Je me rappelle mes camarades féminines de lycée genre : « la musique classique j’aime pas trop, mais le 2e de Rachma j’adore !!! ». Que de versions sans grand intérêt ont pu être publiées du 2e concerto (Wang / Abbado par exemple) et malgré d’excellentes versions type Horowitz ou Wild, je suis toujours resté accro à celle de Rachmaninov / Stokowski / Philadelphie (tien tiens) de 1929. Peu importent les images marketing du livret (plutôt mettre des images de Rachma à Filthydelphia comme disent les Américains ? – j’ai en mémoire les fameux nids de poule à ses abords il a presque 40 ans…), bref, on a affaire ici à une grande version, et je ne suis pourtant pas un inconditionnel du wonder boy canadien. Il faudrait passer plus de temps pour vanter tous les mérites de cette version qui présente également une superbe version du Concerto n°4 (live celle-ci) et l’arrangement de la 3e Partita de Bach, merveille de polyphonie. Je citerai juste les premiers accords que Daniil Trifonov fait sonner superbement – et l’enchaînement des basses de l’orchestre, magnifique, le cantabile du 2e mouvement : Tout est d’une tenue exemplaire (on n’y cherche pas à faire pleurer Margot). Mais en réécoutant ce disque, je me demande si le must n’est pas finalement cette Partita de Bach arrangée par Serguei…
Quand j’ai reçu ce disque, à première vue je me suis dit, tiens un nouveau disque d’un jeune pianiste russe et voilà que je découvre qu’il y a la 3e de Beethoven et les Variations Haydn de Brahms, qui plus est par le « Nizhny Novgorod soloists chamber orchestra » ! La pochette ne dit strictement rien sur le chef et sur l’orchestre (bravo !) : il faut chercher sur le net pour savoir que Nizhny Novgorod est une ville de plus d’un million d’habitants à 400 km à l’est de Moscou, que Maxim Emelyanychev est un musicien prodige de 30 ans qui a fait des études de piano, joué du clavecin et a commencé à diriger à l’âge de 12 ans ; quand à l’orchestre, c’est plus compliqué, mais il a l’air « historiquement concerné », ce qui me fait peur : je me rappelle étant jeune avoir acheté des CDs Beethoven par Gardiner ou Savall chaudement recommandés par Diaps : aussitôt écoutés, aussitôt revendus ! Bref, ayant reçu ce CD je me devais de l’écouter. Bon, la prise de son ou la salle est très réverbérée, c’est peu vibré aux cordes, mais ça a de l’allure ! Pas de pâmoisons, de soufflets, de sons avortés, juste une superbe animation dans le rendu de la partition. J’ai écouté deux fois ce CD, alors que tant de CD m’attendent devant moi pour être éventuellement chroniqués. Pour ceux qui veulent leur Beethoven – et Brahms, lecture très originale – dégraissé mais superbement vivant. (Violons heureusement divisés comme pour le CD à Philadelphie – tout est joué juste, sauf quelques accrocs des cuivres (« naturels » ?) dans Brahms). Paru chez Aparté, mais pas encore affiché sur leur site.