Mass upon John Dunstable’s square de Nicholas Ludford par La Quintina
Ce CD est paru fin 2023, mais je ne l’ai reçu que récemment. J’avais déjà signalé la grande qualité d’une première messe de Nicholas Ludford (ca. 1490-1557) donnée par le même ensemble en 2020.
L’ensemble La Quintina est composé d’Esther Labourdette (soprano), Sylvain Manet (contre-ténor), Christophe Deslignes (orgue portatif) et Jérémie Couleau (ténor et direction).
La notion de square m’ayant un peu échappé, j’ai demandé des précisions à Jérémie Couleau : « Un square est un substrat mélodique (un peu comme la célèbre chanson de l’homme armé tant employée comme cantus firmus dans les œuvres de la Renaissance) dont l’origine est souvent associée à des pièces écrites dans le style des polyphonies de tradition orale : faburden (faux-bourdon). Un usage typiquement anglais, réservé à des happy few. Ici le square qui sert de socle aux messes de Nicholas Ludford et de William Whitbroke a récemment été attribué à John Dunstable. Nous interprétons ici principalement la messe de Ludford, nommée dans les sources Missa Feria II, mais rebaptisée par nos soins : Mass upon John Dunstable’s square. »
Je ne m’étendrai pas sur les aspects techniques de cette reconstruction / interprétation : pour employer une métaphore bébête, je décris ici les nouvelles voitures, les sensations du passager, mais ne suis pas mécanicien. Et le voyage est formidable : l’homogénéité et la beauté vocale des trois chanteurs, l’évidence des lignes mélodiques, tant dans les pièces monodiques que contrapunctiques et enfin la clarté de l’acoustique de l’abbaye fortifiée de Loc-Dieu fort bien captée.
L’accompagnement de l’orgue portatif de Christophe Deslignes est d’un grande évidence. Deux plages solistes, captées de près, lui sont consacrées proposant une variété de sons et de jeux assez ensorcelante. Une ancienne vidéo présentant l’instrument ici.
Ensorcelant est bien le mot pour ce CD paru chez Paraty.
Marie Hubert, fille du Roy, par Karina Gauvin
Des musiques anciennes, traditionnelles et plus proches de nous. Karina Gauvin, soprano québécoise, a redécouvert, lors de l’épisode Covid, des harmonisations de vielles chansons tout en apprenant qu’elle était la lointaine descendante de Marie Hubert, qui faisait partie des « filles du roi » envoyées de France au Québec à des fins de peuplement.
Les chansons rassemblées ici retracent la vie de Marie Hubert en empruntant tant au folklore français que québécois.
Les arrangements sont moins « rugueux » que les Chants d’Auvergne de Canteloube (on rappelle la merveilleuse version de Netania Davrath) mais c’est souvent agréable et pimpant.
Karina Gauvin, malgré ses grands moyens de cantatrice, est superbe de naturel, dans une prononciation idoine du français.
Un beau disque ATMA Classique.
Les sonates et variations de Beethoven pour violoncelle et piano – Michel Strauss – Jean-Claude Vanden Eyden
Cette intégrale des 5 sonates est couplée avec trois séries de Variations, deux sur la Flûte et une sur Judas Maccabäus, d’où un coffret qui a nécessité 3 CDs.
L’album réunit deux vétérans : le violoncelliste Michel Strauss, fondateur du festival de musique de chambre de Giverny, enseigne notamment le violoncelle au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris depuis 1987. Jean-Claude Vanden Eyden est un pianiste belge, à la carrière bien remplie.
La finesse de la sonorité de Michel Strauss et la précision de Jean-Claude Vanden Eyden s’accordent parfaitement pour donner une intégrale empreinte de classicisme, équilibrée, pudique mais très prenante, avec des moments de pure poésie.
Les trois séries de variations de jeunesse, délicieuses, apportent un plus indéniable à cette intégrale.
Un album ET’CETERA.