Grand succès lors de la création du nouvel opéra de Philippe Hersant, Les Éclairs.
Le livret de Jean Echenoz est une histoire romancée de la vie du scientifique serbe Nikola Tesla, renommé Gregor. Génie entre autres de l’électricité, on le voit réparer les dynamos du navire qui l’emmène vers New York, travailler pour Thomas Edison qui pourtant cherchera à briser sa carrière, employé par Parker, un riche businessman qui exploitera ses inventions avant de le congédier devant son idéalisme et les scandales qu’il provoque. Recueilli par le philanthrope Norman Axelrod, dont la femme tombera amoureuse de Gregor, il finit par se retirer du monde, ne s’intéressant plus qu’aux oiseaux e vivant dans ses rêves d’énergie gratuite pour tous et de communication avec les extra-terrestres.
Philippe Hersant a finalement qualifié cet ouvrage de « Drame joyeux », bien qu’il ne se termine pas en happy end. Et c’est bien ce caractère joyeux qui imprègne la musique de l’ouvrage. Écrite dans une sorte de tonalité élargie, celle-ci est regorge de couleurs et est d’une grande efficacité dans la caractérisation des personnages ; elle comporte de nombreuses références : Dvořák, le jazz, la comédie musicale américaine, des Christmas Carols, une danse des Balkans ; parfois avec humour, comme ce décalque du thème d’E.T. quand Gregor fait référence aux Martiens. L’écriture vocale apparaît limpide et toujours adaptée aux situations, sans ambitus exagéré.
Les quatre actes – que l’on ne perçoit pas vraiment comme tels – enchaînent de nombreuses scènes aussi vivantes que réussies, tantôt enlevées, dramatiques ou joyeuses, seule la fin connaissant un rythme plus apaisé.
Dans une mise en scène quasi cinématographique évolue une distribution impeccable (Jean-Christophe Lanièce, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, François Rougier, Elsa Benoit, André Heyboer, Jérôme Boutillier pour les rôles principaux), les musiciens de l’Orchestre philharmonique de Radio France et l’ensemble choral Aedes sont impeccables et quel plaisir d’entendre chanter un français bien timbré et intelligible. Direction très précise d’Ariane Matiakh.
Une soirée magnifique où l’on a tout au long un sentiment d’évidence dramatique et surtout musicale, tout en interrogeant sur notre société et ses rapports avec la science.
Il reste je crois quelques places pour les deux représentations des 6 & 8 novembre, sinon le spectacle sera diffusé sur France Musique le 1/12.
Crédit photo S. Brion