Le jeune et excellent trompettiste allemand Simon Höfele (1994*) nous prévient dans le livret : « Lorsque vous aurez écouté cet enregistrement, vous vous sentirez un peu morose »…
Le titre Nobody knows provient de l’œuvre pour trompette et orchestre de 1955 Nobody knows the trouble I see de Bernd-Alois Zimmermann avec pour fil conducteur la souffrance des noirs en esclavage. Le programme comprend également Pietà (2004) du compositeur allemand Christian Jost, œuvre sous-titrée In Memoriam Chet Baker et enfin Im Nebel (2013) du compositeur japonais Toshio Hosokawa. Les trois œuvres, certainement redoutables pour l’instrumentiste, mettent en valeur la haute virtuosité de Simon Höfele.
Pietà de Christian Jost est en quatre mouvements et est basée sur My funny Valentine du trompettiste et chanteur Chet Baker et notamment sa vie mouvementée (il fera de la prison pour détention de stupéfiants ou sera tabassé par des dealers si bien qu’il devra apprendre à rejouer de la trompette en portant un dentier…). Une partition à la fois libre et poignante, notamment son quatrième mouvement qui évoque sa disparition.
Im Nebel d’Hosokawa d’après l’éditeur : »La trompette représente l’homme, et l’orchestre représente la nature et la brume qui l’entoure. Dans le vaste monde aveugle, le trompettiste marche seul ; chante alors au monde tout en gardant pour lui les souvenirs du passé glorieux et de l’intense tempête ». L’œuvre est comme toujours chez ce compositeur d’une orchestration très raffinée ; elle donne l’impression d’une longue promenade pleine d’incertitudes.
L’œuvre de Zimermann est basée sur le gospel Nobody knows the trouble I see. On en trouvera ici une description détaillée. C’est évidemment plus une pièce de musique contemporaine – dodéca – qu’une pièce jazzy. Elle fut créée par Adolph Scherbaum, « le Maurice André allemand ». Le dernier des trois mouvements est particulièrement prenant.
Un grand disque de trompette.
Un clip vidéo du trompettiste dans un répertoire plus léger :