Il est bien compréhensible que des pianistes « exilés » veuillent rendre hommage, au travers d’une anthologie, aux compositeurs de leur pays d’origine. Ce fut par exemple le cas récemment pour Célimène Daudet avec des pièces pour piano de compositeurs haïtiens, pays natal de sa mère (cf.), ou encore des pièces de compositeurs palestiniens par Fadi Deeb (cf.).
Voici une anthologie de pièces pour piano albanaises par la pianiste Eni Dibra Hoffmann, d’origine donc albanaise, mais qui s’est apparemment ensuite installée en Suisse, près du paisible lac de Bienne. Je suppose qu’elle eut moins de difficultés à s’exiler que le célèbre violoniste Tedi Papavrami, difficultés relatées dans un très beau livre.(cf.).
On ne passera pas en revue les différents compositeurs albanais réunis ici, tous du XXe siècle, à part Aleksander Peçi et Limoz Dizdari – avec un trio en 2 mouvements – toujours vivants. Comme l’indique le livret, l’aspect relativement traditionnel de ces compositions s’explique par le fait que les apprentis musiciens du Conservatoire de Tirana -1966) avaient comme professeurs des personnes qui avaient été formées à Moscou, selon la ligne officielle d’alors.
Il n’empêche, les œuvres réunies ici sont d’une écoute toujours agréable, bien construites, parfois gaies (Humreska d’Albert Paparisto, comme du jeune Prokofiev), souvent mélancoliques ; elles font preuve d’une inspiration originale et paraissent très bien rendues par la pianiste Eni Dibra Hoffmann.
En attendant des œuvres albanaises d’une écriture plus « moderne », un disque très attachant.
Merci pour votre article, Thierry Vagne : cet album me semble en effet très intéressant.
Je suis toujours à l’affût de nouveaux répertoires pianistiques : à écouter, ou à jouer…
On sent, effectivement, ici, l’attache avec Khatchaturian, ou d’autres…Et c’est passionnant.
Et la pianiste, de son côté, a l’air tout à fait excellente.