Ce sont les vingt ans de ce quatuor. J’ai déjà croisé Eric Lacrouts (cf.), mais aussi Guillaume Martigné, qui avait suscité un de mes premiers papiers il y a (!) cinq ans. Je ne connais pas les deux autres membres, mais en tout cas les deux premiers cités ne chôment pas : entre autres occupations, l’un est premier violon à l’orchestre de l’Opéra, l’autre fait partie du Paris Mozart orchestra (cf. l’interview de Claire Gibault) …
Il me semble qu’il eut été préférable de mettre comme accroche « Debussy, Dutilleux, Ravel » que « Constellations ». J’ai hésité à faire ce papier : une première écoute un peu distraite m’avait ravi par le lyrisme et la plasticité, une deuxième à peine moins distraite me fit déceler quelques problèmes instrumentaux, donc je m’y mets sérieusement cette fois d’autant que, pour faire léger, ces trois partitions « sont à l’acmé de mon Panthéon musical »…
Et ce d’autant qu’ils se produisent demain pour un concert promotionnel !
Debussy : le 1 est marqué « animé » et il l’est pour sûr ici. C’est une version fiévreuse, engagée, d’où quelques anicroches bien minimes. On est plus proche d’un Gustave Moreau que d’un Maurice Denis. Le 2 est remarquable de plasticité et passe comme un rêve espagnolisant. Le 3 est d’une grande délicatesse, la déclamation de la fin est supérieure menée avant une conclusion éthérée si prenante. Le dernier mouvement confirme cette fièvre, cette chaleur de l’interprétation, assez enivrante.
Ravel : ici encore primauté au lyrisme et à la chaleur des timbres. C’est à peine si l’on trouve leurs qualités un peu moins adaptées que dans Debussy, mais que de beautés ! Je n’ai pas souvenir par exemple d’un très lent aussi lent, à la limite de la rupture du discours, dans une ambiance de clair de lune avant un 4 d’une ampleur quasi symphonique.
Dutilleux : Leur habileté à créer de si belles atmosphères nocturnes trouve bien sûr son plein emploi dans Ainsi la nuit. Couleurs, phrasés, raffinement des sonorités, alacrité : tout est à louer dans cette interprétation d’un quatuor qu’il eurent la possibilité de jouer en présence du compositeur.
Un grand disque, à la beauté entêtante et très bien enregistré par Klarthe.
hélas le concert est complet à l’heure où je vous lis…., mais votre commentaire toujours très mesuré donne envie de les suivre au plus près… Merci Thierry
Bruno