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Arnold Schoenberg – Écrits – Fantaisie

C’est un bonheur de lire les écrits d’Arnold Schoenberg édités et traduits ici par Jean-Pierre Collot avec la participation de Philippe Albéra.
C’est la première fois que cette somme (1 531 p. !) est réunie en langue française ; elle bénéficie d’une remarquable introduction de Philippe Albéra et de la qualité coutumière des éditions Contrechamps.

On y apprend que Schoenberg était également conteur et inventeur d’histoires comme celle de La Princesse qu’il racontait à ses enfants pour les faire finir leur assiette (cf. livre en français et enregistrement de Schoenberg lui-même sur un magnétophone).

On est surpris de ses combats répétés contre Josef Matthias Hauer qui revendiquait son « invention » du dodécaphonisme ou vis-à-vis de élève et ami Webern qui avait tendance à antidater ses opus pour montrer qu’il n’était pas à la traîne…

Mais l’essentiel réside dans ses textes sur la musique ou sur sa musique. Une phrase humoristique : « J’étais rejeté et méprisé par les meilleurs musiciens de l’époque, et même Massenet n’hésita pas à prendre position contre moi ». 

On trouvera notamment nombre d’analyses ou commentaire de ses œuvres, comme par exemple ses quatuors à cordes, et nombre de pensées qui laissent parfois étonné(e) : « Ainsi, quand il m’arrive de reprocher à certains jeunes compositeurs de servir le marché avec un peu trop de servilité, ils peuvent très bien me rétorquer – et sans doute ont-ils raison – que je ne tiens pas compte des exigences du marché » (on appréciera au passage sur ces échantillons la qualité de la traduction française). Il y a aussi d’intéressants propos sur d’autres compositeurs – l’éloge de son ami George Gershwin notamment.

Sans faire un inventaire complet (les textes sur la question juive sont intéressants, mais peuvent concerner un peu moins), quelle somme, quel écrivain, quel penseur, sacré Arnold ! L’impression qui prédomine est celle d’un penseur tous azimuts, mais toujours d’une grande cohérence avec son œuvre.

Un ouvrage indispensable aux éditions Contre champs.


L’occasion de rendre compte d’un nouvel enregistrement de la pianiste Pina Napolitano consacré à une mise en confrontation / relation entre la musique de Brahms et celles de la Seconde école de Vienne. 

Il s’agit du troisième CD de la série « Brahms the progressive » qui doit se poursuivre avec d’autres publications. Cette fois, avec la complicité du violoniste Franco Mezzena, Pina Napolitano met en regard les sonates 2 & 3 de Brahms avec les quatre pièces op.17 de Webern et de Schoenberg un fragment de sonate pour violon (1928) et la Fantaisie pour violon et piano op.47 de 1949.
Bien que dodécaphonique, la structure et le romantisme caché rapprochent effectivement le fragment de sonate à Brahms.
La Fantaisie a un style très décidé, curieusement à la fois âpre et presque langoureux. Pour reprendre ses termes, c’est sûr qu’il ne « tient pas compte des exigences du marché ». Mais c’est dense, structuré, inventif, bien plus « qu’intéressant ».

Les sonates de Brahms et les pièces de Webern bénéficient également du style très sûr du violoniste et de la compréhension en profondeur de ces œuvres par Pina Napolitano.

Une nouvelle réussite parue chez Odradek.