La muette de Portici à l’Opéra comique

La muette de Portici à l’Opéra comique

L’Opéra comique a donné cet opéra de François-Esprit Auber en avril 2012.
Notre ami féru d’histoire, Karim Ouchikh, nous présente l’oeuvre ci-dessous et la replace dans son contexte historique dans la pièce attachée.

La Muette de Portici, le Grand opéra français et l’actualité de l’œuvre

De l’aveu des musicologues, La Muette de Portici est considérée comme une œuvre fondatrice, représentative du Grand opéra français. Ce genre musical désigne ordinairement des opéras, articulés en quatre ou cinq actes, servis par un orchestre et une distribution considérable, toujours conçus à partir d’une intrigue dramatique, tirée généralement d’un évènement historique, et dont l’intensité est amplifiée par des décors spectaculaires et des effets de scènes saisissants. Historiquement, le Grand opéra français s’est épanoui de la fin des années 1820 jusqu’au début des années 1870 avec notamment, en France, Jacques-Fromental  Halévy (La Juive, 1835) ou Ambroise Thomas (Hamlet, 1868) , mais aussi, en Italie, avec Giuseppe Verdi (Aïda, 1871) et  Amilcare Ponchielli (La Gioconda, 1876), ou en bien encore, en Allemagne, avec Giocomo Meyerbeer (Les Huguenots, 1836) et Richard Wagner (Tannhäuser, version 1861).

Abondamment jouée naguère, – elle fut interprétée, jusqu’à la fin du XIXème siècle, pas moins de 505 fois à Paris et à 285 reprises à Berlin  -, La Muette de Portici est une œuvre aujourd’hui passablement délaissée. Bien à tort, si l’on juge de son intérêt historique objectif et de ses qualités propres qui sont indéniables, notamment pour le style d’interprétation et les accents mélodiques de cette œuvre qui, selon moi, la rattachent aussi, avant l’heure, au courant des opéras verdiens : sous ce rapport, la superbe ouverture est à écouter absolument. On pourra s’en convaincre en se procurant l’un des très rares enregistrements de la partition d’Auber actuellement disponible dans le commerce (EMI Classics), en l’occurrence celui qui fut réalisé lors de son interprétation en septembre 1987 par l’Orchestre Philarmonique de Monte-Carlo, placé alors sous la baguette inspirée de Thomas Fulton, avec pour le chœur, l’Ensemble choral Jean Laforgue, et dans la distribution, l’excellent Alfredo Krauss dans le rôle de Masaniello et la non moins talentueuse June Anderson dans celui de la princesse Elvire.

Alors que le théâtre de la Monnaie s’abstient actuellement, considérations politiques obligent, de programmer La Muette de Portici  à Bruxelles, qui y fut interprétée pour la dernière fois en 1930 à l’occasion de la commémoration du centenaire de l’indépendance de la Belgique, l’Opéra-comique mettra cette œuvre sulfureuse à l’affiche de la salle Favart, à Paris, en avril 2012, en co-production avec l’orchestre et les chœurs de la Monnaie….

La Muette de Portici et l’Indépendance de la Belgique

Trahisons photographiques / Photographic betrayals

Quelques trahisons de la Résurrection de Pierro della Francesca
Quelques trahisons de la Résurrection de Pierro della Francesca

Copie d’écran d’une recherche dans Google images : aucune image ne rend compte exactement de l’original de la Résurrection de Piero della Francesca que nous avons pu voir (sans vitre) à San Sepulcro.

Est-ce par peur de voir les œuvres ainsi  trahies que l’on interdit les photos dans certains musées, notamment en France ? … je ne crois pas : cf. ci-dessous… (écrivant un article sur l’exposition Cézanne au Musée du Luxembourg, j’ai voulu prendre avec mon portable une « photo d’ambiance » – sans flash – pour rendre compte en fait du piteux arrangement de l’exposition : un sbire m’est tombé dessus et m’a demandé d’effacer la photo !).

Le Monde du 10/3/2012 relate l’expérience récente menée par la Réunion des Musées Nationaux qui a consisté à prendre avec un luxe de précautions techniques (et un matériel photographique de pointe) une prise de vue la plus ressemblante possible de l’original de La Joconde. On peut la consulter ici. Mais il n’est pas très clair que l’on puisse inclure cette image dans une page Web même en citant la source.

C’est d’autant plus regrettable que la photographie restituée sur écran ou sur papier est souvent la seule façon de prendre connaissance des œuvres les plus connues, compte-tenu des conditions de visite (quelques secondes accordées, œuvres protégées par une vitre, mauvais éclairage, etc.). cf. à ce propos une introduction à Google Art Project.

A noter que « le plus beau tableau du monde », d’après Aldous Huxley, reprend un thème déjà souvent traité par les peintres auparavant, avec souvent 3 soldats assoupis au pied du tombeau. Mais nous avons vu à la Pinacothèque de Sienne un retable antérieur présentant une Résurrection avec exactement les mêmes soldats que ceux du tableau de della Francesca !  Bien sûr interdit là-bas de prendre des photos, ce qui fait que je n’ai pu retenir le nom de l’auteur ; mais même sans appareil, della Francesca avait bien copié, même si son art est sans commune mesure avec celui de son prédécesseur inconnu.

Le Quatuor Pražák – Pražák Quartet

 

 

 

 

 

 

 

 

Les « princes du quatuor à cordes » comme je serais tenté de les surnommer étaient donc à la cité de la musique le 21 janvier dernier. Je n’ai pu malheureusement y assister, mais c’était en live sur Medici.tv. Il y a quelques mois, le 1er violon, Vaclav Remes, a été frappé de dystonie, maladie nerveuse qui le vit dans l’impossibilité croissante de jouer du violon. On imagine son malheur et l’angoisse des 3 compères restants. Je ne sais la part prise par mon ami Pierre Barbier dans la décision, mais c’est Pavel Hula, premier violon du quatuor Kocian qui le remplaça, quatuor qui faisait partie de  ‘l’écurie Praga Digitals‘ (quatuors Pražák, les très prometteurs Zemlinky, Trio Guarnieri, etc.).
L’alchimie délicate du quatuor semble avoir été retrouvée avec le très sympathique Pavel. Les 2 quatuors de Rihm sont bien intéressants et les 2 Beethoven sont évidemment superbes. Certes le son du quatuor a changé, mais c’est toujours remarquable – quoiqu’en pensent certains pisse-froid sur le net – : la suite lyrique, donnée récemment aux Bouffes du Nord, malgré la présence saugrenue de la chanteuse dans le dernier mouvement (version originale oblige)  était tout simplement sidérante (je n’ai chez moi que la version du Kronos quartet : sans commentaire !). Bref précipitez-vous sur medici et profitez du presto du 13e de Beethoven en bis, bien dans la lignée du défunt quatuor Smetana.
The ‘princes of the string quartet’ gave recently a concert in Paris (01/21/12) with Rhim quartets 4 & 12 and Beethoven quintet op. 29 and quartet 7, with the presto of n°13 as a bonus. It’s been live on Medici.tv

Schoenberg par Rattle à Berlin

Schoenberg par Rattle à Berlin

 

Sir Simon Rattle revient à Schoenberg dans un programme pour grand orchestre et propose 3 facettes du compositeur : le transcripteur, dans la version orchestrale du quatuor n°1 pour piano de Brahms (1937), le compositeur à la fois atonal et sériel dans la musique  d’accompagnement pour un scène de film  (1929–1930) et enfin la version pour grand orchestre (1935) de la première symphonie de chambre (1906).

Si l’on peut regretter la pâte sonore de l’orchestre d’avant les ères Abbado & Rattle, on appréciera néanmoins cette lecture d’une transcription qui fait parfois penser à celles de Stokowsky ! La musique de film (« Danger imminent », « Peur panique », « Catastrophe »…) est très intéressante avec de belles (atonales donc…) atmosphères. La symphonie de chambre peut être nettement préférée dans sa version initiale (comme lors d’un concert il y a quelques mois par la talentueuse chef d’origine turque, Serâ Tokay).

Rappelons une version inégalée des Cinq pièces pour orchestre op. 16 par Kubelík.