Trahisons photographiques / Photographic betrayals

Quelques trahisons de la Résurrection de Pierro della Francesca
Quelques trahisons de la Résurrection de Pierro della Francesca

Copie d’écran d’une recherche dans Google images : aucune image ne rend compte exactement de l’original de la Résurrection de Piero della Francesca que nous avons pu voir (sans vitre) à San Sepulcro.

Est-ce par peur de voir les œuvres ainsi  trahies que l’on interdit les photos dans certains musées, notamment en France ? … je ne crois pas : cf. ci-dessous… (écrivant un article sur l’exposition Cézanne au Musée du Luxembourg, j’ai voulu prendre avec mon portable une « photo d’ambiance » – sans flash – pour rendre compte en fait du piteux arrangement de l’exposition : un sbire m’est tombé dessus et m’a demandé d’effacer la photo !).

Le Monde du 10/3/2012 relate l’expérience récente menée par la Réunion des Musées Nationaux qui a consisté à prendre avec un luxe de précautions techniques (et un matériel photographique de pointe) une prise de vue la plus ressemblante possible de l’original de La Joconde. On peut la consulter ici. Mais il n’est pas très clair que l’on puisse inclure cette image dans une page Web même en citant la source.

C’est d’autant plus regrettable que la photographie restituée sur écran ou sur papier est souvent la seule façon de prendre connaissance des œuvres les plus connues, compte-tenu des conditions de visite (quelques secondes accordées, œuvres protégées par une vitre, mauvais éclairage, etc.). cf. à ce propos une introduction à Google Art Project.

A noter que « le plus beau tableau du monde », d’après Aldous Huxley, reprend un thème déjà souvent traité par les peintres auparavant, avec souvent 3 soldats assoupis au pied du tombeau. Mais nous avons vu à la Pinacothèque de Sienne un retable antérieur présentant une Résurrection avec exactement les mêmes soldats que ceux du tableau de della Francesca !  Bien sûr interdit là-bas de prendre des photos, ce qui fait que je n’ai pu retenir le nom de l’auteur ; mais même sans appareil, della Francesca avait bien copié, même si son art est sans commune mesure avec celui de son prédécesseur inconnu.

Le Quatuor Pražák – Pražák Quartet

 

 

 

 

 

 

 

 

Les « princes du quatuor à cordes » comme je serais tenté de les surnommer étaient donc à la cité de la musique le 21 janvier dernier. Je n’ai pu malheureusement y assister, mais c’était en live sur Medici.tv. Il y a quelques mois, le 1er violon, Vaclav Remes, a été frappé de dystonie, maladie nerveuse qui le vit dans l’impossibilité croissante de jouer du violon. On imagine son malheur et l’angoisse des 3 compères restants. Je ne sais la part prise par mon ami Pierre Barbier dans la décision, mais c’est Pavel Hula, premier violon du quatuor Kocian qui le remplaça, quatuor qui faisait partie de  ‘l’écurie Praga Digitals‘ (quatuors Pražák, les très prometteurs Zemlinky, Trio Guarnieri, etc.).
L’alchimie délicate du quatuor semble avoir été retrouvée avec le très sympathique Pavel. Les 2 quatuors de Rihm sont bien intéressants et les 2 Beethoven sont évidemment superbes. Certes le son du quatuor a changé, mais c’est toujours remarquable – quoiqu’en pensent certains pisse-froid sur le net – : la suite lyrique, donnée récemment aux Bouffes du Nord, malgré la présence saugrenue de la chanteuse dans le dernier mouvement (version originale oblige)  était tout simplement sidérante (je n’ai chez moi que la version du Kronos quartet : sans commentaire !). Bref précipitez-vous sur medici et profitez du presto du 13e de Beethoven en bis, bien dans la lignée du défunt quatuor Smetana.
The ‘princes of the string quartet’ gave recently a concert in Paris (01/21/12) with Rhim quartets 4 & 12 and Beethoven quintet op. 29 and quartet 7, with the presto of n°13 as a bonus. It’s been live on Medici.tv

Schoenberg par Rattle à Berlin

Schoenberg par Rattle à Berlin

 

Sir Simon Rattle revient à Schoenberg dans un programme pour grand orchestre et propose 3 facettes du compositeur : le transcripteur, dans la version orchestrale du quatuor n°1 pour piano de Brahms (1937), le compositeur à la fois atonal et sériel dans la musique  d’accompagnement pour un scène de film  (1929–1930) et enfin la version pour grand orchestre (1935) de la première symphonie de chambre (1906).

Si l’on peut regretter la pâte sonore de l’orchestre d’avant les ères Abbado & Rattle, on appréciera néanmoins cette lecture d’une transcription qui fait parfois penser à celles de Stokowsky ! La musique de film (« Danger imminent », « Peur panique », « Catastrophe »…) est très intéressante avec de belles (atonales donc…) atmosphères. La symphonie de chambre peut être nettement préférée dans sa version initiale (comme lors d’un concert il y a quelques mois par la talentueuse chef d’origine turque, Serâ Tokay).

Rappelons une version inégalée des Cinq pièces pour orchestre op. 16 par Kubelík.