérité.
Yuja Wang accorda ensuite pas moins de 5 (!) bis : un Gretchen am Spinnrad époustouflant de maîtrise dans la conduite musicale, 2 morceaux d’estrade données avec une virtuosité « ébouriffante »: la Marche turque et une fantaisie sur Carmen (arrangements Volodos / Szay et Horowitz je crois) ainsi que la valse op. 64 n°2 et un Gluck.
Bref, j’ai eu la confirmation qu’elle n’était pas seulement un phénomène digital mais une musicienne : Prochain récital dans le cadre de piano 4 étoiles à la Philharmonie le 27 mars prochain.
Et je recommande encore une fois le livre d’Etienne Barilier « Piano chinois » où deux critiques se livrent bataille autour d’une certaine pianiste d’origine chinoise.
Je partage assez bien votre analyse, toutefois, je m’interroge sur la part respective de la pianiste et de l’acoustique de la salle dans ces constats.
C’était le premier récital que j’entendais à la Philarmonie et l’acoustique tant vantée (médiatiquement) m’a beaucoup déçu… Les Piani sont sans relief et les Forte sont confus.
La sonate 29 enregistrée au Carnégie Hall est sur youtube et donne une idée plus claire de l’interprétation.
Dans tous les cas j’ai adoré la virtuosité, l’engagement, la sensibilité et la générosité de cette artiste.
oui l’acoustique est très curieuse (mais je ne regrette pas Pleyel pour autant !). En tant qu’invité,j e suis en général à l’orchestre de face et ne suis pas sûr que ce soit les meilleures places. Vais demain écouter l’orgue et j’essaierai de tester des endroits différents.