L’ouvrage s’intitule Rencontre, mais il faudrait mettre le pluriel : l’auteur relate dix ans de rencontres espacées avec Valery Gergiev.
C’est écrit d’une plume alerte, seules quelques relances de l’auteur paraissent un peu téléphonées, mais on imagine le travail pour donner cohérence à toutes ces interviews espacées.
Valery Gergiev s’y exprime avec une certaine franchise. Il est tout entier dévoué à son Théâtre Mariinsky (et son école de chant) et déclare que ses postes à Londres, au Met ou à Munich ont été choisis dans le but de servir cette institution. Il nous raconte ses années de jeunesse en Russie et dans son Ossétie natale, ses mentors ou ses idoles : Iouri Temirkanov, Mvravinsky – plus que Svetlanov apparemment – Karajan, Solti…
Il commente abondamment le répertoire russe – en premier lieu Prokofiev – tant les œuvres – souvent méconnues à l’Ouest – que leur interprétation.
C’est le portrait d’un homme vivant pour la musique, qui réussit à se maintenir après la chute du régime soviétique et trouvera avec Poutine un allié de poids.
On aurait aimé un peu plus de confidences sur son stakhanovisme – il déclare qu’il lui arrive de prendre quelques jours de vacances avec sa famille ! Une phrase m’a fait sourire « Heureusement on ne compose plus de musique comme celle de Pierre Boulez ! », phrase que je transmets à feu Abbado et à Barenboim.
Un livre aussi plaisant à lire qu’instructif.