J’avais été invité en juin dernier chez l’éditeur de disques Odradek à Pescara, à l’occasion de leur dixième anniversaire (cf. [en]).
Le clou de l’évènement avait été le récital du grand pianiste Artur Pizzaro ; la vidéo est parue récemment :
Cet artiste de premier rang est peu connu en France – comme nombre d’excellents pianistes étrangers qui n’ont que peu d’occasion de se produire dans notre pays.
Il me confiait qu’il était assez fier d’avoir pu monter ce projet d’intégrale des concertos de Beethoven pendant la pandémie COVID et me signalait qu’il s’agissait de la première intégrale réalisée entièrement sur un piano Bechstein.
Commençons par le négatif : l’Orchestre symphonique de Wuppertal est de bonne qualité, la cheffe Julia Jones assure une très bonne mise en place et un accompagnement sûr, mais la partie orchestrale manque un peu de relief et de chant (par exemple l’Andante con moto du 4e présente des cordes bien émaciées contredites par la poésie du pianiste qui propose un cantabile magnifique et habité).
Ce n’est que peu de chose par rapport à la prestation d’Artur Pizzaro. Dès qu’il entre en scène, la poésie lumineuse de son toucher vous prend ; ses phrasés semblent évidents, les deux mains se parlent comme rarement. C’est toujours vivant, parfois presque bonhomme ; une lecture apollinienne, bien loin d’un Wilhelm Backhaus. À chacun ses goûts – en tous cas, sa musicalité vous prend de bout en bout et fait de cette intégrale une grande réussite (il faut y associer le piano Bechstein d’une très belle sonorité).
L’intégrale des concertos est complétée par une transcription des deux Romances, les deux Rondos op.51 et l’Andante favori, pour lesquels on se trouve dans le superbe studio Odradek – superbe captation, connaissant donc l’endroit. On retrouve bien sûr les mêmes qualités de chant, de qualité de toucher et comme une sorte d’assurance tranquille.
Il reste à espérer qu’un producteur de spectacles aura la bonne idée de l’inviter en France (à Paris par exemple…).