Le trio Leos et Hélène Devilleneuve
Le jeune label Klarthe a la bonne idée d’organiser des concerts promotionnels de ses artistes. On avait passer une excellente soirée à la salle Cortot – cf. Hier soir le trio Leos et l’hautboïste Hélène Devilleneuve se produisaient dans les salons de France-Amériques à l’occasion de la parution de deux nouveaux albums.
Les deux trios op.1 de Beethoven
On a pu entendre hier une version superbement engagée du Trio des esprits. Le CD des deux trios op.1 distille un vrai bonheur : des lectures qui ont du style tout en étant très vivantes. Les trois artistes : Jean Michel Dayez – piano, Guillaume Lafeuille – violoncelle et Pablo Schatzman – violon travaillent ensemble depuis plus de deux ans et cela s’entend. D’ailleurs on pouvait remarquer hier qu’il n’y a pas de leader – comme pouvait l’être le grand Menahem Pressler, mais une véritable osmose entre les trois musiciens. La fluidité permanente de leur interprétation est un régal pour les oreilles et l’esprit. Outre une vidéo du premier trio, l’album comporte également une courte pièce un peu « jazzy » du compositeur Christophe Hache à partir du thème du finale du 2e trio.
À noter qu’ils se produisent à la Marbrerie de Montreuil le mercredi 24 juin prochain avec notamment la transcription d’Eduard Steuermann de la Nuit transfigurée de Schoenberg.
Musique française pour hautbois
Pour les sonates de Poulenc et Dutilleux, Hélène Devilleneuve était accompagnée hier par le pianiste Laurent Wagschal, artiste bien discret alors qu’il a réalisé pléthore de disques consacrés le plus souvent à des répertoires peu fréquentés (Thirion, Dukas, Schmitt, Emmanuel, Pierné, etc.).
Hélène Devilleneuve est « super-soliste » à l’orchestre Philharmonique de radio-France, pédagogue et membre de l’Ensemble Court-circuit de Philippe Hurel.
Au programme du CD (Rikako Murata au piano) :
Fantaisie pastorale d’Eugène Bozza, Sonatine de Pierre Sancan, sonates de Poulenc et Dutilleux donc et et trio pour hautbois clarinette et piano d’Éduard Destenay.
J’ai déjà parlé rapidement du Dutilleux. On pouvait apprécier hier soir les formidables qualités instrumentales d’Hélène Devilleneuve ; on connaît les grandes figures masculines de l’instrument de Holliger à Leleu en passant par exemple par Bourgue ou Pierlot, il faut rajouter Devilleneuve ! (citons au passage la maison Rigoutat). On appréciera la charmante Fantaisie d’Eugène Bozza ainsi que la Sonatine de Pierre Sancan, les tournures mélodiques si caractéristiques de Francis Poulenc, et donc la superbe sonate de Dutilleux. Le trio d’Édouard Destenay (on n’a trouvé que cette notice en anglais sur ce compositeur oublié) connaît un certain succès à l’étranger ; il est vrai que les trios avec hautbois et clarinette (Nicolas Baldeyrou) ne courent pas les rues… Il ravira les amateurs de mélodisme d’une élégance toute française.
Un CD très réussi.