Ça fait plaisir de voir DG consacrer une parution à de la musique contemporaine non immédiatement ou bêtement consensuelle type Max Richter (ou autres…). Mais on avait tout de même eu récemment un CD Dusapin et des concertos contemporains avec Renaud Capuçon.
C’est mon premier papier à propos de Thomas Adès, génie musical de 49 ans, à la fois compositeur, pianiste et chef d’orchestre.
Le présent CD comprend la création mondiale de son concerto, il a un an par les mêmes interprètes : le Boston symphony, le commanditaire et le pianiste Kirill Gerstein, le dédicataire. Les critiques internationaux ont salué cette œuvre comme un des plus grands concertos contemporains, je n’irai pas jusque là. De facture traditionnelle (3 mouvements – 22′ – dialogue soliste / orchestre), son premier mouvement est un décalque de I got rythm de Gershwin, on y entend du Copland (II), du Britten, du Ravel (III), mais c’est une partition très vivante, « pêchue », virtuose et défendue brillamment par Kirill Gerstein (qui joue par ailleurs parfois en duo avec Thomas Adès).
La partition qui m’a ébloui en revanche est sa Totendanz, pour mezzo-soprano, baryton et orchestre composée en 2013 pour les Prom’s de Londres, à l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Britten et Lutosławski. Et du Britten, on en entend… On pense à son Requiem notamment.
L’œuvre s’inspire de la Danse des morts, fresque de Lübeck du XVe siècle (perdue pendant le 2e Guerre monsiale) où la mort s’approche de différents personnages, du pape à l’enfant. Le dramatisme de la partition, l’inventivité de son instrumentation, son « swing » macabre, l’opposition ou les duos entre baryton et mezzo-soprano, tout cela en fait une partition sinon réjouissante, du moins très vivante et prenante.