Sibelius – Symphonie n° 2 – Ecoutes comparées
Extraits – Pochettes
On a du mal à trouver une analyse correcte de cette symphonie – cf. celle du livre Jean Sibelius de Marc Vignal (Fayard), détaillée mais pas toujours très claire.
Il s’agit de la symphonie la plus célèbre du compositeur, plus encore que la 5e. Elle est supposée durer ¾ d’heure, le minutage va en fait de 39’ environ (Kajanus, Paray) à 51’ environ (Bernstein / Vienne).
La discographie est très confuse entre les enregistrements officiels et les live (Barbirolli…) et les faux (Scholz ??).
Si l’on s’en tient aux pochettes de disque, Barbirolli a été le plus réédité. Cette version a été redistribuée récemment en CD en France, peu après la chérie des discophiles français un peu avertis, celle de Rojdestvenski. Ajoutons à cela la prolifération des chefs du Nord de l’Europe et des séries ultra-économiques. Enfin, Sibelius est l’apanage des chefs anglais, de Beecham à Davis, alors que les seuls chefs français à avoir enregistré cette œuvre sont Pierre Monteux, Paul Paray et plus confidentiellement Georges Prêtre, ce qui ne nous rajeunit pas…
On a repéré plus de 50 versions accessibles… Pour une fois on va se contenter des enregistrements studios et on va sélectionner à partir du 1er mouvement en procédant par grand groupes de chefs.
1er Mouvement – Allegretto
Les Nordiques et les Russes
(on n’a pas eu accès à Kondrashin / Concertgebouw chez Thara)
Robert Kajanus – Royal Philharmonic – 1930
Robert Kajanus (1856-1933) était le compositeur finlandais le plus en vue avant l’avènement de Jan Sibelius. Il est le fondateur en 1882 de l’Orchestre philharmonique d’Helsinki (Suzana Mälki en sera le chef attitré l’an prochain). Au début des années 30, Un arrangement entre EMI England et le gouvernement finlandais permit le début de l’enregistrement des symphonies de Sibelius, interrompu par la mort de Kajanus.
Seul Paray fera aussi rapide. C’est pourtant bien Allegretto. Mais on ne sent pas vraiment ce tempo, les épisodes passent bien rapidement. Sibelius a-t-il vraiment aimé cela ? Il n’était pas comme Stravinsky, à critiquer à tout bout de champ les chefs d’orchestre interprétant sa musique… La fin du mouvement a un côté hiératique bienvenu cependant. Orchestre très intelligible. 7
Okko Kamu – Berliner Philharmoniker – 1970
Karajan avait laissé ce spécialiste compléter son intégrale pour DG, sans doute à cause de son contrat avec EMI qui le vit enregistrer cette même œuvre à peu près en même temps. Sibelius avouait ne pas comprendre pourquoi l’on jouait le 1er thème – « un des plus joyeux que j’ai composé » aussi lentement. C’est un peu le cas ici. Cordes superbes évidemment. Lecture un peu morcelée, la beauté orchestrale ne suffit pas à retenir l’attention. De beaux moments tout de même. 7
Gennady Rozhdestvensky and the Moscow Radio Symphony Orchestra – 1970
Cette fois l’œuvre vit vraiment, on est pris de bout en bout, les silences notamment sont très structurants. Et cela malgré une prise de son faite d’assez loin. C’est à la fois haletant et analytique, avec une maitrise époustouflante des dynamiques. Génial, dommage qu’il ait fallu aller sur un site pirate pour y accéder… 9
Paavo Berglund – Bournemouth symphony – 1978
Très lent, un peu lourd du coup, Sibelius râlerait : moins joyeux pour le 1er thème : difficile de faire pire… Curieuses articulations aux cordes, c’est plat, pas toujours très propre, ensuite, c’est plus nerveux qu’animé. 6
Herbert Blomstedt – San Francisco – 1992
Orchestre minutieusement détaillé, on a cette fois une vraie gestion du temps et des épisodes, qui annoncent le futur Sibelius. C‘est vivant, engagé. 7,5
Mariss Jansons – Oslo Philharmonic- 1993
Né en Lettonie, il a été connu notamment pour ses Tchaïkovski chez Chandos avec l’orchestre d’Oslo, avant de devenir une des stars de la baguette. On ne peut pas dire que ses disques aient suscité quelque enthousiasme, même si c’est toujours bien fait, peut-être faudrait-il avoir la chance de le voir en concert ?
C’est bien lent, des phrasés un peu convenus aux cordes au début, puis de l’animation, mais tout cela est policé, voire prudent, cela manque de nécessité. 6,5
Paavo Berglund – Chamber Orchestra of Europe – 1997
Le même qu’en 1978. Je crois que c’est pire : les instrumentistes n’ont pas la plus belle des sonorités, toujours cette curieuse accentuation des cordes, c’est assez plat et inexistant. 5,5
En disant tout ça pour cette version qui se voulait sans doute novatrice, on peut penser que je préfère des versions « romantiques ». Que nenni ! Il faut juste que la musique vive et nous émeuve sans forcément une once de romantisme (Je me rappelle un extrait de la 5e avec Esa-Pekka Salonen à Verbier : pas une once de romantisme mais une sorte de sidération…). 5,5
Petri Sakari – Iceland symphony – 1999
Petri Sakari est un chef « régional » né en 1958 et se produisant essentiellement en Finlande et Islande. C’est lent, sonne petit, pas d’accent, de dynamique… 5.
Oramo – Birmingham – 2001
Le 1er thème est léger, l’ensemble aussi d’ailleurs, c’est détaillé, ça manque un peu d’allant, primauté aux cordes, de beaux passages, mais c’est un peu plat une fois de plus, sauf la fin pour laquelle il a réservé un certain dynamisme, qui rachète le début. 7,5
Osmo Vänskä – Lahti – 2006
Prise de son atmosphérique. Beaucoup de nuances, de détails, c’est curieusement froid et empli d’ambiances, ça manque tout de même de dynamique, mais là n’est pas le propos : c’est fait « façon 7e » : il retient le flux global pour mieux faire ressortir les épisodes qui prennent alors toute leur place. C’est assez superbe. 8,5
Berglund – London Philharmonic – 2006
Le revoilà ! Le 1er thème se traîne, toujours les mêmes tics, il ne se passe rien ! Je n’ai aucun a priori contre ce défunt chef dont il me semble me rappeler une ou deux Kullervo correctes, mais vraiment… 5
Vladimir Yesipov – USSR State Symphony Orchestra – 2009?
C’est lent, prise de son très présente et réverbérée. Impossible de trouver quelque information sur ce chef, si ce n’est qu’il était actif dans les années 70… Un faux-nez, ? Il ne semble pas : plusieurs enregistrements sont signés ainsi chez Denon. C’est très vivant, prise de son très artificielle, mais c’est épique, prenant. 8
Pietari Inkinen – New Zealand – 2011
Rien de péremptoire ici non plus. C’est assez ‘pastoral’, avec des belles cordes. Bel équilibre, une bonne version de plus, mais rien de saillant. 7
Anton Nanut – Slovenian Radio Symphony Orchestra – 19??
C’est un peu lâche, des balances orchestrales pas très ajustées, mais une version vivante. 7
Osmo Vänskä – Minnesota – 2012
C’est encore une fois très travaillé, juste un peu plus rapide que 6 ans auparavant. Les mêmes options, mais ça fonctionne moins bien, tout semble un peu ‘téléphoné’. 7
Leif Segerstram – Helsinki – 2013
Version traditionnelle, avec du corps, grande allure, dommage que les phrasés des cordes se terminent toujours un peu ‘en dedans » ce qui nuit à la présence, mais la prise de son est un peu étouffée. Mais ça vire ensuite un peu du côté de Rachmaninov… Malgré la beauté de l’image orchestrale, une déception. 6,5
Mariss Jansons – Concertgebouw – 2014
Orchestre superlatif, c’est un peu lourd, mais ça sonne tellement bien… Le tout manque de projet… 7
Américains – Sort of
Disons chefs américains ou ayant essentiellement pratiqué aux USA.
Leopold Stokowski – NBC – 1946
C’est immense et proche à la fois. Cà a de la gueule, peut paraître un peu sollicité, mais tout fonctionne superbement, on est pris tout le temps ! Un magicien de l’orchestre, mais aussi un musicien qui savait s’approprier les œuvres ! Grandiose. 8,5
Koussevitzky – Boston – 1950
Un ton général bien sérieux, assez bel orchestre, c’est vivant, bien agencé, une version traditionnelle, d’un seul tenant, mais le son (primauté aux vents) donne une image un peu épaisse. 7
Lorin Maazel – Vienna Philharmoniker – 1964
1er thème très travaillé, c’est tenu, maîtrisé, beaucoup de micro-figures bien rendues, de l’allure, du drive, quelques mises en avant d’instruments au montage, mais c’est très vivant et prenant. 8,5
George Szell – Concertgebouw – 1964
Les violons sont curieusement à droite… c’est très détaillé, un rien placide avant que la ‘mayonnaise’ ne prenne au milieu du mouvement. Encore un grand chef pour sûr. Une belle version. 7,5
Leonard Bernstein – New York – 1969
C’est assez réverbéré. Le début fait curieusement Schubert. Des alanguissements, du montage, c’est assez morcelé, disons artificiel, comme la stéréo, mais il y a du panache, notamment vers la fin où c’est cette fois organisé. 7,5
Maurice Abravanel – Utah – 1977
Maurice Abravanel (1903-1993) dirigera l’Orchestre symphonique de l’Utah de 1947 à 1979.
C’est bien lent, des équilibres inédits aux cordes, c’est très méticuleusement et très bien fait, la lenteur apporte ici une certaine gravité de ton. Une véritable interprétation, attachante. 8
Yoel Levi – Cleveland – 1984
On a mis Yoel Levi (1950*) dans cette catégorie, même s’il s’est plutôt produit en France ces dernières années et est maintenant à la tête du KBS Symphony Orchestra (Corée du Sud).
Prise de son manquant de clarté. Ça se déroule gentiment, sans que rien d’intéressant ne ressorte vraiment. Plat et ennuyeux. 6
Leonard Bernstein – Vienne – 1987
Le chant du cygne de Bernstein (1918-1990), qui comme Celibidache ou Giulini dirigeait de plus en plus lentement à la fin de sa vie.
Comme on dit maintenant : « là, on est vraiment sur du tempo étiré ! ». C’est bien plus sophistiqué que 18 ans plus tôt à New York. Quand l’œuvre a été créée, Sibelius avait 37 ans… Sans aller jusqu’à celui de Kajanus, on a du mal à penser qu’il ait imaginé ce mouvement dans ce tempo. C’est néanmoins habité, mais ça fait un peu Richard Strauss… 7,5
Zubin Mehta – New York – 1990
Encore un tempo lent, c’est doucereux, inconsistant. 5,5
Levine – Berlin – 1993
Rapide, réverbéré, mais un grand ennui nous envahit rapidement. Bel orchestre, mais on ne sent pas de projet interprétatif. 7
Lorin Maazel – Pittsburgh – 1995
Ce sera encore plus lent que Bernstein / Vienne… (11’28’’ contre 8’24’’ pour Kajanus…). Mais là, contrairement à Bernstein, il n’y a plus vraiment de flux musical, c’est franchement pesant, la prise de son est de plus assez ouatée. 5,5
James Depreist – Oregon – 2004
James Depreist était un des rares chefs de couleur, atteint jeune de poliomyélite (1936-2013).
Une version agréable, un orchestre honnête, une bonne mise en place, une version pour station américaine « light music » ? 6
On n’a pu trouver la version Stokowski à Londres en 1976, à l’âge de 94 ans…
Les « Anglais » – plein de ‘Sirs’
Pas de Beecham en studio, des concerts de 46 et 54 entre autres dans des sons précaires.
A noter que la version Malcom Sargent / BBC de 1956 a été rééditée chez Forgotten records.
Antony Collins – London symphony – 1953
Que tout cela est calme et distingué avec Antony Collins (1893-1963). Mais pourquoi pas finalement c’est en tout cas atmosphérique, poétique. Disons qu’après s’être shooté à la vodka avec Rozhdestvensky, un peu de thé avec un nuage de lait ne saurait nuire. Parmi les versions ‘light’ entendues jusqu’ici, c’est sans doute la mieux organisée. Très belle mono, sans aucun excès non plus. Très bel orchestre et équilibre orchestral également. 8
John Barbirolli – Hallé – 1967
Voici la fameuse version Barbirolli avec son orchestre. Prise de son très présente. Superbes phrasés, superbe organisation des différents pupitres, on est pris par le flux musical, fiévreux et mystérieux à la fois, de l’ampleur, c’est magnifique. 9
Alexander Gibson – Royal Philharmonic – 1973
Alexander Gibson (1926-1995) est peu connu de ce côté-ci de la Manche. On lui sait gré d’avoir enregistré Luonnotar avec notre amie Phyllis Bryn-Julson…
Tempo soutenu, tout est bien fait, mais que cela manque une fois de plus de relief… Quand on écoute Rozhdestvensky ou Barbirolli, on est complètement transporté ; là, c’est tout juste si on ne va pas retourner vers la partition pour voir si ça ne dépasse pas parfois le mf… 6,5
Colin Davis – Boston – 1979
1er thème bien timide, c’est agréable, bien organisé mais bon… Une bonne version « traditionnelle ». 7
Ashkenazy – Philharmonia – 1980
On a beau se concentrer, on ne trouve guère d’intérêt à part un bon orchestre dans une prise de son réverbérée… On est dans le « mou » de la plupart des versions. 6,5
Simon Rattle – Birmingham – 1984
Un peu plus de vivacité que chez le chef anglais moyen. Belle version sans plus. 7,5
Adrian Leaper – Slovak Philharmonic – 1991
Adrian Leaper est un chef anglais (1953*), qui a beaucoup enregistré pour Naxos. Rien à dire, ni en bien ni en mal… 6,5
Ashkenazy – Boston – 1993
Toujours plus mou… 6
Colin Davis – London symphony – 1995
C’est plus lent globalement alors que l’impression est inverse. Le tout se tient mieux, même si l’on ne rangera pas cette version dans la catégorie ‘dynamique’. De belles atmosphères grâce aux vents, mais les cors sont un peu omniprésents. Une belle version. 7,5
William Boughton – Royal Philharmonic – 2006
Ne communique pas sa date de naissance… On a plus l’impression d’un orchestre de chambre que d’un symphonique, sorry pour le cliché, mais ça fait très anglais, rien d’appuyé, tout en délicatesse, pas un trait de forcé. Agréable sans plus – pour le 5 o’clock. 7
Mark Elder – Hallé – 2013
Mark Elder (1947*) : A force, on finit par se demander si Rozhdestvensky ou Barbirolli ont tout faux et que la vérité de la partition réside dans la sorte d’infusion insipide ‘distillée’ par les chefs anglais ? Et bien non… tout cela relève d’un excellent métier comme beaucoup d’autres, mais c’est sans grand intérêt une fois de plus. 6,5
Austro-allemands
Herbert von Karajan – Philharmonia – 1961
Finalement, les plus grands à mon sens n’ont pas enregistré ni même dirigé de symphonies de Sibelius : Furtwängler, Kubelík, Walter, Klemperer, Kleiber (père, merci), Mengelberg, etc. HvK les a enregistrées à plusieurs reprises.
Tempo allant, 1er thème guilleret, beauté des phrasés aux vents, de la continuité, du son. On peut reprocher à cette version de deviner à chaque passage comment sera rendu le suivant, mais on a l’ampleur, l’épique avec le motorisme sous-jacent. Superbe. Et comme pour les autres grandes versions, le mouvement paraît beaucoup plus long : non que l’on s’ennuie : au contraire, on est pris par l’œuvre à chaque instant. 8,5
Kurt Sanderling – Berliner symphoniker – 1974
L’intégrale Sanderling (1912-2011) connut un certain crédit en France. Le son des LP de l’époque était assez rédhibitoire.
Ça commence bien, beaucoup de cors, dirigé très ‘serré’. C’est un peu gris au niveau de la couleur d’ensemble, un peu pataud aux bois, ça intéresse mais sans plus. Un peu plus d’animation, c’eut été une excellente version. 7,5
Herbert von Karajan – Berliner Philharmoniker – 1981
On a écouté le LP des dizaines de fois… C’est plus rapide que 20 ans auparavant. La prise de son est réverbérée, c’est plus massif au départ. La balance est trop en faveur du bas-medium. Mais c’est la fin du mouvement qui fait me rappeler pourquoi j’aimais tant ça : une plénitude sonore époustouflante. 8,5
Alfred Scholz – South German Philharmonic – 197?
13’13’’ ! Alfred (1926 ?*) était un ‘faker’, vendant des enregistrements avec de faux noms de chefs (celui de son professeur Hans Swarowsky, d’autres inventés) et d’orchestre (celui-ci : en fait la défunte Philharmonie allemande de Prague, dont les membres immigrés de Tchécoslovaquie fondèrent l’orchestre symphonique de Bamberg), parfois plusieurs fois sous des appellations diverses. Il est à l’origine de 300 enregistrements. Malgré le tempo et le fait que ça sonne comme un grand harmonium, les notes y sont et cela a parfois de l’allure même. 3’ de réverbération au moins, mais passée la surprise du tempo dans les premières mesures, c’est en fait très vivant. Par provocation et parce que je suis curieux de la suite, je la retiens… 8
Français
Monteux – London symphony – 1959
Tempo mesuré, la patte d’un grand chef comme toujours. Superbes phrasés, merveilleux équilibres, du son, de l’allure… 8,5
Paul Paray – Detroit – 1960
Un des plus rapide, le contraire eut étonné. C’est élégant, un peu mince de son (cordes). On ne manque aucune des petites interventions de la petit harmonie. C’est très bien mené, mais fait curieusement penser à la 1ère de Proko… Vivant mais un peu corseté. 7,5
Georges Prêtre – New Philharmonia Orchestra – 1969
Guère enthousiasmant, 1er mouvement assez statique, le reste ne fonctionne pas vraiment non plus. 6,5
Autres
Naoto Otomo – Tokyo Symphony Orchestra – 2007
Naoto Otomo (1950*) : De nombreux chefs japonais dirigent volontiers Sibelius (cf. pochettes), mais pas Ozawa…. La prise de son et aussi l’interprétation manquent de relief. Les phrasés manquent de corps… 6
Dudamel – Gothenburgh – 2011
Ça commence mal : une intention par note au début… C’est assez lent, pas formidablement en place, le tout est bien linéaire et ne concerne pas vraiment. 6,5
Conclusion du 1er mouvement
Finalement je ne retiendrai pour la suite que :
- Stokowski – NBC,
- Monteux – London symphony,
- Karajan – Phiharmonia,
- Maazel – Vienne,
- Barbirolli – Hallé,
- Rozhdestvensky – USSR ,
- Karajan Berlin,
- Vanska Lahti (seule version depuis les années 80…).
- et le fameux Scholz…
Nouveautés 2020
Écouté André Previn avec Pittsburgh en 1969, une bonne lecture, sans plus.
Yutaka Sado avec le Tonkünstler Orchester (2017), manque d’accents. 6
Dmitri Kitayenko, Gürzenich-Orchester Köln (2018), cordes poétiques, mais manque de verve. 7,5
2e mouvement – Tempo Andante, Ma Rubato
Stokowski – NBC – 1946
Début impressionnant, voire morbide. Orchestre virtuose, lecture tendue, implacable. 8,5
Monteux – London symphony – 1959
Un peu moins suffocante que la précédente, mais c’est un bonheur de voir toutes les indications de la partition si naturellement respectées. 8,5
Herbert von Karajan – Phiharmonia – 1961
Début assez neutre, ça s’animera bien sûr par la suite, mais c’est un peu placide, sans unité de discours affirmée, avec de superbes moments d’orchestre toutefois et quelques tendances hédonistes. 7,5
Lorin Maazel – Vienna Philharmoniker – 1964
Intro bien calme, il ne se passera d’ailleurs pas grand’chose par manque d’animation, malgré la splendeur des instruments. 7,5
John Barbirolli – Hallé – 1967
(Préférer la réédition Warner à celle de Naxos).
Tempo lent, mais bien qu’il y ait peu de notes, l’intro créer de suite un climat. Sans doute la version qui offre le plus de ‘récompenses’ à l’auditeur : on anticipe chaque passage et on a ce que l’on attendait… Le tout dans un son superbe. 9
Gennady Rozhdestvensky – USSR symphony orchestra – 1970
Même tempo que Barbirolli. Presque la même ambiance lunaire. Toujours ces silences si bien vus, qui ne morcellent pas le discours, mais le rythment. Un peu plus distancié que Sir John. 8,5
Herbert von Karajan – Berliner Philharmoniker – 1981
L’orchestre est un peu fondu, ça manque d’angles, mais c’est somptueux, et plus organique qu’avec le Philharmonia. 8,5
Osmo Vänskä – Lahti – 2006
Malgré une certaine légèreté sonore, on a une saga nordique ici. Une série de tableaux, séparés par des silences bienvenus, mais avec une cohérence globale. La version moderne, même si elle a déjà 8 ans. 8,5
Et Scholz ? Et bien ça tient le coup malgré son tempo aberrant ! on peut écouter ça là.
Conclusion
Je m’arrêtera là car le temps passe…
- L’œuvre tient le coup dans ce genre d’exercice, tant pis pour René Leibowitz.
- Dans mon ordre subjectif, Barbirolli, Rozhdestvensky, Vänskä, Stokowski & Karajan II tiennent le haut du pavé, à côté de tant de versions sans relief… ci-dessous quelques extraits.
Alors, pour cette symphonie qui est l’une de mes favorites du grand répertoire, mes conclusions divergent un peu…
J’aime le motorisme de Kajanus, l’ampleur de Karajan-Philharmonia -mais moins la version avec Berlin-, le classicisme de Szell et le naturel de Beecham -un live des années 50-. J’aime bien aussi Monteux et Vanska-Lahti. Par contre, je trouve Barbirolli très bon, mais un peu « neutre ». Il faut que je réécoute Collins, mon vieux vynil est HS et les CD arriveront bientôt, mais j’en ai gardé un très bon souvenir.
Par contre, je n’aime pas du tout l’absolu contre-sens -à mes oreilles au moins- de Bernstein avec Vienne.
Du très correct avec Maazel et Sanderling, également -très beau traitement par strates chez ce dernier-. Et Roshdestvensky est excellent également, mais son orchestre d’une verdeur qui peut rebuter -les cuivres-.
Cette symphonie, magnifique, supporte beaucoup de visions parfois très opposées.
On est quand même d’accord sur l’essentiel, à part Barbirolli, que je trouve le plus caractérisé. Même si cette fois il n’y avait pas de Kubelik, on a néanmoins ses a priori quand on fait ça tout seul et non à l’aveugle : je n’ai jamais été un grand fan de Sanderling. Reste que l’œuvre tient le choc de ce genre d’exercice, c’est loin d’être la cas de toutes… A venir, autre chose : Erwartung…
J’aime la petite pique sur René Leibowitz « Siibelius : le plus mauvais compositeur du monde… ». Oui, on est d’accord sur l’essentiel. Le plus surprennent, néanmoins, c’est que depuis que de nombreux chefs s’intéressent à Sibelius, c’est le ralentissement général des interprétations, dans le sens d’une ampleur du discours trè éloigné des premières lectures -Kajanus, Collins, mais aussi Ehrling, voire le jeune Maazel-, qui étaient généralement bien plus vifs dans leur discours.
Essai à reconduire avec le cinquième également, fort souvent enregistrée et très populaire et facile d’accès -pour le coup, Karajan Philharmonia, très ancien, mérite un coup d’oreille, justement-, et cet enregistrement lui avait valu les louanges du compositeur-.
Oui, j’adore la 5e mais je ferai peut-être plutôt la 7 un jour. Quid de la rumeur de la découverte du manuscrit de la 8 ? Fausse rumeur ?
J’aime beaucoup ce genre d’exercice, mais maintenant que je fais cela seul ça a un côté plaisir solitaire… et ça empêche l’écoute en aveugle, même si avec l’âge on reconnait souvent les interprètes…
Prochain concert important le Philharmonia avec Ashkenazy à la place de Dohnanyi, malade, déjà que je devais écouter Maazel en janvier…
Mon espion me dit que vous êtes en Alsace, dommage, je vous aurais inviter à un récital d’un excellent pianiste à Gaveau le 12/11
Bien cordialement
Merci pour l’invitation 🙂 Nous sommes bien pourvus en contres de toutes sortes en Alsace, la région qui compte à elle seule plus de chorales amateurs que tout le reste de la France 😉 ! Mon ex-compagne étant pianiste chef de chant à l’ONR, j’ai par ailleurs l’occasion de pouvoir profiter de nombreuses invitations.
J’ai lu l’article de la revue des critiques parisiens portant sur la musique au 20ème siècle, et, notamment, la qualité de l’enseignement de la musique en France. Je ne suis que partiellement d’accord avec son contenu : l’enseignement musical, en France, est de grande qualité, mais très élitiste, et, surtout, organisé selon une logique d’entonnoir qui sélectionne outrageusement, d’une part, et n’apprend pas à aimer la musique d’autre part. C’est là, à mon sens , son plus grand défaut !
😉
Je possède une merveilleuse version de Georges Szell, concert en direct en 1970 à Tokyo, avec l’orchestre de Cleveland, et je ne lui pas trouvée de rivale : même Barbirolli me paraît moins intéressant. Et que dire de la façon dont il mène le final ! C’est à la fois éblouissant et mystérieux, exactement les qualités que requièrent les deux thèmes si opposés, et si complémentaires. Je vous conseille bien vivement ce disque…
Merci pour l’info, on ne peut tout écouter et surtout accéder à tout…
Pour moi la meilleure orchestration de cette oeuvre est celle Eugène Ormandy , version RCA avec le papillon , y’a pas au dessus , avec un final en crescendo extrêmement bien maîtrisé qui donne toute la puissance à cette oeuvre , à mon sens , sa plus belle symphonie ….
Je n’ay avais pas accès, je connais que ses quatre légendes chez EMI, mais c’était un chef très proche du compositeur
Je viens juste d’écouter en entier l’interprétation d’Ormandy, et je remercie bien vivement Jacques de m’avoir fait découvrir pareille merveille : c’est impressionnant ! Merci à vous, Jacques.