Il a l’air vaguement goguenard sur cette photo qui le montre s’appuyant sur une clarinette basse comme le ferait un bourgeois sur sa canne. L' »impressionnisme » des Images, le symbolisme de Pelléas, où donc peut bien se nicher l’humour de Claude Debussy ? Eh bien, un peu partout… et Benjamin Lassauzet nous le prouve avec force détails.
L’ouvrage traite en premier lieu de l’humour de l’homme, principalement au travers de ses écrits (critiques notamment : « Mr. Croche »).
L’auteur propose cette définition de l’humour : « L’humour consiste en la présence d’une incongruité dont la résolution vers un nouveau plan de cohérence se fait de manière dévaluante ».
L’humour de l’homme est analysé à la lumière d’un arc-en-ciel (Dominique Noguez) : le rouge de la colère, le gentillet ‘rose bonbon’, le violet d’évêque, l’humour noir, le gris déprimé, le verts enfantin, le bleu surréaliste, le caméléon parodique ou le blanc du détournement orthographique.
Une deuxième parie est consacrée à l’humour du compositeur la propension de Debussy pour la Commedia del’ Arte, Golliwogg, Puck, Minstrels, la Boîte à joujoux… On notera par exemple le titre de son quatuor « Quatuor à cordes en sol mineur op. 10″, seule œuvre de tout le cataloue de Debussy à de voir attribuer une tonalité principale et un numéro d’opus, d’ailleurs fantaisiste.
La dernière partie traite de l’interprète (« Les pianistes sont de mauvais musiciens, pour la plupart, et découpent la musique en morceaux inégaux, – comme un poulet »), en analysant notamment les interprétations de Debussy lui-même sur rouleaux Welt-Mignon.
Un ouvrage très réussi.
L’humour de Claude Debussy – Editions Hermann – 2019 – 449 p. – 35 €