On ne compte plus les versions des suites de Bach interprétées au violoncelle, ainsi chaque grand ou grande violoncelliste français et Dieu sait s’ils sont nombreux les a enregistrées. En voici deux nouvelles par Raphael Chrétien et par Valérie Aimard, mais aussi une troisième avec alto(s) par Pierre-Henri Xuereb.
L’instrument auquel Bach destinait les suites pour violoncelle a été le sujet de bien des spéculations – on s’accorde à penser que la 6e était écrite pour viola da spalla, ou violoncello da spalla (d’épaule) qui se porte à l’épaule ou contre la poitrine (photo).
Elles ont été également enregistrées -moins souvent – à l’alto, dès les années 50 par Lilian Fuchs, suivie de William Primrose (2 professeurs de Xuereb) et d’autres.
Le grand altiste Pierre-Henri Xuereb fréquente des répertoires très variés : ancien altiste de l’Ensemble Intercontemporain, on a pu l’entendre récemment au disque à la viole de gambe dans un album consacré au cinéma ou à l’alto dans les quatuors de Mozart avec Philippe Entremont… (cf. sa page Wikipedia).
Il enregistre ces suites en alternant – au sein de chaque suite – les instruments : altos moderne et baroque, viole d’amour ainsi qu’un alto à cinq cordes pour la sixième. Il alterne même altos baroque et moderne pour le Prélude de la cinquième. Cà me rappelle un enregistrement (1964) de Ruggerio Ricci qui interprétait des pièces sur quinze violons différents…
L’a différence sonore est très sensible entre viole d’amour et altos et on remarquera l’ampleur sonore de l’alto à cinq cordes. On en viendrait presque à préférer l’interprétation de ces suites à l’alto plutôt qu’au violoncelle, les sonorités de cet enregistrement générant peut-être plus d’empathie chez l’auditeur. Mais il faut dire que l’interprétation est merveilleuse de style autant que de sensibilité musicale.
Un disque Indésens (curieusement en 3 CD alors que la version Aimard, plus longue, ne l’est qu’en 2).
Trop rapidement, les deux autres enregistrements.
Relativement peu présent au disque, l’excellent violoncelliste Raphael Chrétien nous propose plus une vision qu’une bonne lecture. Dans des tempi relativement rapides et une prise de son un peu lointaine et réverbérée, on a l’impression d’être emporté dans des discours intimes, légers et rêveurs.
Un très bel album By classique.
Sœur de Pierre-Laurent, Valérie Aimard est elle aussi bien peu présente dans les studios d’enregistrement. Très bien captée, sa sonorité est plus « terrienne ». Comme elle l’indique, dans ces suites « chaque note est indispensable » et on les entend toutes ici, très bien timbrées. L’interprétation donne une impression de gravité, de sérieux. À chacun ses suites qui suscitent tant de versions différentes d’excellents instrumentistes.
Un disque Unik access.