La morphing du manche de l’instrument en poing dressé est bien trouvé : Karl Amadeus Hartmann (1905-1963) fut un « réfugié de l’intérieur » : il resta en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, mais s’abstint de tout rôle public et resta en quelques sorte cloîtré dans son propre pays, pendant douze années… Après la guerre, il est nommé dramaturge musical au Bayerische Staatsoper,
crée en 1945 le cycle de concerts de musique contemporaine Musica Viva à Munich, dont il restera responsable jusqu’à sa mort et assume la présidence de la section allemande de la Société internationale de musique contemporaine (S.I.M.C.) en 1953. C’est à Munich qu’il se liera avec un des principaux défenseurs de sa musique symphonique, Rafael Kubelík.
L’Airis string quartet, quatuor polonais exclusivement féminin, défend ici brillamment ses deux quatuors à cordes, complétés par le Langsamer Satz, pièce de jeunesse d’Anton von Webern, qu’Hartmann eut comme professeur et qu’il vénérait.
D’un langage non sériel mais dans une sorte de tonalité élargie, ces deux quatuors (respectivement 1933 et 1945), s’ils ont moins de fulgurance que ceux de Bartók (dont on retrouve l’influence), s’ils sont moins complexes que ceux de Berg sont néanmoins deux chefs d’œuvre. C’est une musique parfois douloureuse, méditative, mais très bien construite, inventive et superbement écrite pour les cordes.
À connaître assurément.