Quand j’échange avec des compositeurs tendance ‘moderne’, ils veulent bien considérer leurs collègues jusqu’à Philippe Hersant, mais pas au-delà, de peur de tomber dans le ‘néo’ ; je pense que l’on peut allègrement inclure Thierry Escaich dans les compositeurs plus que fréquentables ! On connaît le corpus imposant de son œuvre (bientôt un deuxième opéra) et les talents multiples de ce compositeur-organiste-improvisateur et académicien.
Cette sorte d’anthologie de sa musique de chambre propose ici quatre pièces pour diverses formations : La Ronde (2000) pour quintette avec piano, Après l’aurore (2005) pour quatuor à cordes, Nun Komm… (2001) pour violon seul, Scènes de bal pour quatuor à cordes et Short stories (2018) pour violon et piano.
La Ronde – Le compositeur s’inspire de la pièce du même nom de Schnitzler et du film de Max Ophüls.
La Ronde est une musique entêtante avec sa ritournelle un peu morbide au piano, une pièce très construite qui prend de bout en bout.
Après l’aurore est un hommage à Beethoven, à partir du premier mouvement de la sonate Waldstein. Le compositeur parle volontiers « d’organicité », c’est bien ce qui caractérise l’ensemble des pièces proposées sur ce CD.
Nun Komm… est basé sur le la mélodie grégorienne Veni, redemptor gentium.
Dans un discours très polyphonique, le violon seul semble vouloir atteindre les sphères avant de rejoindre le silence.
Scènes de bal propose cinq courtes danses en quelque sorte sublimées et pas franchement gaies, plutôt des variations sur des figures rythmiques.
Enfin, l’œuvre la plus récente, Short stories, est en cinq mouvements, comme des court-métrages dit le compositeur. lus que Fritz Lang, j’ai cru souvent percevoir l’ombre du Quatuor de Debussy entre autres.
Un disque très réussi, à mettre aussi au crédit de la famille Tchalik qui a beaucoup travaillé ces pièces avec le compositeur.